DAF/CFO - ACHATSGRANDS TÉMOINS

La vision du marché par Jean-Marie Messier

Retour d’expérience de Jean-Marie MESSIER, Président fondateur de MESSIER & ASSOCIÉS – GROUPE MEDIOBANCA, qui nous livre ici sa vision globale du marché. D’abord sur le marché du numérique à travers l’oligopole des GAFAM et sur le succès des licornes françaises (et le cas de Jellysmack).

Je pense qu’il est trop tard pour rivaliser avec les GAFA, sur leur coeur de métier. L’initiative d’un Google européen, je n’y crois pas. Les GAFA représentent une position dominante « Winners take all », ce qui s’applique vraiment mais finalement, sur un marché qui est bien précis, un service limité qui est un marché du service de l’individu, de la connaissance, de l’utilisation de la monétisation de ses données personnelles, ce qui pose d’ailleurs un problème d’éthique.

Il y a de la place pour beaucoup de choses autour des GAFA. Il y a de la place pour la digitalisation de l’entreprise. Dassault Systèmes n’est pas un GAFA mais c’est une formidable réussite mondiale digitale… 

Je crois qu’en fait, autour de ce noyau des GAFA sur lequel tout le monde se concentre, il y a aujourd’hui énormément de domaines de services digitaux dans lesquels on peut générer de vraies réussites mondiales à partir de la France… 

J2M » porte ensuite un regard circonspect sur l’industrie française, sur une réindustrialisation difficile, des délocalisations persistantes ou la faiblesse des ETI. Il insiste notamment sur les nécessaires consolidations d’entreprises européennes à travers l’exemple du marché de l’eau ou celui des télécoms.

Je ne crois pas que l’on va passer en dix ans, d’une économie mondialisée à une économie purement nationale et étroitement nationale. Je n’y crois pas. Qu’il y ait un certain nombre de produits d’importances fondamentales sur lesquels on ne peut pas être dépendant totalement, d’un fournisseur unique, loin de chez nous, est parfaitement légitime. On l’a vu en matière pharmaceutique par exemple et je pense que, ponctuellement, il y aura cette volonté d’assurer l’indépendance nationale sur un certain nombre de productions sensibles.

La deuxième chose, c’est que je pense que l’on ne peut pas raisonner sur des territoires trop petits c’est-à-dire que la délocalisation, c’est aussi bien entre la France et la Tchéquie ou le Portugal qu’entre la Chine et les Philippines ou l’Indonésie. Donc en réalité, il y a des formes de délocalisation qui vont demeurer à l’intérieur de chaque maxi région, entre différents pays, en fonction d’un certain nombre de coûts et en fonction aussi d’un certain nombre de compétences...

Enfin, il nous détaille les fondamentaux de la fonction du DAF, le monsieur non de l’entreprise ;))

Le DAF, c’est quelqu’un dont le rôle aujourd’hui dépasse très largement la stricte logique financière et empiète sur les dimensions stratégiques. Le DAF doit être créatif. Aujourd’hui on a une variété de moyens et d’outils à disposition et je dirais que chaque daf a la possibilité de faire sa propre cuisine d’inventer ses propres réactions. Et puis un dernier aspect qui est beaucoup plus difficile, c’est la relation au marché à la fois en termes de communications financières et puis d’anticipation de l’évolution des marchés… 

Fils d’un expert-comptable grenoblois, petit-fils d’un chauffeur de préfecture, l’ancien patron de  Vivendi Universal, qui a cédé le contrôle de « sa » banque éponyme à l’italien Mediobanca en 2018 est toujours aux affaires avec sa casquette de banquier d’affaires. Il conseille notamment le PDG de Veolia, Antoine Frérot, avec qui il a mené l’OPA contre Suez au coeur de l’été dernier.

Aujourd’hui, il est aussi business angel avec OneRagtime, une plateforme qui permet aux investisseurs de « faire leur course » en quelques clics et choisir un « portfolio » de startup.

Fondé par Stéphanie Hospital et Jean-Marie Messier, OneRagtime se positionne comme la prochaine génération de financement en capital-risque et fonctionne comme un fonds en tant que plateforme. Spécialisée dans le sourcing, le financement et le scaling de startups françaises et paneuropéennes en early stage (pré-seed à Series A), OneRagtime compte déjà plus de 30 entreprises dans son portefeuille et investit des tickets de 500k à 5m€.

OneRagtime a été créé avec un état d’esprit fin-tech, né du constat que les modèles traditionnels de capital-risque ne s’appliquent pas les mêmes attentes d’évolutivité à eux-mêmes qu’à leurs investissements.

Interview réalisée par Xavier Leclerc de Hauteclocque, President at Innovative Beauty Group (IBG by Albea), Michel Etling Responsable Financier à Engie et Coprésident de l’Agora des Directeurs Financiers et Sébastien Guénard, Coprésident et cofondateur d’Agora Managers Groupe

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L'Agora des Directeurs Financiers est l'une des 17 communautés d'Agora Managers Clubs, le premier réseau français permettant aux décideurs exerçant la même fonction au sein d'une entreprise de plus de 500 salariés, de créer un lieu permanent d'échanges et de partages d'expériences pour mutualiser leurs compétences et trouver ensemble, les meilleures solutions.
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