Décarbonation de l’économie : quel rôle de la fonction Achats ?
Retex de Natacha TREHAN, Maître de Conférences en Management Stratégique des Achats à l’université Grenoble Alpes sur comment les achats contribuent-ils à réduire l’empreinte carbone des organisations ?
L’Union européenne doit parvenir à une diminution de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (c’était avant la guerre en Ukraine), avec l’ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, soit réduire le plus possible les émissions, et de compenser ce qui est résiduel, ce qu’on ne peut vraiment pas empêcher.
Pour contribuer à cet objectif mondial, les entreprises doivent s’impliquer dans la logique « réduire, remplacer, compenser ». Et cette décarbonation repose en grande partie entre les mains des directions achats.
En effet, le poids des achats représente en moyenne 50 % du chiffre d’affaires d’une entreprise indique l’ADEME. La mise en œuvre des achats responsables est donc un levier efficace pour décliner le développement durable, une politique de responsabilité sociétale (RSE) au sein de son organisation.
Natacha TREHAN, également chercheuse et Membre élu du Conseil d’Administration du CNA, nous invite à explorer la décarbonation de l’économie à travers la fonction Achats, analyse les enjeux de la neutralité carbone et nous offre des solutions inspirantes d’entreprises, d’ONG ou start-up qui ont innové en la matière.
Extraits :
Qu’est-ce que la décarbonation de l’économie et quels en sont les enjeux ?
La décarbonation de l’économie, c’est tout simplement limiter l’élévation des températures à 1,5 degrés par rapport à l’ère préindustrielle. Ça, c’est l’Accord de Paris. L’Europe a une approche très volontariste puisqu’elle ambitionne avec Le pacte vert pour l’Europe, le Green deal, de devenir le premier continent neutre d’un point de vue climatique à horizon 2050.
Et pour cela, elle se fixe un objectif intermédiaire à l’horizon 2030, de diminuer nos émissions de co2 d’au moins 55%. Donc c’est le premier point.
Le second point par rapport aux enjeux économiques, c’est que les objectifs du Green deal européen vont devenir les grandes lignes directrices des entreprises européennes : que ce soit en termes de stratégie de production, stratégie commerciale, stratégie financière et bien évidemment de stratégie achats.
Beaucoup disent que c’est une contrainte. Non, c’est une opportunité ! Pour vous donner un exemple dans le Green deal, il y a un projet d’obligation de rénovation des bâtiments publics. Pour le domaine du BTP, c’est énormément de croissance à venir. Je voudrais citer le patron de Saint-Gobain qui dit que c’est trente années de croissance pour son entreprise.
Alors c’est vécu comme une contrainte par un certain nombre d’entreprises lorsqu’en fait, la réglementation précède la technologie. Pour que ce soit plus clair, je vous donne un exemple : en France, en 2025, on sera à 100 % de plastique recyclé. Oui mais, dans le domaine de l’agroalimentaire aujourd’hui, le plastique recyclé de qualité alimentaire ce qu’on appelle food contact, c’est une technologie qui est embryonnaire, qui n’est pas encore industrialisée à grande échelle. Cela n’existe pratiquement pas.
Comprenez bien que pour que toutes les grandes entreprises de l’agroalimentaire puissent avoir un approvisionnement suffisant, c’est un vrai challenge. Mais on verra le rôle des achats pour garantir à un moment donné, l’approvisionnement sur ce type de matériau.
Et puis, bien évidemment, d’un point de vue économique, la décarbonation a un coût. Mais à nouveau, toutes les études prouvent que le coût de l’inaction est beaucoup plus important au coût de l’action. La dernière étude de l’assureur Swiss Re Institut nous dit que le PIB mondial risque de plonger de 18% d’ici 30 ans si aucune mesure n’est mise en place pour lutter contre le réchauffement climatique. Alors que si on agit, c’est entre 2,5 jusqu’à 4 fois moins cher.
Comment mesure-t-on les émissions de co2 ?
On ne peut manager et donc optimiser que ce que l’on mesure. Il y a une grande référence, le ghg protocol (Greenhouse Gas Protocol – Protocole sur les Gaz à Effet de Serre), qui nous dit qu’il y a trois grands types d’émissions que l’on va mesurer.
Donc, vous avez le scope 1 (ci-dessus) qui correspond aux émissions directes de l’entreprise. Le scope 2 qui correspond aux émissions indirectes mais qui sont liées à ces consommations énergétiques. Et puis le scope 3 où l’on distingue amont et aval : l’amont, ce sont nous, les achats, tout ce qui concerne la supply chain et l’aval c’est la supply chain aval vers les clients.
Ce qui est assez intéressant, c’est de voir qu’aujourd’hui, il y a un certain nombre d’entreprises qui veulent aussi mesurer un scope 4. C’est le fait de prendre en compte les évitements d’émissions. Cela veut dire une réduction d’émissions qui est lié à l’utilisation d’un produit.
Pour être plus compréhensible, prenons l’exemple de Schneider qui vend des produits, des services ou des solutions pour aider leurs clients à réduire les consommations énergétiques de leurs bâtiments ou de leurs usines. On voit bien que leurs produits diminuent les émissions de co2 chez leurs clients. On est typiquement sur du scope 4.
Alors par rapport à votre question, la vraie problématique, c’est le scope 3, parce que l’on peut considérer que sur le scope 1 et sur le scope 2, la mesure est globale mais on s’en sort.
En revanche, sur le scope 3, on a une vraie difficulté pour mesurer. Or le problème, c’est que lorsque l’on regarde uniquement le scope 3, la supply chain amont, c’est 11,4 fois les émissions directes de l’entreprise. C’est énorme. Et dans beaucoup d’entreprises, le scope 3 amont, c’est plus de 70 % des émissions totales.
Si on prend simplement les mille premiers fournisseurs de Schneider, c’est 70 % des émissions totales de l’entreprise.
Si on prend Eiffage, le scope 3 amont, c’est 85 % des émissions totales de l’entreprise. Vous comprenez bien que les enjeux sont énormes et là, le rôle de la fonction Achats est déterminant.
Pourquoi ? Parce que ce n’est pas le tout d’avoir une estimation globale du scope 3 qui en plus, est très rarement fiable. Si on veut optimiser, il faut que l’on soit capable de savoir quelles sont les catégories d’achats qui sont les plus émettrices. Et il faut que l’on ait une mesure la plus fiable possible pour pouvoir le manager. Donc il y a vraiment un rôle très fort des achats, de trouver les bons prestataires et les bons fournisseurs qui vont être capables de les aider à identifier le niveau des émissions de co2 par catégories d’achats. Et c’est un vrai challenge !
Je voudrais juste vous citer deux exemples :
sur les achats de transport de marchandises, vous avez aujourd’hui un prestataire qui s’appelle EcoTransIT World qui est très intéressant et qui est largement utilisé.
Sur les achats de systèmes d’information, vous avez une start-up française qui est Digital4Better : ils ont créé une solution qui s’appelle Fruggr (logiciel deeptech : 120 indicateurs répartis sur 4 axes) et qui est très intéressante à la fois pour mesurer les émissions de co2 du système d’information et pour être capable de l’optimiser.
Je vous donne cet exemple là parce qu’il ne faut pas croire que les émissions de co2 et les problématiques d’optimisation ne concernent que l’industrie ou le BTP !
Une entreprise comme AXA par exemple cherche à optimiser et à réduire ses émissions sur ses émissions du digital.
Le scope 3 est le plus important mais est-ce que toutes les entreprises le déclarent ?
Alors c’est une bonne question. Effectivement, la grosse problématique, c’est qu’il n’y a pas d’homogénéité au niveau mondial. Alors pour vous citer au moins trois grands référentiels ;
le premier, c’est l’Ademe qui nous dit que toutes les entreprises françaises de plus de 500 personnes doivent faire un bilan carbone. Très bien ! Sauf que le scope 3 n’est pas obligatoire. Donc ça, c’est la première problématique.
Ensuite, je voudrais signaler qu’à mon sens, la véritable avancée est en 2017 en France, avec l’obligation de déclarations de la performance extra-financière de la part des entreprises. Pourquoi ? Parce cela concerne les entreprises de plus de 500 personnes, cotées ou non, et que cela incite à aller vers une harmonisation de l’ensemble des approches en termes de transparence des entreprises vis-à-vis de leur impact climatique et vis-à-vis de leurs risques climatiques. Donc je trouve que c’est une avancée.
Et pour information, la prochaine directive européenne, qui va certainement sortir 2023 ou en 2024, va abaisser ce seuil à 250 personnes. C’est-à-dire que demain, ce seront toutes les entreprises de 250 personnes qui devront déclarer cette obligation de performance extra-financière.
Si on prend les entreprises du CAC 40, elles ont une référence aujourd’hui qui est le TCFD (Task Force on Climate Related Financial Disclosures). Ce qui est bien. C’est une référence homogène pour toutes les entreprises du CAC 40. Seul petit problème, c’est que l’on vous dit que si le scope 3 est pertinent, déclarez-le.
Donc à mon sens, le dernier référentiel qui est vraiment très intéressant, c’est le Science Based Targets initiative (SBTi). Pourquoi ? Parce que, si vous êtes une entreprise dans le domaine du gaz ou des énergies fossiles, vous avez une obligation de déclarer votre scope 3. Et pour toutes les autres entreprises, dès lors que votre scope 3 représente plus de 40% de vos émissions totales, vous avez non seulement une obligation de le préciser mais surtout de fixer un objectif pour vous engager à le réduire.
C’est vraiment intéressant car le SBTi est reconnu comme étant une référence et il a un fort impact sur la valorisation des entreprises.
Quel peut être le rôle de la fonction achats pour réduire ses émissions de co2 tout au long de la supply chain amont ?
On a un rôle essentiel parce les émissions de co2 sont déterminantes. A mon sens, à deux niveaux : premièrement au niveau des fournisseurs. Deuxièmement au niveau des produits.
En ce qui concerne les fournisseurs, vous avez bien vu que dans la logique du SBTi, il y a un objectif de réduire le scope 3 amont. Si la fonction achats va voir ses fournisseurs et que, de façon unilatérale, elle leur impose à un moment donné une réduction des émissions de co2, on va devenir des répulsifs. Cela va être catastrophique ! Donc à mon sens, demander à ses fournisseurs de réduire leurs émissions de co2 chez eux, ce sera le scope 1 et le scope 2 a minima.
Cela se fait dans une logique d’accompagnement et dans une logique pédagogique. Parce que le but du jeu, c’est véritablement de réfléchir ensemble à trouver des solutions ensemble.
3 exemples super intéressants.
Le premier, Schneider : ils ont pris leurs 1 000 principaux fournisseurs et ils ont été très pédagogues. Ils ont créé à la fois des formations pour leur expliquer comment mesurer le scope 3, comment Schneider peut aussi les inspirer, mais également des rencontres entre eux pour qu’ils puissent échanger sur leurs bonnes pratiques et benchmarker.
Deuxième exemple, c’est Ikea qui publie un guide à destination des fournisseurs avec des éléments très concrets. Par exemple, comment pouvez-vous faire pour l’extraction des poussières dans les usines. Donc c’est très très concret.
Mais à mon sens, c’est le troisième exemple que je trouve le plus intéressant.
L’avenir, c’est véritablement d’aller vers des groupements de donneurs d’ordres qui vont manager ensemble des fournisseurs communs. Parce que les enjeux sont tels que l’on a plutôt intérêt à agir ensemble quand on a les mêmes supply chain, que l’on partage les mêmes fournisseurs, les mêmes problématiques.
Et là, je voudrais citer l’initiative 1.5°C Supply Chain Leaders où plusieurs donneurs d’ordres se sont regroupés ensemble. Vous avez Ikea, British Telecom, Unilever, Ericsson, etc. Ils travaillent ensemble sur la décarbonation de leur situation.
Cela, c’est au niveau des fournisseurs.
Et au niveau des produits, on a un rôle très fort !
Pour moi, le nerf de la guerre, c’est d’avoir des simulateurs carbone et que la fonction achats soit véritablement à l’origine de ces simulateurs carbone sur les produits ou les services qu’elle achète.
Un simulateur carbone, c’est lorsque vous achetez un produit, que vous soyez capable de déterminer en fonction de sa matière, en fonction de sa provenance, en fonction de son mode de transport, en fonction de la localisation du fournisseur, quel est l’impact co2.
Et qu’ensuite, vous soyez capables de le valoriser financièrement par rapport au prix du carbone qui est retenu par votre entreprise. Ce sont des outils très intéressants à deux titres : premièrement, c’est un outil pour aider à la prise de décisions. Pour l’acheteur, cela permet de mieux choisir : soit de changer certains matériaux, soit de changer la localisation d’un fournisseur. C’est un outil de prise de décision.
Mais ce sont aussi des superbes outils d’aide à la négociation en interne, parce qu’en interne, il faut aussi aller convaincre la R&D, le marketing, qu’il faut peut-être changer telle matière première, tel packaging, etc. Donc ce sont des choses que je trouve très intéressantes
Les fournisseurs ne pourraient-ils pas aussi nous aider à nous décarboner ?
Effectivement, c’est un point clé. Alors, avant de répondre, je voudrais juste mentionner une étude de l’Agence internationale de l’énergie qui estime que, pour devenir neutre à horizon 2050, il y a 46% des technologies qui ne sont pas encore développées ou qui sont en cours de développement. On a donc une grosse problématique de maîtrise des technologies.
Donc la fonction achats va avoir un rôle clé, à la fois pour le sourcing et l’identification des technologies et des fournisseurs et deuxièmement, pour tout ce qui est le codéveloppement et le management de la technologie et des fournisseurs.
Premièrement, sur tout ce qui est sourcing et identification des fournisseurs. Ce que j’observe au sein des grandes entreprises, c’est qu’elles vont créer des départements innovation au sein des directions achats pour être capable de faire du scouting de technologie, pour faire de l’open innovation, pour sourcer tous ces fournisseurs ou ces technologies qui vont servir à décarboner.
Je voudrais donner l’exemple de Volvo trucks qui a créé un département qui s’appelle emerging technologies dans lequel ils cherchent toutes les nouvelles technologies et les nouveaux fournisseurs qui vont les aider dans les technologies décarbonées, l’électrification des véhicules, etc.
Le deuxième point est le codéveloppement avec les fournisseurs. Vinci, par exemple travaille avec Ecocem, un fournisseur-partenaire pour faire du béton bas carbone. On est bien sur une logique de travail en collaboration avec des fournisseurs pour développer des matériaux bas carbone ou des technologies bas carbone. Cela se fait dans beaucoup d’entreprises.
Je pense que, compte tenu de la complexité des enjeux et des sommes d’argent sur la table pour créer des filières décarbonées, plusieurs entreprises clientes vont créer des consortiums pour créer des filières technologiques dédiées à la décarbonation et donc soutenir des fournisseurs.
Comme par l’exemple, le consortium PS25 qui regroupe énormément de donneurs d’ordre dans l’agroalimentaire, Andros, Lactalis, Yoplait, etc. L’objectif est de créer une filière de fournisseurs capables de proposer du polystyrène recyclé mais de qualité alimentaire. Ce qui n’existe que très peu aujourd’hui. Toute la problématique est donc le développement de la filière, l’industrialisation de la filière et ce, à un coût satisfaisant, d’où l’importance de travailler sur des consortiums.
Et là, la fonction Achats a rôle très important parce qu’elle va devoir à la fois orchestrer ces filières et en plus, avec des concurrents à l’achat.
Et le point ultime, ce n’est pas simplement un consortium, c’est d’aller vers des Joint–Ventures avec des liens capitalistiques. Par exemple, Stellantis et Mercedes–Benz qui ont des liens capitalistiques dans la Joint–Venture ACC qu’ils ont créé avec leur fournisseurs Saft, filiale de TotalEnergies pour développer les batteries.
Donc on voit le rôle de la fonction achat qui est déterminant aussi pour orchestrer tous ces nouveaux écosystèmes.
Est-ce que l’on va assister à une transformation de la relation client-fournisseur ?
Tout à fait. Tout le monde va vouloir, à un moment donné, les mêmes fournisseurs qui maîtriseront les produits et technologies de décarbonation. Donc il va y avoir une réelle problématique pour la fonction achats, celle de garantir un approvisionnement pour son entreprise et de garantir son avantage concurrentiel à l’avenir.
L’enjeu clé va être la motivation fournisseur et je l’écrivais déjà en 2011… De plus en plus d’entreprises acheteuses sont dans des situations où elles ne choisissent plus les fournisseurs, elles se font choisir.
Enfin, dernier point, c’est qu’il va falloir que la fonction achats change son horizon temporel avec ses fournisseurs. J’ai échangé par exemple avec le directeur achats packaging worldwide de Nestlé qui me disait que dorénavant, pour se garantir un approvisionnement – ici en plastique recyclé de qualité alimentaire – il fallait être dorénavant sur des engagements à très très long termes avec les fournisseurs. On est véritablement en train de changer fondamentalement les approches temporelles avec les fournisseurs …
Quelles sont les conditions sine qua non pour que les entreprises atteignent leurs objectifs, et que la fonction achats puisse véritablement y contribuer ?
Je les verrai à trois niveaux : un premier niveau, au niveau des états, un deuxième niveau, au niveau des entreprises et un troisième niveau, au niveau des achats.
Au niveau des états, je pense qu’il est essentiel que l’on puisse avoir une taxe carbone. La dernière étude du World Economic Forumnous dit que si on a une taxe carbone mondiale, il y aura une réduction de 12 % des émissions de gaz à effet de serre. C’est énorme ! Alors attention, si on met une taxe carbone, il est impératif en contrepartie que tout ou partie des recettes de la taxe carbone puissent être reversées aux ménages les plus modestes pour éviter que la décarbonation ne se fasse par rapport à des problématiques sociales. Et regardons à nouveau le green deal européen ; il est prévu un fonds climat social dans le cadre de la mise en place d’un marché du carbone sur les bâtiments et sur le transport routier.
Au niveau des entreprises, il est essentiel qu’elles aient un prix interne du carbone. Aujourd’hui, au niveau mondial, vous avez à peu près 2000 entreprises qui ont un prix interne du carbone. C’est essentiel parce que c’est ce qui va guider les investissements, ce qui va orienter les choix d’investissements et nous aussi, en tant qu’acheteur, c’est ce qui va nous orienter dans nos prises de décisions. Et par rapport à cela, il y en a certains qui disent – « oui mais c’est compliqué » – « on ne sait pas quel prix considérer ? etc.
Faisons comme Saint-Gobain : ils disent « nous, on a deux niveaux de prix internes : 75 euros pour les projets d’investissements industriels, 150 euros pour tous les projets de R&D ». Et cela, je trouve que c’est une approche intéressante.
Et pour les achats, si on veut vraiment faire changer les choses, il faut changer les indicateurs de performance achat. C’est une question de priorisation. Il faut prioriser un indicateur qui sera un indicateur de réduction des émissions de co2 pour que, en cas d’arbitrage, on puisse dire « non » à un moment donné. Ce sont les émissions de co2 qui vont devenir véritablement prioritaires.
Et deuxième élément, c’est qu’idéalement, on puisse aussi conditionner la part variable des acheteurs par rapport à des indicateurs liés à la décarbonation de l’économie. Juste un exemple : l’entreprise belge Spadel – les eaux SPA, Wattwiller – a mis en place ce système de part variable des acheteurs par rapport aux niveaux de décarbonation. Mais en plus, lorsqu’un acheteur a un produit qui ne permet pas à l’entreprise de respecter sa trajectoire carbone, eh bien, il est obligé de venir devant le Comex, de présenter les choses et le comex va en général plutôt l’inciter à aller vers des produits de substitution. Ce sont des choses que je trouve assez inspirantes.
A suivre en vidéo :
L’économie de la fonctionnalité base de la décarbonation ?
La relocalisation dans la stratégie bas carbone.
Interview réalisée par Julie GUÉNARD, General Manager de l’Agora des directeurs financiers et des directeurs achats et François LEPAUVRE, Directeurs des Achats de VINCI et membre du Comité de pilotage de l’Agora des Directeurs Achats