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Quelles perspectives économiques en 2024 ?

Perspectives économiques 2023-2024 et analyse de l’économie française par Céline Antonin, économiste senior à l’OFCE, enseignante à Sciences Po Paris, Docteur en sciences économiques.

Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), sans surprise, l’économie mondiale est aux prises avec l’inflation avec un ralentissement de la croissance et la montée des tensions budgétaires.

Après l’ampleur des chocs subis en 2022 (énergie, incertitudes et tensions géopolitiques, difficultés d’approvisionnement), après 2023, avec une inflation encore élevée (+5,2 %) et un contexte marqué par la forte remontée des taux d’intérêt directeurs de la BCE, l’année 2024 pour la France serait l’année de la baisse de l’inflation avec une croissance qui resterait modeste (+0,8 %).

Pour les Finances publiques, c’est l’heure des comptes. Les mesures pour faire face au choc énergie et à l’inflation ont connu une forte montée en charge en 2022 et 2023 mais se réduiraient fortement en 2024 avec la suppression du bouclier tarifaire pour le gaz et la hausse de prix du tarif réglementé (TRV) de l’électricité.

Mais la dette publique et privée a davantage progressé en France qu’ailleurs en Europe.

Ce qu’il faut regarder, explique Céline Antonin, c’est ce qu’on appelle la soutenabilité de la dette, c’est-à-dire notre capacité à honorer nos engagements sur la dette. Or, jusqu’à présent, on a eu aucun problème pour honorer nos engagements.

Le seul problème, c’est qu’aujourd’hui, on a un peu un souci avec les taux d’intérêt qui augmentent. Donc ça renchérit le coût de la dette qu’on paye. C’est un gros budget. C’est le budget quasiment de l’Éducation nationale. Et par ailleurs, la croissance ralentit en France…

Le déficit public resterait donc à 4,8 % du PIB en 2023 et 2024 en raison principalement d’une croissance atone qui pèserait sur les rentrées fiscales.

En 2024, la France verrait également un retournement de la courbe du chômage : Le taux de chômage atteindrait 7,4 % fin 2023 et 7,9 % à la fin de l’année 2024.

On prévoit une hausse du chômage parce qu’en fait, on a eu une vraie surprise avec la productivité du travail qui a largement baissé et qui s’explique par le fait qu’on a beaucoup enrichi la croissance en emplois. Alors pour plein de facteurs, on a favorisé l’apprentissage, on a baissé le coût du travail. On a une durée du travail aussi qui n’est pas revenue à son niveau pré-crise. Donc il y a plein de facteurs qui expliquent ça…

Malgré tout, l’OFCE attend un léger rebond de la consommation des ménages : Pas de baisse de l’inflation annuelle avant 2024, mais un pouvoir d’achat qui résiste … et un taux d’épargne qui resterait encore élevé. L’inflation va tout de même manger une partie du patrimoine et une partie de l’épargne des Français. Par exemple, poursuit Céline Antonin, en 2022, on estime que c’est 100 milliards de dépôts et numéraires qui ont été grignotés par l’inflation…

En 2023 et 2024, il va y avoir un gain de pouvoir d’achat parce que les négociations salariales vont faire que les salaires vont continuer à progresser. Ce qui va se passer, c’est que les entreprises qui ont fait des marges vont en fait ne pas trop augmenter leurs marges. Enfin, en tout cas, c’est ce que l’on prévoit et qu’elles vont distribuer davantage de salaires. Et comme l’inflation va quand même refluer

Quant aux entreprises, elles lèvent le pied sur l’investissement et subissent la remontée des taux d’intérêt qui atteignent des niveaux sans précédent depuis 2008.

Le taux d’intérêt en hausse va contribuer à mettre un coup de froid sur l’économie. Pour les entreprises, la situation risque d’être effectivement plus compliquée.

Une croissance prise en étau en 2023 et 2024.

En 2024, avec un effet négatif de 0,9 point de PIB, la croissance serait principalement freinée par les effets de la hausse des taux.

Le commerce extérieur poursuivrait son redressement, avec une légère amélioration des parts de marché à l’horizon de la prévision. Après une nette amélioration en 2023 (+0,6 point de PIB), la contribution du commerce extérieur à la croissance continuerait d’être positive en 2024 (+0,2 point de PIB), poussée par une hausse du tourisme international pendant l’été 2024 avec les Jeux Olympiques. La demande intérieure, hors stocks, resterait atone en 2024 comme en 2023 (+0,5 % après +0,4 % en 2023).

Extraits :

Alexandre Carré : Céline, une prise de pouls de nos entreprises, comment se portent-elles globalement ?

Céline Antonin : Alors nos entreprises se portent finalement pas trop mal. Disons, vu la situation qu’elles ont traversé, c’est-à-dire deux crises successives et même trois crises puisque en fait, on a eu d’abord la Covid qui a fragilisé leur situation financière. Alors il faut quand même rappeler que l’état est quand même assez massivement intervenu. Donc ça c’est un point qu’il faut souligner.

La contrepartie, c’est nos finances publiques. Mais en tout cas, ça a quand même permis d’aider beaucoup d’entreprises. Mais ça n’a pas permis de différencier entre les bonnes entreprises, entre guillemets et les mauvaises entreprises, c’est-à-dire celles qu’on appelle les entreprises zombies qui, dans des conditions économiques normales, n’auraient pas survécu.

Là, l’État a aidé un peu tout le monde sans vraiment distinguer. Et du coup, on a eu une baisse assez massive des faillites. Paradoxalement, on a un niveau de faillites qui n’est pas encore revenu au niveau pré-crise, même aujourd’hui.

Donc ça c’est la première chose. On a eu ensuite la crise liée à la guerre en Ukraine, à l’inflation et à la reprise aussi, puisque c’est aussi la reprise qui explique la hausse des prix. Face à cette inflation, la politique monétaire est devenue restrictive avec une hausse assez massive des taux d’intérêt.

Et donc les entreprises subissent aujourd’hui ce phénomène de hausse des taux et donc, des perspectives un peu compliquées d’investissement pour elles puisque, quand les taux augmentent, ça rend plus difficile le fait d’investir ensuite sur les entreprises…

Le bilan est quand même un peu contrasté selon les secteurs. On a des secteurs qui se portent très bien dans les technologies de l’information et de la communication par exemple, et d’autres dans lesquels c’est plus complexe comme la construction où l’on s’attend à des destructions d’emplois.

Julien Merali : Et si on regarde ce qui se passe chez nos voisins européens. Quelle est la situation aujourd’hui ?

Céline Antonin : On a de grandes similitudes entre les pays, par exemple sur l’aspect inflationniste de reprise de l’inflation. Ça, on l’a eu dans tous les grands pays industriels, aux États-Unis, en zone euro, donc chez nos voisins, Allemagne, Espagne, Italie. Et sur la politique monétaire, on voit bien que c’est une politique de la Banque centrale européenne. Donc tous les pays de la zone euro subissent cette même politique.

C’est la même chose aux États-Unis pour la Réserve fédérale. Donc à ce niveau là, les pays sont comparables. Mais je voulais vous montrer un petit graphique. Si on veut comparer les situations, ce qu’on voit sur cette diapositive, c’est la situation de la France qui est dans le carré rouge et la situation des États-Unis qui est dans le carré bleu…

A suivre dans la vidéo, Céline Antonin qui synthétise, à l’aide de graphiques, l’analyse de la conjoncture pour l’économie française menée par le Département analyse et prévision de OFCE à l’automne 2023… (Productivité – Inflation – Transition écologique – Pouvoir d’achat – Dette publique – Politique monétaire – – Taux d’intérêt – Crise géopolitique).

Propos recueillis par Julien Merali, Agora Managers Groupe et Alexandre Carré, Agora Médias.

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