Tendances et perspectives de la mobilité d’aujourd’hui et de demain
RETEX de Christophe GAY, Codirecteur et fondateur de FORUM VIES MOBILES.
Le Forum Vies Mobiles est le think tank de la mobilité, soutenu par SNCF, et créé par son ancien Responsable des stratégies internes et externes, qui fut également Responsable de la communication des grands projets et du plan de communication et Directeur de la communication TER de l’entreprise de transport.
Christophe GAY est également coauteur de « Pour en finir avec la vitesse » (Ed L’Aube), livre dans lequel il propose de réorganiser le territoire pour permettre de vivre en plus grande proximité et répondre aux enjeux climatiques.
Le Forum Vies Mobiles cherche donc à préparer la transition mobilitaire et défend la position selon laquelle la mobilité rapide et carbonée ne peut plus être une simple variable d’ajustement des autres politiques (logement, travail, industrie,…).
La mobilité des personnes en France et mode de vie
- La voiture : 70% des déplacements domicile-travail
- 40% des temps et des distances de déplacement sont liés au travail. (FVM – Février 2020).
- 38% des Français déclarent avoir pris conscience que leurs déplacements pourraient être faits davantage en proximité, à pied ou à vélo.
- 76 % des automobilistes aimeraient pouvoir se passer de leur voiture pour des raisons écologiques, de budget ou de temps perdu (Enquête Fabrique de la Cité/Ifop, janvier 2022.)
Christophe GAY présente ici son analyse du système de mobilité actuel et son programme pour une décarbonation efficace des transports en France autour de trois axes : intégrer la mobilité dans un système global, développer une intermodalité efficace et rester au plus près des territoires.
Réduire les déplacements carbonés est un facteur de cohésion sociale et une nécessité écologique. Les voitures personnelles restent l’un des principaux pollueurs puisqu’elles représentent 60,7 % des émissions totales de CO2 dues au transport routier en Europe.
Le télétravail, solution de décarbonation.
Oui, en partie, mais avec des effets rebonds. Des études soulignent que les télétravailleurs ont tendance à habiter plus loin de leur travail que les autres salariés. Ils ont même parfois accès à un tiers lieu disposant ainsi de 3 lieux de travail, éclairés, chauffés, équipés, au lieu d’un. Et les jours où le télétravailleur reste chez lui, il est plus enclin à prendre son véhicule pour voir des amis, ou pratiquer un loisir. Le télétravail peut ainsi entraîner des augmentations imprévisibles des déplacements non professionnels et de la consommation d’énergie domestique qui peuvent l’emporter sur les gains résultant de la réduction des déplacements professionnels.
Le télétravail est un facteur d’émancipation, mais il n’est pas la panacée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Sauf s’il est pensé en un nouvel aménagement du territoire (services- transports)... Mais ni le Medef, ni les pouvoirs publics ne se saisissent de cette question...
Bullshit mobilité.
« La mobilité présentée comme une nécessité incontournable au nom de l’emploi et du productivisme, affichée même comme une garantie de liberté d’entreprendre et de progrès, n’est ni indispensable, ni socialement acceptable, ni écologiquement soutenable. Elle est même insupportable pour beaucoup« , indique le sociologue Bruno Marzloff dans FVM.
Démobilité ou fabriquer d’autres mobilités
Si la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) de l’Etat et les innovations de l’industrie automobile française participent à réduire l’empreinte carbone (motorisations améliorées ou électriques, carburants alternatifs), il faut continuer à soutenir les modes actifs (vélo) et alternatifs (marche).
Mais cela ne suffira pas. Le premier levier pour une transition bas carbone est l’évitement des déplacements et cela renvoie à une nouvelle organisation du territoire…
Bonne nouvelle, le discours est entendu.
55% des franciliens souhaitent travailler à moins de 15 minutes de chez eux, 71%, de réduire leur temps de transport et 74%, surtout de ralentir leur rythme de vie quotidien (FVM Mai 2021).
Et un Francilien sur trois aimerait quitter l’Ile-de-France.
Interview réalisée par Alexandre Carré – Agora Médias