Passeport numérique des produits (DPP)
Lors des Rendez-vous de l’Agora Supply Chain Management, GS1, représenté par Diana De Bernardy, Sector Manager Sustainability and Circularity, et Cédric Lecolley, Directeur Commercial et Filières France, a mis en avant un enjeu clé : la mise en place du Passeport Numérique des Produits dans un cadre réglementaire encore en construction.
Adoptée mais encore imprécise dans ses modalités d’application, cette nouvelle réglementation européenne vise à renforcer la traçabilité des produits et à objectiver leur impact environnemental. Toutefois, les actes délégués, qui préciseront les critères, la nomenclature et le support du passeport, ne sont pas encore définis. Les entreprises doivent donc anticiper et se mobiliser pour influencer ces décisions, notamment via les travaux de normalisation menés par l’Afnor et au niveau européen.
Au-delà de la conformité, cette transformation impose une nouvelle approche de la supply chain : l’échange de données entre les filières, la transparence avec les fournisseurs et la capacité à gérer les ressources dans un monde où la rareté remplace l’abondance. Plus qu’une obligation, le Passeport Numérique des Produits représente une opportunité stratégique pour repenser la collaboration et la performance durable des entreprises.
Le Passeport Numérique des Produits (DPP) est une réglementation européenne clé pour accélérer la transition vers une économie circulaire. Il vise à rendre les produits plus durables, circulaires et éco-conçus en rendant disponibles des informations détaillées sur leur cycle de vie.
🔹 Objectif : Contribuer à la neutralité climatique de l’UE d’ici 2050.
🔹 Mise en application : Progressivement à partir de 2027.
🔹 Enjeux : Un impact majeur sur les entreprises et toutes les filières.
GS1, acteur mondial des standards de traçabilité (codes-barres, QR codes, RFID), accompagne cette transformation en structurant un langage universel pour l’échange de données.
Points clés du règlement :
✔️ Intégration du DPP dans la supply chain.
✔️ Obligation de reporting et de transparence (CSRD, vigilance anti-greenwashing, prévention de la destruction des invendus).
✔️ Réflexion sur la réparabilité et l’écoconception des produits.
✔️ Une mise en œuvre encore en évolution, mais incontournable pour les entreprises.
Le Passeport Numérique des Produits (DPP) repose sur un support de données (QR code, RFID, NFC) qui reste à définir. Son objectif principal est de permettre aux consommateurs de faire des choix plus durables, de faciliter la réparation et le recyclage, et d’assurer un contrôle aux frontières pour garantir la conformité des produits importés.
📌 Points clés :
🔹 Obligation pour tous les produits vendus en Europe (y compris les importations).
🔹 Mise en œuvre progressive jusqu’en 2028-2029 (avec des exigences spécifiques par secteur).
🔹 Actes délégués en discussion pour préciser les obligations sectorielles.
🔹 Harmonisation mondiale en cours (ONU, Chine, Australie, Canada travaillent sur des systèmes similaires).
🔹 Double dimension du DPP :
- Données : Empreinte environnementale, réparabilité, durée de vie, composants recyclés.
- Système : Infrastructure technologique pour échanger et interopérer ces données.
Le DPP repose sur un système standardisé et interopérable piloté par GS1 et d’autres acteurs de normalisation (CEN, CENELEC). Il s’imposera comme un outil clé pour la transition vers l’économie circulaire, avec une obligation stricte : pas de DPP, pas de vente en Europe.
La responsabilité du respect des normes est partagée entre différents acteurs économiques : producteurs, importateurs et distributeurs. Chaque opérateur économique est responsable du passeport numérique des produits qu’il met sur le marché. Un distributeur, par exemple, doit s’assurer que les fabricants ou importateurs respectent cette obligation.
Le passeport numérique (DPP) doit être facilement accessible, interopérable et pérenne, même si l’entreprise cesse son activité. Il est stocké de manière décentralisée sous la responsabilité des opérateurs économiques, tout en étant référencé dans un registre central pour le contrôle.
Le DPP comprend des données statiques (description du produit) et dynamiques (évolution au fil du cycle de vie), avec un accès limité aux acteurs autorisés. Il s’applique à divers produits (textile, acier, construction, batteries) avec des priorités en fonction de leur empreinte environnementale.
Enfin, cette réglementation vise à améliorer la traçabilité et la gestion des ressources en Europe, dans un contexte de transition écologique et de souveraineté économique.
La transition d’un modèle vertical à un modèle horizontal nécessite un partage accru des données entre différents secteurs pour assurer la traçabilité et la visibilité des produits. Actuellement, les industries fonctionnent en silo et n’ont pas appris à échanger des informations en dehors de leur secteur. Il devient donc crucial de créer des standards permettant une communication fluide entre les filières.
Le défi principal est colossal en matière de données. L’accès aux informations des fournisseurs (jusqu’au rang 3 et au-delà) reste partiel, mais la réglementation impose une transparence accrue, notamment à travers le passeport produit. Ce dernier vise à objectiver l’impact environnemental des produits et à éclairer les choix des consommateurs.
Par ailleurs, le passage d’une économie d’abondance à une économie de pénurie oblige les entreprises à repenser leurs chaînes d’approvisionnement de manière circulaire et à utiliser des modèles prédictifs pour mieux gérer les ressources. La relation avec les fournisseurs devient stratégique, car les matières premières pourraient manquer. Il est donc essentiel d’être un « client préféré » pour sécuriser ses approvisionnements.
Enfin, bien que le cadre réglementaire soit en cours de mise en place, de nombreuses incertitudes subsistent. Les normes, critères et nomenclatures ne sont pas encore définis. La réglementation est votée, mais les actes délégués ne sont pas encore établis. Les entreprises sont donc encouragées à participer aux travaux de normalisation (via l’Afnor en France et à l’échelle européenne) pour influencer les décisions qui façonneront leur avenir.
Interview réalisée par Jean-Phillipe Guillaume, directeur de la rédaction de Supply Chain Village





