SUPPLY CHAIN MANAGEMENT

RSE dans la Supply Chain : quelle stratégie mettre en oeuvre ?

FM Logistic

Retex de FM LOGISTIC avec Jean-Christophe MACHET, CEO et Charlotte MIGNE, son Directeur Développement durable sur le changement d’échelle de l’entreprise dans la prise en compte des critères RSE.

Le comité interministériel de la logistique (CILOG) vise à promouvoir la logistique au plus haut niveau et définit 8 objectifs dont 4 concernent directement la RSE, la responsabilité sociale et environnementale.

Comment FM LOGISTIC se positionne par rapport à ces objectifs ?

Jean-Christophe Machet : Effectivement, en tant qu’acteur de la Supply Chain, on a un rôle essentiel à concevoir et imaginer la Supply Chain de demain, pour qu’elle soit durable, pour une consommation plus responsable à travers une politique de développement durable qui s’appuie sur une responsabilité sociale, sur la nécessité de développer, de mettre en place et d’investir autour d’outils qui permettent une consommation frugale d’énergie et de consommation de CO2.

On travaille donc sur la conception d’une supply chain optimum, mutualisée, pour avoir un impact environnemental le plus faible possible. 

Notre premier thème est la mutualisation qui permet, du bout en bout de la supply chain, de mettre en commun des flux et de les consolider. Donc, on met en place la mutualisation de nos entrepôts XXL jusqu’aux consommateurs dans les villes.

Le deuxième thème, c’est effectivement la décarbonation.

On a plus de 800 000 m² d’entrepôts qui consomment 20 à 50% d’énergie de moins qu’un entrepôt classique par exemple.

Et on travaille sur l’efficacité énergétique puisque l’évolution des coûts d’énergie au niveau du groupe entre 2022 et 2023 va correspondre à une hausse de 14 millions d’euros sur nos coûts.

La première des économies va être dans l’évitement, dans l’optimisation, dans le bon geste, dans la frugalité en termes d’émission de CO2 et de consommation d’énergie.

En tant que partenaire logistique, on se doit d’amener comme valeur ajoutée, la mutualisation, le remplissage pour que, des usines jusqu’aux consommateurs, on soit dans l’évitement du gaspillage.

Nous avons toujours 13% de véhicules qui roulent à vide et les véhicules qui sont remplis, le sont à moins de 70%. Je ne vous parle pas des vans ou des petits camions qui rentrent dans nos villes qui ont des taux de remplissage extrêmement faibles.

C’est donc de notre responsabilité de proposer des schémas alternatifs. Il nous semble qu’avoir 7, 8, 15 acteurs qui se regroupent dans un même entrepôt, qui livrent en même temps à un même endroit, doit générer de l’efficacité énergétique et économique.

On pense que si on met des hubs urbains autour de nos grandes villes, on doit réussir, là encore, à avoir des approches massifiées.

Et on pense qu’il faut multiplier les points de collectes mutualisés en ville ou en zone de ruralité pour éviter tous ces derniers mètres. Nous devrions maintenir la livraison à domicile pour 20% des commandes, celles où il y a un sujet de non mobilité du consommateur ou une question de santé. Pour le reste, il faut qu’ensemble, on arrive à trouver un modèle commercial qui favorise l’intérêt à la fois écologique et économique. Donc, on pousse à travers les City corners à faire ce genre d’initiative.

Et que disent vos clients ?

Jean-Christophe Machet : Tous nos clients y sont sensibles et ont pris des engagements RSE. On travaille avec eux sur des développements de solutions éco-responsables.

Je dois dire que je suis assez fier de l’outil et du dashboard de développement durable que l’on a développé. Pour être très concret, on organise des réunions avec nos clients pour partager avec eux leur empreinte carbone, sur l’activité que l’on traite avec eux, comparée à la verticale dont ils font partie et on benchmark, en toute confidentialité bien évidemment, quelle est leur performance de ce point de vue-là.

Cela permet de rebondir sur des actions d’amélioration en identifiant où il y a les plus grandes déperditions, pour voir comment on peut mettre en place des solutions de substitution.

Alors une chose est d’avoir des objectifs, une autre de les tenir.  Qu’avez-vous déjà fait dans ce domaine et comment concrètement vous comptez atteindre vos objectifs ?

Charlotte Migne : On a des KPI’s qui organisent notre ambition. Le premier sujet est autour de nos collaborateurs.

On souhaite que plus de 80% de nos collaborateurs considèrent qu’FM Logistic est une entreprise où il fait bon travailler. Donc derrière ça, il y a toute une politique de santé, sécurité, d’attention au travail, de diversité, d’inclusion. On est sur un certain nombre de sujets un peu clés sur les enjeux de politique RH.

Aujourd’hui, on a une dernière enquête qui montre un chiffre de 74%, donc on n’est pas au 80 %. Donc, il nous reste quelques mois pour atteindre nos 80%.

Sur le sujet environnemental, on a annoncé la neutralité carbone de nos bâtiments d’ici 2030. Le premier sujet, c’est l’éco-conception de nos bâtiments avec plus de 800 000 m² éco-conçus. 

Le deuxième sujet, c’est l’achat de la production d’énergie verte. On achète déjà plus de 40% de notre énergie verte d’origine garantie. Mais on va aller plus loin sur la production non seulement pour décarboner nos bâtiments mais aussi pour décarboner le transport. On le fait déjà en Espagne : produire de l’hydrogène vert par exemple à partir de panneaux solaires pour alimenter nos chariots et nos vans.

 C’est aujourd’hui ce qui se fait en écosystème fermé mais l’idée est évidemment d’aller plus loin et de produire plus d’énergie qu’on en consomme pour pouvoir être une forme de solution pour la décarbonation de la supply chain.

Et le dernier sujet, c’est l’efficacité énergétique, où l’on a un plan assez ambitieux depuis longtemps. Donc cet été, on a listé 75 actions autour de thèmes assez variables, de nos équipements de chauffage à l’IT. On a “screené” l’ensemble des pays de nos 180 sites pour voir quelles étaient les actions qui étaient potentiellement appliquées, applicables et à partir de quand. Mais aussi l’estimation de gains potentiels énergétiques.

Et on a créé une communauté d’ambassadeurs en interne, nos “spécialistes coachs énergie”, pour une professionnalisation de nos équipes autour de l’efficacité énergétique. Ce sujet du leadership et de l’implication de nos équipes est vraiment un sujet important qui permet de faire des gains significatifs. 

On fait aussi, comme des audits “ronde qualité”, des “tours de site énergie” pour vérifier que tel équipement est bien éteint, réglé ou maintenu.

Et l’on fait depuis longtemps la norme ISO 50001, donc on mesure très finement les consommations et on sait où il faut appuyer pour aller les baisser.

Et que faîtes-vous sur la décarbonation du secteur routier ?

Charlotte Migne : Le premier levier est la mutualisation et le remplissage. Concernant les énergies alternatives, aujourd’hui, dans notre flotte en propre et notamment en France, on est passé à l’Oleo100 (composée à 100% de colza).

On estime être sur une énergie de transition. Ce n’est pas une énergie verte même si c’est moins 60% d’émissions de CO2. Donc, c’est déjà pas mal en transition.

L’idée est d’attendre de savoir si on va être plutôt sur de l’électrique ou sur de l’hydrogène pour pouvoir à terme faire les bons choix, avec un bon time to market.

Le sujet pour les logisticiens aujourd’hui, c’est de faire les bons choix au bon moment et de ne pas se précipiter sur des solutions qui ne sont pas matures et qui, du coup, vont nous faire racheter des camions. Sur l’urbain, on est plutôt sur de l’électrique avec notre offre City log in.

Et on travaille aussi sur le développement des infrastructures et énergies alternatives et pouvoir être station de rechargement électrique, station de rechargement hydrogène, station de biogaz dans un avenir moyen terme, y compris sur l’intra logistique…

Interview réalisée par Jean-Philippe Guillaume, Directeur de la rédaction de Supply Chain Village, Agora Médias.

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