DRH - DÉVELOPPEMENT RH

Et si vous supprimiez la période d’essai ?

Retex de Xavier Savigny, Directeur des Ressources Humaines, de la Transformation et de l’Organisation de SAUR, Prix de l’Innovation RH de l’année 2021* pour la suppression de la période d’essai dans son entreprise, “pure player international du secteur de l’eau“.

Depuis le 1er mars 2021, la Direction des Ressources Humaines de Saur a fait évoluer son processus de recrutement et supprimer la période d’essai propre à toute nouvelle embauche.

Cette idée nous est venue en 2020, rappelle Xavier Savigny, notamment en réponse aux impacts conjoncturels de la crise du Covid. Les jeunes ont particulièrement souffert de cette crise et nous souhaitions les aider, notamment en renforçant le programme d’apprentissage dans l’entreprise. 

Et nous nous sommes aperçus, parce que nous sommes sur tout le territoire français, sur plus de 12 000 communes que nos jeunes avaient des difficultés à se loger. Et l’une des raisons, c’est que lorsque vous prenez une location, la première question que l’on vous pose est si vous êtes en CDI, en période d’essai. Et on s’est dit : “tiens, c’est dommage et si on pouvait supprimer la période d’essai ?” Au départ, c’était un peu une boutade parce que l’on croyait que ce n’était pas possible. Et nos juristes ont confirmé que ce n’était pas une obligation.

On a fait un pilote sur une période de 6 mois, sans faire trop de publicité sur le sujet, même en interne.

La première étape a été de convaincre nos dirigeants et on a une réception très positive. La seconde étape a été de convaincre le manager qui avait des inquiétudes. De se dire finalement, si on a fait le mauvais choix, qu’est-ce qui va se passer ? Alors la mise en place de cette suppression a été l’aboutissement d’une refonte assez importante de notre processus de recrutement et dorénavant, cela améliore la relation entre le manager et le recruteur afin qu’ils fassent le bon choix. Le manager doit donner le maximum d’informations au recruteur pour qu’il trouve la bonne personne, le bon profil technique mais aussi la personne avec les bons soft skills afin qu’il s’intègre bien à l’équipe.  

L’expression du besoin de recrutement a été de s’assurer qu’il y ait un dialogue puis de la confiance et finalement de la complicité entre le manager et le recruteur pour bien définir le besoin. Et on a accordé beaucoup plus de temps pour formaliser ce besoin. La période d’essai est ainsi remplacée par une plus grande qualité du recrutement en amont.

Et puis, au niveau des candidats qui sont recrutés, c’est le témoignage de confiance de l’entreprise. On attend la même chose de leur part. C’est un engagement mutuel. Nous sommes dans une entreprise où l’on s’inscrit dans la durée. 14 ans est à peu près l’ancienneté moyenne. Donc, quand on recrute quelqu’un, normalement c’est pour lui offrir un parcours, un développement dans l’entreprise sur la durée. 

Ce contrat de confiance a été extrêmement bien perçu par les nouveaux salariés et on a eu des personnes très émues par la suppression de cette période d’essai, des premiers emplois comme des seniors.

Sur 700 recrutements, seulement deux cas me sont remontés. C’est quand même assez peu. Et si on a relativement peu de personnes qui nous quittent, ce chiffre a été divisé par 3.

Enfin l’an passé, on a réalisé 1 700 recrutements, soit 40 % de plus que ce qui était prévu. Dans le contexte 2021, avec la pénurie des talents, je pense que ce contrat y a un peu contribué.  

Supprimer la période d’essai pour tous les contrats permet de répondre à plusieurs enjeux :

  • Enjeu sociétal : être en période d’essai limite l’accès aux prêts bancaires, à la signature d’un bail…
  • Enjeu RH : elle améliore l’expérience des candidats, oblige à mieux recruter dès le début du process et enlève un frein à l’entrée
  • Enjeu d’équité : elle permet d’aligner une pratique qui n’est parfois réalisée dans certaines entreprises que sur des postes de cadres ou cadres confirmés seulement  

*Le Prix de l’IRH de l’année est co-organisé par Morgan Philips, Fyte, Cadremploi, le Figaro Emploi et Sciences Po Executive Education.

Groupe Saur

Avec ses trois divisions – Water Services, Water Engineering et Industrial Water Solutions – le Groupe Saur offre un éventail de solutions de pointe qui couvre l’intégralité du spectre des métiers de l’eau. Présent dans 140 pays, Saur compte un chiffre d’affaires annuel de 1,7 milliard d’euros (2021) et 60 brevets actifs. Le groupe emploie 12 000 personnes, travaille avec 9 500 clients municipaux et industriels, exploite 4 100 stations et usines, gére 250 000 kilomètres de canalisations, et dessert 20 millions de résidents avec 700 milliards de litres d’eau potable par an.

Interview réalisée par Julien Merali, General Manager du Pôle IT d’Agora Managers Groupe.

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