Travailler en équipe pour performer individuellement
🌊 Bretonne, 🤺 Equipe de France d’escrime, 🥇 championne du monde 🎙 Journaliste @franceinfo, 🗣Conférencière, Cécilia Berder est l’invitée d’honneur de notre Diner Vip organisé avec Infor.
Performance, agilité, préparation et innovation : Cécilia Berder, vice-championne olympique d’escrime et championne du monde par équipe, partage son expérience de la quête d’excellence avec Alain Raflé, directeur commercial d’Infor, une société leader mondial des logiciels cloud d’entreprise, reconnue dans le Magic Quadrant™ 2023 de Gartner® pour ses solutions ERP.
Ensemble, ils explorent les passerelles entre les défis du sport et ceux de l’innovation technologique où tout repose sur l’intelligence collective, la capacité à s’adapter, à innover et à anticiper les défis de demain.
Interview
Jérôme Papin : Infor est leader mondial du marché des logiciels cloud. Alain, dites-nous en plus ?
Alain Raflé : On délivre des solutions logicielles dans le cloud avec un focus sur nos six industries clés que sont l’automobile, la distribution, l’agroalimentaire, la mode, le luxe et les entreprises de fabrication. On sert nos clients internationaux dans le monde entier, et nous avons quelques gros clients français comme Safran, Rexel dans la distribution, Andros dans l’agroalimentaire ou encore dans le luxe avec Clarens et Audemars Piguet.
Donc un certain nombre de clients internationaux dans diverses industries.
Notre thématique centrale est : « travailler en équipe pour performer individuellement. » Cécilia, cela doit vous parler ?
Cécilia Berder : Complètement. Je fais de l’escrime, donc ça reste un sport individuel où l’on met d’abord en avant les médailles individuelles. Et pourtant, j’ai éperdument besoin de mon groupe parce que plus je m’entraînais avec un groupe fort, plus j’avais la chance de progresser. Donc c’est ce côté un peu schizophrène que l’on retrouve en compétition puisque le samedi, vous êtes en individuelle et le dimanche, en équipe.
Et c’est vraiment ce switch-là que j’adore. Le moment où l’on va se dire : Allez, on y va les filles. Maintenant, on est ensemble !
Chacune a fait sa compétition en individuelle, certaines ont réussi, d’autres ont raté, mais maintenant, on regarde au même endroit et c’est ce changement de mentalité que je préfère. Et les plus grands souvenirs de ma carrière, ce sont clairement des moments par équipe.
Comment êtes-vous accompagnée, entourée ?
Cécilia Berder : On a la chance d’avoir un entraîneur, des préparateurs mentaux et physiques. Et s’entourer des meilleurs fait que l’on peut être fort et adaptable. Nous sommes dans cette quête permanente de progrès, de recherche, de curiosité et de créativité pour grandir et faire encore mieux.
Et cette quête est éperdument passionnante. Parce que, tous les jours, vous cherchez à vous réinventer. C’est vrai dans le sport, c’est vrai dans l’entreprise, parce que ça va vite. C’est vraiment la quête d’une vie et c’est passionnant.
Par exemple, lors du titre de championne du monde en équipe, j’ai eu la chance de mettre la dernière touche pour être championne du monde. Mais c’était avant tout un travail d’équipe. Chaque pierre qui s’additionne fait une belle maison et les planètes s’alignent. C’est un travail sur le long terme et j’aime cette notion d’efficacité. J’aime aussi la notion de sur-mesure, de penser qu’il y a des gens qui sont là pour que tout se passe bien, qui s’adaptent à toi.
Juste avant la finale, par exemple, je suis un peu apeurée, je sens que je ne suis pas lucide. Je vais voir mon entraîneur et dans son regard, j’ai vu beaucoup de détermination, beaucoup de confiance et il me dit : tu vas voir, ça va bien se passer. Et le fait de ressentir de l’amour à ce moment-là, une confiance presque aveugle et une écoute, eh bien, on se dit que l’on va pouvoir vraiment soulever des montagnes ensemble. Et quelques heures après, nous sommes championnes du monde.
L’agilité, l’adaptabilité, le collectif sont des valeurs que l’on retrouve chez Infor.
Alain Raflé : L’aspect projet, c’est également ça. Une plateforme logicielle, cela se met en œuvre et c’est un partenariat. Ça ne se fait pas tout seul. Il y a l’éditeur et l’intégrateur. Et c’est un travail d’équipe avec le client qui nécessite des efforts, de la créativité et du travail.
On a des délais, on a des budgets, il faut tenir tout cela afin que l’entreprise puisse mettre en œuvre tous les bénéfices qu’elle attend de notre nouvelle plateforme logicielle.
Nous venons de réaliser une étude où nous avons challengé les entreprises les plus performantes. L’objectif était de comprendre quels seront les principaux vecteurs de valeur dans les années à venir. Les résultats montrent que le premier levier, sans surprise, est l’optimisation des processus et des systèmes. Cela passe par la révision des processus, le déploiement de méthodologies comme le lean, etc.
Cependant, une fois cette étape franchie, il faut aller plus loin. Le deuxième levier identifié est l’agilité et la capacité à anticiper le futur. La question clé est : sommes-nous prêts pour l’avenir ? Avec l’émergence de nouvelles technologies – celles déjà présentes et celles encore à venir – la réussite dépendra de la capacité des entreprises à s’adapter rapidement. Cela implique de disposer d’une plateforme agile, mais aussi de la volonté d’adopter ces innovations et de les intégrer efficacement.
Le troisième levier est la data. Aujourd’hui, les entreprises disposent de volumes croissants de données. L’enjeu est de les analyser et de les exploiter grâce aux nouvelles technologies comme le cloud et l’intelligence artificielle, notamment générative. Ces outils permettent de manipuler et d’optimiser ces données pour générer des recommandations pertinentes, adaptées à chaque secteur. Par exemple, dans l’agroalimentaire, certaines données spécifiques peuvent être particulièrement utiles, et nous avons les moyens de les analyser et de les valoriser.
Enfin, le quatrième levier est le focus sur le client. Il ne s’agit pas seulement de mettre en place des plateformes technologiques, mais d’aller plus loin en utilisant les données et les technologies pour améliorer l’expérience client. Cela permet aux entreprises de se différencier sur leur marché en associant leur expertise métier et les outils technologiques pour créer une véritable valeur ajoutée.
Comment cette agilité se traduit-elle concrètement dans vos domaines respectifs ?
Cécilia Berder : Vous vous retrouvez sur une piste de quatorze mètres, en face de vous, à quatre mètres, il y a un adversaire. Et puis il y a un arbitre qui va aussi donner son avis, avec qui il va falloir parler le même langage, savoir s’adapter. Et cela va être aussi de répondre à mon adversaire. Comment est-ce que je vais être capable de le piéger ? Est-ce que je vais décider de partir à l’attaque ? Plutôt la contre-attaque ? La parade-riposte ? Et j’ai deux ou trois secondes pour trouver une idée meilleure que mon adversaire.
Et c’est vrai que ça demande de l’agilité parce que ça va vite. Un match d’escrime, de sabre notamment, c’est entre huit et dix minutes, donc ça va quand même assez vite. Et une touche, ça dure 1 à 2 secondes.
Alain Raflé : Alors nous, nous serions plutôt du côté du coach. On va aider l’entreprise, on va lui mettre à disposition la plateforme logicielle qui va lui permettre d’être innovante, disruptive et agile grâce à une solution dans le cloud qui lui permet d’utiliser les toutes dernières innovations. On lui donne les outils pour sa stratégie, on l’accompagne et il aura la capacité d’être agile parce qu’il aura une plateforme qui l’autorisera.
Mais pour être agile, il faut que vous soyez dans la capacité d’être adaptable par rapport aux besoins, par rapport au marché qui évolue.
Alain Raflé : Notre différentiation, c’est le cloud. C’est la plateforme technologique qui, aujourd’hui, autorise les entreprises qui ont fait ce choix de passage sur le cloud, d’utiliser toutes ces innovations autour de la mise à jour des data, l’analyse des data, l’intelligence artificielle, etc. Tout cela est possible grâce à une plateforme cloud qui est mise à jour en permanence. C’est le gros intérêt du cloud.
Nous avons choisi de sélectionner six industries sur lesquelles on travaille avec le client pour savoir quelles sont leurs best practices, les éléments qui vont les faire progresser, pour qu’ils puissent se différencier dans le futur et amener de l’innovation. C’est de la technologie adaptée à l’industrie, adaptée aux métiers que l’on travaille avec nos clients.
Aujourd’hui, nous travaillons essentiellement sur des projets d’entreprise, de refonte d’entreprise, de réorganisation afin de voir ensemble quels sont les services et outils que l’on peut apporter afin qu’elles soient meilleures et qu’elles optimisent leur business.
Quels sont les facteurs clés pour réussir la mise en place d’une nouvelle plateforme ou d’un nouveau projet dans une entreprise ?
Alain Raflé : Le défi reste toujours le même : c’est un véritable changement pour l’entreprise. Souvent, on perçoit cela comme une montagne insurmontable, une tâche impossible. Pourtant, il arrive un moment où il faut avancer. Notre rôle est justement d’accompagner les équipes dans cette transition. Nous disposons de méthodologies éprouvées pour cela. Cependant, la clé du succès réside dans le soutien apporté au projet. Lorsqu’il bénéficie d’une vision claire et d’un appui solide de la direction, cela fédère les équipes. Et c’est en avançant ensemble, dans une dynamique collective, que les projets aboutissent.
Ensuite, on peut commencer à tirer des bénéfices de ce qu’on a mis en place tous ensemble.
On a l’avantage d’avoir des milliers d’industries clientes. Donc en fonction de l’industrie, il y a une solution. On arrive déjà avec des best practices que l’on connaît, que l’on recommande, avec des consultants formés. On ne va pas demander à nos clients de tout réinventer, de refaire l’ensemble des process, mais de se concentrer sur ce qu’ils ont d’unique et de différenciant sur le marché.
Cécilia, les datas sont-elles déjà arrivées dans votre sport ?
Cécilia Berder : De plus en plus. Rien qu’à l’entraînement, par exemple, on a un écran géant qui est capable de retransmettre les touches avec dix secondes de décalage, de savoir quelle partie du corps on a touché, à quel endroit de la piste. On a aussi les zones préférentielles de notre adversaire. Où est-ce qu’elle préfère aller ? A quel moment de la piste ? Donc il y a de plus en plus de datas, et c’est aussi un enjeu sur tout ce qui est individualisation ou personnalisation.
Par exemple, ma préparatrice physique a su pourquoi j’avais mal à l’épaule et ce qu’il me manquait. Et là, tu découvres un monde. Cela fait quinze ans que je fais de l’escrime et jamais on ne m’avait parlé de ce type de musculation.
On peut aussi rencontrer une psychologue sur la qualité du sommeil, la méditation, la préparation mentale. Et boum, c’est encore un nouveau livre qui s’ouvre.
Et je trouve que cette richesse, ces échanges-là et la data font clairement progresser. Comme pour l’alimentation : Qu’est-ce qui est bon pour toi ? Qu’est-ce que t’as besoin de manger ? À quel moment de la journée ? On a aussi des chercheurs qui viennent à l’entraînement et qui nous mettent des lunettes pour étudier notre vision périphérique et savoir où tu regardes.
Cela fait 20 ans maintenant que je suis en équipe de France, et c’est vrai que l’on voit de plus en plus de gens pointus dans ces domaines d’expertise.
Alain, parlez-nous de la dernière campagne d’Infor, How Possible Happens ?
Alain Raflé : L’idée d’How Possible Happens est de montrer que nous pouvons rendre possible la réalisation de vos objectifs. À travers cette initiative, nous mettons en avant les clés pour accompagner nos clients dans des projets rapides et efficaces, en s’appuyant sur nos solutions industrielles et les nouvelles technologies. Notre objectif est de les guider vers des plateformes cloud performantes, pour qu’ils puissent innover, gagner en agilité et maximiser leur potentiel.
La réussite de nos clients constitue toujours le cœur notre activité. Nous visons un véritable partenariat à long terme, avec des engagements durables, notamment via des modèles basés sur l’abonnement. Ce partenariat commence dès l’implémentation des projets et se poursuit grâce à un accompagnement constant, en intégrant les innovations nécessaires pour garantir leur succès dans la durée.
Pour les Jeux Olympiques, notamment ceux de Paris 2024, ce sont quatre années de préparation nécessaires, un véritable marathon. Avez-vous eu parfois, la tentation de tout arrêter – de poser le masque et le sabre ?
Cécilia Berder : Être en équipe de France depuis mes 18 ans, et aujourd’hui à 34 ans, m’a confrontée à des moments de doute. C’est une partie inévitable du chemin. Mais ces instants de remise en question m’ont aussi permis de grandir. Et la naissance de ma fille, il y a trois ans, a bouleversé ma vision du sport de haut niveau. Elle a éclairé mon parcours d’une nouvelle lumière, m’apportant sérénité et équilibre.
À 34 ans, me préparer pour les Jeux de Paris a été un véritable challenge. Oui, le chemin est semé de doutes, mais aussi d’euphorie. Trouver cet équilibre entre ma vie personnelle et ma carrière sportive m’a permis de relativiser la victoire et la défaite. Aujourd’hui, je sais que certaines choses, comme ma famille, sont encore plus importantes que tout le reste. C’est bien rigolo quand je mets mon masque, mais il y a des choses encore plus importantes dans la vie. Et on trouve son équilibre comme ça.
Alain, le mot de la fin ?
Alain Raflé : Le parallèle entre le sport et l’innovation est frappant. Dans les deux cas, il faut être prêt, équipé et agile. Que ce soit en escrime ou dans l’industrie, la clé reste la préparation : avoir les bons outils, la bonne plateforme et l’état d’esprit nécessaire pour innover et se différencier.
Cécilia Berder : Comme en escrime, le commandement reste le même :« En garde – Prêt – Allez ! ».
Propos recueillis par Jérôme Papin, Agora Managers Groupe