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Faire face à la réglementation environnementale : la gestion des déchets et l’économie circulaire pour les Nuls !

🌍♻️ L’économie circulaire, l’achat responsable et la gestion des déchets ne sont plus des tendances éphémères. Avec le réchauffement climatique, des réglementations qui se durcissent et des attentes sociétales croissantes, les directeurs de l’environnement de travail font face à des défis RSE et de reporting extra-financier de plus en plus pressants. 

Quelles stratégies pour les entreprises pour faire face aux défis environnementaux actuels et adopter une approche plus circulaire et durable ?

Pour en débattre, Vanessa ROT, Référente RSE et Conseil chez CEDRE et Cyril HERGOTT, Cofondateur de RIPOSTE VERTE qui partagent des stratégies concrètes et innovantes, des insights et retours d’expérience qui vous permettront de transformer ces défis en opportunités d’innovation et de performance durable !

Lionel Cottin : Alors Cèdre, on connait parce que c’est un partenaire du club ADET, mais rappelez-nous vos principales activités.

Vanessa Rot : Cèdre est née de l’ambition de Philippe Vigneron, il y a 19 ans. Il avait la volonté de créer une entreprise dans le domaine de l’environnement qui permettrait aux personnes éloignées de l’emploi, de pouvoir avoir un emploi durable. Notre mission aujourd’hui est de créer des emplois pour les personnes en situation de handicap. Donc Cèdre, c’est la création d’emplois durables dans le domaine du recyclage et de l’environnement, du tri et de la collecte des déchets de bureau pour nos clients, essentiellement en Ile-de-France. 

C’est 25 typologies de déchets concernés sur lesquels on apporte notre expertise.

C’est une mission au quotidien. Et en quelques chiffres, Cèdre, c’est à peu près 16 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 avec plus de 2000 clients, 200 collaborateurs dont 145 en situation de handicap.

Lionel Cottin : Et qu’est-ce que Riposte Verte ?

Cyril Hergott : C’est une association qui a 20 ans et qui s’est transformée en coopérative. Elle fait du conseil en RSE, travaille principalement sur les enjeux tertiaires et a trois missions principales :
permettre aux entreprises de s’informer sur les grands enjeux environnementaux au bureau.
Permettre aux entreprises de s’évaluer, notamment les petites entreprises, et utiliser des outils d’auto-évaluation qui sont gratuitement accessibles sur le site sur tout un tas de sujets, notamment sur les déchets. Et enfin, c’est leur permettre de s’engager avec des accompagnements sur mesure qui peuvent être sur la RSE ou sur le bilan carbone ou sur de la formation.

Lionel Cottin : Le premier point que je souhaitais aborder avec vous, c’est d’abord un rappel rapide des fondamentaux de la gestion des déchets. Quels sont les grands principes qu’il faut avoir en tête ? Quelle est la base ?

Vanessa Rot : Alors déjà, quand on parle de gestion des déchets, je pense que la base, c’est d’avoir défini sa politique de gestion des déchets. C’est d’avoir une politique de gestion des déchets qui a impliqué l’ensemble des parties prenantes. Dans l’absolu, c’est pouvoir avoir quelque chose de simple, de lisible, de visible, quelque chose que l’on va pouvoir communiquer et suivre.

Et le deuxième élément, c’est de travailler sur l’optimisation de cette gestion des déchets pour répondre aux enjeux qui vont être plutôt du domaine de la marque employeur, de l’engagement du collaborateur ou encore des enjeux qui vont plutôt être du domaine externe, que ce soit des enjeux financiers, réglementaires. Et le levier essentiel pour pouvoir y parvenir, c’est l’engagement du collaborateur.

Et les quatre axes sur lesquels il faut travailler cette optimisation, ça va être, dans un premier temps, de travailler la réduction des déchets à la source. Ensuite de réduire la part des déchets non recyclables pour augmenter le flux du recyclable.

Et chasser les idées reçues. On a encore trop d’idées reçues. Par exemple, on pense qu’on trie, mais que ça ne sert à rien, que tout est encore mélangé.

Et comment chasse-t-on ces idées reçues ?

Vanessa Rot : Beaucoup communiquer. Pour sensibiliser, il faut beaucoup répéter. Il faut avoir des messages clairs, simples, précis et lisibles. Et un autre sujet sur lequel il faut travailler, c’est le gaspillage alimentaire.

Donc deux grands axes de travail : la profondeur du tri et la qualité du tri par les collaborateurs. Que veut dire la profondeur du tri ?

Vanessa Rot : On accompagne les entreprises sur le tri à la source avec 25 typologies de déchets. C’est ce qui est possible dans le domaine du tertiaire. Donc la profondeur du tri, c’est travailler le tri le plus fin possible. Parce qu’un déchet qui sera bien trié sera un déchet qui sera bien valorisé, bien recyclé.

Et aujourd’hui, on a beaucoup d’évolutions et d’innovations. On va par exemple trier les essuie-mains, et les valoriser en nouveaux essuie-mains. Il faut toujours être au devant des innovations.

Cyril, le déchet le plus facile à éliminer, c’est celui que l’on ne produit pas. Qu’est-ce qu’il faut comprendre ?

Cyril Hergott : La base de la base, c’est de ne pas produire le déchet. Certes, on peut recycler correctement avec 25 familles – et félicitation à Cèdre – mais si on en produit trop, ça n’est pas soutenable.

Puis l’achat responsable est très important. C’est-à-dire que dans la production de déchets, la partie la plus importante, c’est l’amont, c’est la consommation. Avoir un achat durable va permettre de diminuer la production de déchets, voire de l’éliminer complètement…

… Par exemple, l’achat responsable de papier – celui que nous considérons avec le WWF comme étant vraiment écologique, est l’achat de papier recyclé ou du papier issu de forêts gérées durablement, plus un éco-label, plus un made in France.

Soit vous allez utiliser huit kilos de bois pour faire une ramette de papier, soit vous allez utiliser trois kilos de vieux papiers. Vous allez le payer légèrement plus cher mais l’achat de papier recyclé permet de préserver énormément de ressources. Il y a des efforts à faire de la part des entreprises, former les acheteurs sur l’achat responsable, et arrêter de leur demander d’économiser 5 % chaque année en moins sur les coûts…

Ensuite, c’est le bien que l’on va réutiliser et qui, du coup, ne va pas garder son statut de déchet. Donc ça, c’est ce que l’on appelle la hiérarchie des modes de traitement. Et c’est en plus une obligation réglementaire. On doit dans un premier temps, c’est la loi, faire de la prévention, essayer de limiter la production de déchets.

Puis, on va devoir favoriser le réutilisation, le réemploi, la valorisation des matières, la valorisation énergétique. Alors, comme l’a dit Vanessa, la base de la base, c’est de trier tous les déchets. C’est quelque chose que je vois très régulièrement dans les entreprises où on va effectivement trier les déchets principaux, le papier, les canettes, etc, mais pas la formule 25 typologies de déchets. Et idéalement, ce serait la meilleure solution.

Mais pour cela, pour être pragmatique, il faut disposer au bon endroit les bons bacs de récupération des déchets. Parce que l’homme est ainsi fait que quand il a un déchet dans la main, il faut qu’il le jette. Bon bac ou mauvais bac, il ne se pose pas trop la question, il le met dedans. Donc il faut avoir aussi cette réflexion.

Enfin, communiquer énormément, tout le temps. Répéter des messages, donner du sens. Donc communiquer sur les engagements qui sont pris, les objectifs qui sont fixés, les résultats qui sont atteints. Et ceci sous plein de formes, que ce soit de l’animation et de la communication interne.

Et encore une fois, c’est la réglementation. Aujourd’hui, on a beaucoup trop de déchets qui finissent encore en enfouissement ou en incinération. L’incinération, c’est le moindre mal entre les deux parce qu’on récupère un petit peu d’énergie. Mais quoiqu’il arrive, on produit beaucoup trop de déchets.

Et il arrive que la gestion des déchets soit effectuée différemment entre le siège de l’entreprise et ses filiales.

Cyril Hergott : Absolument. On l’a constaté. On mène une étude avec le WWF sur la gestion du papier par les grands groupes en France, sur les sièges sociaux et sur tous les autres sites en France métropolitaine.

Je rappelle que le papier est quand même le premier déchet en volume dans une activité tertiaire.

Et les résultats montrent très clairement qu’effectivement le siège est souvent utilisé comme une vitrine où on va mettre en place énormément de tris de déchets et parfois même des nouvelles typologies de déchets qui ne sont pas traités habituellement. Et dans les autres sites, il n’y a pas nécessairement d’acteurs qui peuvent venir faire la collecte privée. Donc on va passer par une collecte publique qui est moins bonne. Ou alors parce que c’est une problématique qui est moins présente.

Vanessa, c’est une problématique que vous rencontrez ?

Vanessa Rot : Un constat évident, et quasi systématiquement, c’est qu’il y a effectivement des mauvaises pratiques de tri, beaucoup d’erreurs de tri et puis, des problèmes de traçabilité puisqu’ils vont passer par des systèmes de la ville ou du réseau urbain. Et là, la traçabilité est moins précise.

Alors la gestion des déchets est de plus en plus encadrée par la réglementation. Quels sont les grands jalons à avoir en tête en matière de règlementation et ceux à venir ?

Vanessa Rot : La première date à retenir est 1975 où finalement, les entreprises sont responsables de leurs déchets et de leur devenir. À partir de 94, on a l’obligation de valorisation et de recyclage. Et on arrive en 2016, la troisième date essentielle, où on a la notion de décret des cinq flux.

Donc ce décret impose aux producteurs de déchets de valoriser cinq flux c’est-à-dire le papier-carton, le bois, le métal, le plastique et le verre. Et puis il y a la loi sur le gaspillage alimentaire également, qui arrive en 2016.

Le décret des cinq flux a évolué en 2022 avec le sixième et septième flux qui est la fraction minérale et le plâtre. Et à partir de 2025, on aura également les textiles qui vont s’y rajouter.

Et sur le sujet des biodéchets, donc des déchets alimentaires en lien avec le gaspillage alimentaire, on a la loi AGEC du 1ᵉʳ janvier de cette année. Il n’y a plus de minimum en termes de production de biodéchets, toutes les entreprises, tous les ménages ont l’obligation de trier et de valoriser leurs biodéchets, donc leurs déchets alimentaires.

Souvent, la réglementation permet de poser des jalons et de faire avancer les choses.

Cyril Hergott. Pour compléter ce qui est dit Vanessa, depuis 2016, c’est vraiment le tri à la source qui est devenu obligatoire. La valorisation des déchets, elle est obligatoire depuis 75. Mais le tri à la source oblige le producteur, donc l’entreprise, à mettre en place sur ses sites de plus de 20 personnes, le tri à la source, soit directement sur son site en séparant les déchets, soit en étant assuré qu’un collecteur de déchets comme Cèdre, va venir récupérer une partie des déchets et les trier encore plus ensuite.

Cyril, pourquoi est-ce si important de trier les biodéchets.

Cyril Hergott : Les biodéchets sont des déchets particuliers parce qu’on a la capacité de pouvoir les valoriser assez facilement.

Un ordinateur, typiquement, c’est très compliqué parce qu’il y a énormément de matières premières et de petits matériaux qu’on ne peut pas récupérer.

L’avantage du biodéchet, c’est qu’on peut, en fonction de l’entreprise, de sa volonté, de son engagement, des partenariats qu’elle va mener, faire du recyclage sur site, éventuellement avec du compost, si ce n’est pas trop de production.

Sur la restauration d’entreprise, on va avoir une récupération de déchets que l’on va pouvoir valoriser avec de la méthanisation qui va nous donner de l’énergie, soit du compostage à grande échelle et qui va nous donner des engrais.

25 typologie de déchets : Papier, verre, gobelet, piles, batteries, cartouches d’encre,
carton, fournitures de bureau, déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), palette bois, marc de café, capsules, biodéchets / déchets alimentaires, canettes, ampoules, etc.

Est-ce que vous avez des chiffres de volume récupéré ?

Cyril Hergott : C’est très compliqué parce que ce sont des familles de déchets qui sont très disparates. En plus, il y a très peu d’études qui sont faites sur les volumes professionnels.

De mémoire, sur le papier, on était plutôt autour des 30 % ?

Cyril Hergott : On a beaucoup de difficultés à trouver des informations qui sont fiables. Donc Riposte Verte a créé l’Observatoire du bureau responsable pour mener des enquêtes régulièrement sur ces enjeux-là. Et sur un seul exemple, celui du papier, on a des chiffres qui sont effectivement faibles puisque officiellement l’Ademe nous dit que 20 % des papiers de bureau en France sont triés et recyclés correctement.

Alors c’est un chiffre qui date un peu, qui a évolué depuis, mais qui malgré tout, donne quand même une idée.

C’est un petit peu décourageant parce qu’on en parle depuis fort longtemps du tri et du recyclage.

Cyril Hergott : On en parle encore aujourd’hui avec notre émission, « Le déchet pour les nuls » avec 7 écogestes à adopter pour réduire ses déchets au bureau. Donc c’est ce que l’on disait tout à l’heure sur la communication. C’est un éternel recommencement.

Alors pour rappel, il y a aussi des choses qui existent : L’Observatoire de l’immobilier durable (OID) qui produit un certain nombre de données liées au bâtiment lui-même, les fameux Scopes d’émission. Et on ne prend pas forcément en compte le Scope 3 de la mobilité qui est le plus important sur le tertiaire (45 à 60 % émissions indirectes).

Cyril Hergott : Le premier impact sur l’environnement en termes d’émissions de gaz à effet de serre au travail, c’est la mobilité. C’est la façon dont les collaborateurs viennent au travail, en repartent et les déplacements professionnels, plus tout ce qui va être logistique, etc.

La grande majorité des déchets produits dans le bâtiment, encore une fois en termes d’émissions de gaz à effet de serre, proviennent des matériaux qui sont utilisés pour la fabrication du bâtiment lui-même.

Les émissions de gaz à effet de serre induites par les déchets produits en phase d’exploitation, donc en interne dans le bâtiment, quand les salariés travaillent, on les connaît aussi. Je peux vous dire qu’un kilo de plastique, si on l’incinère, on va émettre trois kilos de CO2. Si on recycle un kilo de canettes, on va éviter sept kilos d’émissions de CO2.

Donc on a des chiffres comme ça. Maintenant, ce qui est intéressant, c’est de remettre ça en perspective, notamment au travers de ce schéma que l’on voit à l’écran. Par rapport à la mobilité, aux immobilisations, aux achats, les émissions de gaz à effet de serre des déchets représentent 1 %.

Donc le combat, il ne faut pas le mener en voulant réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le combat, il faut le mener en ayant la volonté de respecter la réglementation, de limiter la consommation de biens et donc de préserver les ressources. Et bien évidemment, de pouvoir aussi impliquer les parties prenantes.

Parce que les entreprises cherchent toujours à faire passer des messages RSE sur leur politique et impliquer les salariés. Mais le déchet, c’est un marronnier. C’est pour ça aussi qu’on est là aujourd’hui.

C’est-à-dire que si vous voulez impliquer vos salariés, menez des actions autour de la gestion des déchets. Vous allez donner du sens à votre action. Vous allez donner du sens à votre politique RSE et vous allez pouvoir impliquer vos salariés.

Les déplacements domicile-travail, c’est 50 à 60 % d’une activité tertiaire en moyenne. 30 % sur les immobilisations, tout ce qui va être matériel informatique, flotte-auto, etc. 10 % sur les achats et l’énergie et 1% pour les déchets.

Parmi les autres enjeux liés à la gestion des déchets, j’ai souvent entendu les DET se plaindre du manque de traçabilité sur le devenir des déchets. Ce qui commence d’ailleurs à faire le lien avec notre sujet économie circulaire. Est-ce que ça s’est amélioré du côté de cette traçabilité ?

Vanessa Rot : Il y a deux sujets. Il y a effectivement la traçabilité des déchets dits classiques, le papier et le carton, le bois, le verre, etc. Quand vous passez par une entreprise privée du type Cèdre, vous avez la traçabilité de l’ensemble des déchets collectés et un suivi qui remonte sur un espace client.

C’est quelque chose qui permet d’assurer la traçabilité, d’avoir le registre des déchets, d’avoir l’attestation des cinq flux. Elle est encore délicate avec les organismes liés aux villes.

Et l’autre pendant, ce sont les déchets dangereux. Aujourd’hui, il y a la plateforme Trackdéchets qui impose la traçabilité de l’ensemble des déchets dangereux. Quand il y a une collecte, elle remonte sur cette plateforme étatique et permet d’avoir une traçabilité fine et safe.

Donc on s’améliore et on avance.

Est-ce que vous êtes en capacité de fournir des informations aux entreprises sur la réduction de l’empreinte carbone ?

Vanessa Rot : C’est aussi ça l’intérêt puisque la gestion des déchets est un sujet environnemental qui rentre dans une démarche RSE globale. Donc il est important de pouvoir donner ces informations. Ça donne du sens et ça donne aussi de l’intérêt à la démarche. Donc on est en train de travailler justement sur un nouvel espace client qui permettra d’ici quelques semaines d’avoir pour l’ensemble de nos clients cette traçabilité assez fine : les quantités de CO2 d’émission carbone évitées par typologie de déchets.

Je pense que l’on fait un grand pas en avant. On se base beaucoup sur les facteurs d’émission qui sont inscrits à l’Ademe.

Cyril, un mot aussi sur les éco-organismes puisque par filière, il faut maintenant s’organiser pour récupérer, trier et valoriser ses déchets. Est-ce qu’il y en a encore beaucoup à créer ?

Cyril Hergott : Il y a déjà beaucoup d’éco-organismes. Alors il faut savoir qu’un éco-organisme est une société de droit privé qui regroupe les producteurs et metteurs sur le marché de certains biens pour pouvoir effectivement récupérer les déchets et les valoriser.

Donc il y en a beaucoup, il y en a de plus en plus. Là aussi, c’est une spécificité française. Ça s’accélère et je n’ai pas de nombre exact en tête. Il y en a plus de 20 ou 25. Donc c’est plutôt positif. Le seul bémol, c’est que ce sont les fabricants ou metteurs qui gèrent l’éco-organisme, qu’il ne veulent pas vendre moins et que la problématique majeure est la réduction des quantités de déchets produits.

Maintenant, je ne peux qu’encourager tous vos auditeurs à se rapprocher de ces éco-organismes. On a par exemple Ecologic pour tout ce qui est équipements électriques, électroniques ou de sport ou Valdelia pour le mobilier professionnel. Ils sont connus parce qu’ils ont énormément d’initiatives, de réseaux et de solutions à proposer.

Donc, à ce niveau-là, pour la récupération et la valorisation, il font des efforts parce qu’ils ont aussi des objectifs à atteindre et doivent rendre des comptes à l’État.

Un mot sur le registre des déchets ?

Cyril Hergott : En fait, le registre des déchet répond là-aussi une obligation réglementaire. Chaque entreprise a l’obligation de tenir un registre des déchets et très très peu d’entreprises le font en France.

Je n’ai pas de chiffre exact parce qu’il n’y a pas d’étude, mais je pense qu’on doit être dans les 10 ou 20 %. Il y en a beaucoup qui le font dans l’industrie parce qu’ils ont des déchets dangereux et que là, pour le coup, les sanctions peuvent être assez fortes. Mais sur tout ce qui est tertiaire, il y a très peu d’entreprises qui sont en capacité – et on le voyait avec l’étude du WWF – de pouvoir justifier de ce que deviennent leurs déchets alors que c’est encore une fois une obligation réglementaire.

Quelles sont les quantités ? Par qui ils ont été pris ? Où ont-ils été emmenés ? Comment ont-ils été traités. On rappelle que le déchet, c’est la responsabilité du producteur du déchet jusqu’à la fin. Même quand Cèdre récupère les déchets.

Alors, le but ultime est de passer à l’économie circulaire. C’est l’étape suivante ?

Cyril Hergott : L’économie linéaire, c’est prendre des ressources, les transformer, consommer les biens et puis les jeter. L’économie circulaire, c’est en amont, d’essayer de concevoir des produits qui vont utiliser moins de ressources, utiliser les bonnes ressources, être faciles à réutiliser, à valoriser éventuellement. Donc c’est ce qu’on appelle l’éco-conception. Ensuite, c’est d’encourager la consommation responsable. Et puis, bien évidemment, d’allonger la durée de vie du produit, donc de faire en sorte qu’il puisse avoir éventuellement plusieurs vies.

Et quand ça deviendra in fine un déchet, le trier et le recycler.

En 2023, seulement 7,2 % de l’économie mondiale était circulaire. Le chiffre est en diminution depuis 2018, donc ce n’est vraiment pas une bonne tendance. Comment s’y prendre pour entrer dans cette démarche d’économie circulaire ?

Cyril Hergott : Ce chiffre de 7,2 % est une étude de Deloitte & The Circularity Gap Reporting Initiative qui s’appuie sur des chiffres d’ONG et qui nous disent que sur les 100 milliards de tonnes de ressources qui sont consommées chaque année, 93 % ne sont pas réutilisées. Elles vont donc soit être perdues au moment de la fabrication, principalement gaspillée, perdue, ou alors être dans le produit, c’est-à-dire encore présent sur le marché, ou alors parce qu’il y a des mélanges qui font que les matériaux ne peuvent pas être recyclés.

Donc, comment favoriser l’économie circulaire ? Ça va principalement être avec la volonté. La volonté de se lancer tout simplement et ensuite de se former, de chercher des produits, d’être en veille, de prendre de l’information.

Qu’est-ce que Cèdre apporte comme outils pour entrer dans cette démarche d’économie circulaire aujourd’hui ?

Vanessa Rot : Ça va faire 20 ans qu’on est dans le domaine du tri et de la collecte des déchets. On est connu, reconnu, mais on a cette volonté aujourd’hui de pouvoir accompagner nos clients, nos partenaires vers une réflexion plus globale autour de leur optimisation de gestion des déchets.

Donc l’idée, c’est d’avoir des mesures sur l’ensemble du cycle de vie du déchet. C’est de savoir quelles actions je peux avoir pour être sur cette réduction de déchets en lien avec une émission raisonnée, raisonnable, durable.

Donc on parle d’achats et de fournisseurs responsables. Et on démarre sur un état des lieux, d’où partons-nous pour savoir vers quoi allons-nous aller ? Quels sont les objectifs que l’on peut se fixer qui soient atteignables et réalisables ? On fait donc une cartographie, on regarde quelles sont les pratiques au quotidien, quelles sont les difficultés qu’ils rencontrent, quelles sont les bonnes et moins bonnes habitudes. Et c’est vraiment la base, le premier échelon finalement. Donc on fait régulièrement ce qu’on appelle des audits de caractérisation.

On regarde dans les bacs. On fait de la veille sur la façon dont sont triés les déchets. On regarde finalement quelle est la part de déchets recyclables au sein des déchets non recyclables. Quelle est cette part qui ne devrait pas y être ? Quels sont les typologies qu’on y retrouve ? Et ça permet finalement d’avoir des datas bien précises qui permettront à terme d’avoir des objectifs.

Ce sont des indicateurs de performance dits Smart pour pouvoir fixer une optimisation de la politique de gestion des déchets.

Et cela passe par l’implication de l’ensemble des parties prenantes. Ce sont bien évidemment les parties prenantes directes qui vont être les strates au niveau de la direction, mais bien évidemment l’ensemble des strates, jusque celles qui sont au niveau du collaborateur.

Et finalement de se rendre compte de ce que fait le collaborateur, de ses difficultés de prendre en considération cette politique, de l’impliquer dans la démarche et en même temps de montrer qu’il y a une direction vers laquelle on veut aller. Tout ça permet d’arriver à s’approprier les choses et de fédérer.

Tout les outils pédagogiques que l’on met en place aujourd’hui ont cette vocation-là. L’objectif, c’est d’embarquer le collaborateur et pour l’embarquer, il faut communiquer, il faut le sensibiliser de diverses manières et de manière répétée. Et c’est vrai qu’on a un ensemble d’outils pédagogiques à notre disposition qui permettent de le faire.

On a développé notre « atelier fresque des déchets de bureau », qui est breveté et qui permet aux différents collaborateurs de différents services de se retrouver pendant un temps collaboratif.

Un temps d’échange sur : quels sont les typologies de déchets que je vais générer au quotidien ? Ils vont comprendre l’ensemble du cycle de vie du déchet. Ils vont comprendre quelles sont les conséquences des bonnes et moins bonnes habitudes qu’ils ont. Et ça permet de travailler sur un plan d’action.

Interview réalisée par Lionel Cottin, d’Anews Workwell – Agora Médias

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