IMMOBILIER - ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

Quelle ville demain ? Avec Christian de Portzamparc

La nouvelle émission « Les rencontres de l’architecture » accueille celles et ceux qui inspirent, imaginent, dessinent, construisent la ville de demain. Qu’ils soient architectes, auteurs, designers, responsables politiques ou dirigeants. 

Pour cette première édition, Lionel Cottin, directeur de la rédaction d’Anews Workwell reçoit Christian de Portzamparc, l’un de nos plus grands architectes-urbaniste, premier Français à avoir reçu le prestigieux prix Pritzker ou encore premier titulaire de la chaire dite de création artistique du Collège de France.

Auteur de dizaines de projets* à travers le monde – La Cité de la musique à Paris, la Tour LVMH à New York, le Flagship Dior à Séoul, La Défense Arena, et bientôt, les Tours Sisters à la Défense ou la Presque’île Grenoble – Christian de Portzamparc nous donne à voir et comprendre son oeuvre et envisager la ville de demain.

Lionel Cottin : Si on essaye de se projeter à horizon 2050, qu’est-ce que la ville de demain aura de fondamentalement différent selon vous ?

Christian de Portzamparc : Dans la première moitié du XXᵉ siècle et même au début du XIXᵉ, quand on parlait de la ville, il y avait un certain futurisme enthousiasmant. On imaginait des villes complètement différentes. C’était assez beau. En réalité, on s’est aperçu que la ville est un peu comme un être humain. À un certain moment, il a six ans et vous me demandez comment il sera à seize ans. Alors on a une idée et on peut deviner des choses. Pas tout. Et à 26 ans, c’est encore un autre personnage. Ici, c’est un peu pareil.

On construit la ville sur la ville. Il y a une stratification, une sédimentation. Et on a appris à trouver que c’était une chose très humaine, très belle, très sage, cette sédimentation.

On construit dans la suite de nos ancêtres et de nos parents. Je suis très attaché à cette image que la ville, c’est le temps, comme un calendrier où l’on peut repérer les époques.

On a beaucoup fait table rase du passé, on ne le fait plus. C’est souvent une logique économique intelligente, mais aussi une logique humaine et esthétique. S’obliger à reprendre et à retravailler des lieux. Donc ça, c’est un aspect. 

Mais il y a même des choses futuristes que nous connaissons. D’abord, on veut s’adapter et être flexible. Les familles changent, il y aura une chambre de trop ou il en manquera deux.

Les architectes et les promoteurs s’attachent à avoir des immeubles où l’on pourrait avoir des changements. 

Une autre notion, c’est la mixité. On ne veut plus La Défense, où il n’y a personne à 19 heures. Pour ça, il faut que les logements, les commerces, les bureaux, l’activité se mélangent. Cela ne veut pas dire que l’on travaille à 20 mètres de chez soi. La métropole, c’est une chose grande et on peut avoir un emploi qui est assez loin. C’est simplement que les quartiers doivent vivre à toutes les heures et même la ville. C’est une espèce de romantisme que la ville marche aussi la nuit.

C’est vrai aussi que l’on vient de la campagne pour la ville pour trouver un emploi, mais aussi pour trouver à se marier. Donc ça, c’est une dynamique de la ville. Et du coup, si l’on voit tout ça, la mobilité devient essentielle. 

La mobilité, c’est quoi pour nous ? 

Pour Paris, c’est quand même spectaculaire. Le grand train du Grand Paris (Grand Paris Express), c’est un nombre considérable de 70 gares environ. Et ce qui est intéressant, c’est qu’autour des gares, ça va pousser. Il va se construire des quartiers parce que la mobilité est bonne. Les gens auront quand même besoin d’une voiture, c’est sûr. Mais le grand train, ça va être formidable et ça va changer la vie. 

Donc ça va faire des zones. Ce que j’ai appelé autrefois, quand on a commencé le Grand Paris, la ville en rhizomes. Cela veut dire des lignes qui se croisent, mais qui n’ont pas nécessairement, comme une racine, une origine unique. Elles viennent ici, elles vont là-bas, elles se perdent. Quand vous regardez le schéma du Grand Paris, c’est un peu ça.

Quand vous voyez des ronds, des gares autour des gares, ce sont des zones où l’on pourra faire une certaine densité, monter à cinq, six, sept étages et faire des jardins. Je vais vous montrer par exemple Atlantis – Grand Ouest – Massy que l’on a fait avec Elisabeth (son épouse).

Christian de Portzamparc - Massy
Christian de Portzamparc – Atlantis – Grand Ouest – Massy, France
2011 › 2018

On sait faire une certaine densité agréable, à condition que ce soit près d’une gare. Et là, à Massy, c’était un cas parfait. La gare est toute proche et la place, on y arrive très naturellement. D’autres logements qui étaient déjà là vont également vers cette gare et on a pu mettre du logement, des bureaux, un centre de congrès, un cinéma et 60 boutiques.

C’était spectaculaire. La Cogedim a décidé qu’on ouvrirait un certain jour J, comme si on inaugurait un spectacle. Et le jour J, quand tout était propre et fini, les gens sont rentrés. Les trois grande terrasses de café étaient pleines, les gens étaient tous dans les marchands de lunettes et de T-shirts. 

Tout de suite, ça a fonctionné. Eh bien, la recette, c’est que c’est près d’une gare. C’est presque enfantin. Simplement, il faut le faire. Donc le grand train va faire ça. 

Et quand on dit dans 10, 20 ou 30 ans, plus ça va aller et plus ça va changer. Je pense à des zones où vous, le club Agora des Directeurs Immobiliers, vous serez tous intéressés et penserez que c’est là que ça va se faire. Et c’est là que vous allez construire.

Et puis dans des zones qui sont un peu plus loin, on aura du sport, on aura de l’activité verte parce qu’on a un peu de place.

Donc c’est intéressant d’avoir deux types de villes qui se côtoient.

Il y a celle qui est dense, où l’on habite et l’on achète, et puis celle où il y a toutes sortes d’activités indispensables, y compris la production et une certaine forme d’agriculture aussi, bio et urbaine. Là, les grands interstices entre ce grand train seront des endroits habités mais aussi productifs.

L.C : Et ce fameux zéro artificialisation nette pour vous, architecte, ça fait peur ? 

Christian de Portzamparc : Ça me fait peur. Parce que zéro et net, ça veut dire rien. Et je vous parle de ces zones entre les gares qui seront un peu plus. Mais il ne faut pas dire zéro et net. Il ne faut pas se dire que là, ce ne sera que du gazon et des arbres parce que l’on a besoin de certaines surfaces, il faut se les garder. Il y a un équilibre à trouver. 

L.C : Cela veut dire qu’il va falloir construire beaucoup plus en hauteur par exemple ?

Christian de Portzamparc : Je pense et c’est ce que l’on a fait à Massy, justement. À dix étages, on vit très bien, on n’a pas le vertige et si on le fait, il faut le faire avec l’idée qu’on va se réserver un jardin en bas, un grand. On va pouvoir faire des coulées vertes et on va se les payer parce qu’on va monter un peu plus haut.

Et les îlots que je fais, permettent d’avoir le soleil qui passe entre les tours. On est beaucoup mieux dans un quartier où il y a des tours où le soleil passe. Et il y a aussi des bâtiments bas. On combine. Quand on est au sol, on a des trucs à quatre étages avec des terrasses.

Il faut combiner les deux. À New-York, ça se passe très bien cette combinaison.

L.C : Vous avez été le promoteur et l’initiateur du concept de l’îlot ouvert. Est-ce que vous pouvez nous rappeler ce que c’est ?

Christian de Portzamparc : J’ai fait l’îlot ouvert, au fond, contre la théorie de Le Corbusier. Par ma génération, on était admiratifs et élèves de Le Corbusier. Et en même temps, je n’arrêtais pas de me dire que cette idée de la mort de la rue qui était son slogan, était une folie. Parce qu’au fond, la rue, c’est éternel. On en faisait il y a 2 000 ans. C’est même une très belle invention des grecs à Milet (XIe siècle av. J.-C).

Avant, on avait les médinas avec les couloirs tortueux et tout d’un coup, ils donnent une règle très simple qui permet d’acheter et vendre. Mais surtout, ils définissent le territoire public très clairement, par rapport au privé, beaucoup mieux que les couloirs des médinas.

Alors pourquoi l’interdire ? Parce que Le Corbusier pensait que le seul avenir de la ville, c’était l’automobile. Le moteur avait tout changé.

Et ça se comprend. Ça changeait complètement la ville. Il n’y avait pas de crottins par terre et moins de chevaux. Il vivait tout d’un coup une espèce d’archaïsme et la modernité, c’était la voiture. Donc les voies rapides, donc éviter les feux rouges, etc, ou faire des croisements compliqués qui marchent très bien. Toute une plomberie de voies rapides et des dessertes qui sont souvent en boucle, des endroits où l’on se perd.

Si vous voyez nos villes nouvelles, elles ont été un peu faites sur le thème « mort de la rue ». Donc vous avez des cités ou des quartiers où l’on a des chemins, mais avec des parkings, C’est le règne du parking, c’est emmerdant. 

Alors j’ai trouvé que la ville, la rue, c’est quelque fois un peu ennuyeux, mais c’est souvent un endroit de vie et c’est surtout un endroit où la transformation du temps se lit.

Parce que les maisons changent, les immeubles changent, on détruit, on reconstruit, ça raconte l’histoire de la ville. C’est ça que je trouve beau.

Alors l’îlot ouvert, on garde les avenues et les rues. Je garde l’alignement. Avant cela, on laisse des espaces entre les immeubles plus ou moins grands qui font entrer la lumière dans le cœur d’îlot.

Je laisse passer la lumière et j’arrive à avoir des immeubles qui sont un peu décalés pour que le soleil ou la vue passe bien. Donc on a une rue qui n’est pas la rue corridor, comme disait Le Corbusier. La rue corridor qui est sombre. Non, elle reçoit la lumière par ces ouvertures comme des fenêtres urbaines. Donc j’enlève le côté corridor et c’est lumineux.

Ça fait une esthétique où l’on assume qu’il y ait des différences parce que le monde change et que 30 ans après, on ne fait pas tout à fait pareil.

Quartier Massena

L.C : Le quartier Massena à Paris en est un très bel exemple …

Christian de Portzamparc : Oui, on a réussi au quartier Massena. À l’époque, tous mes camarades et amis disaient que ça ne marcherait pas. Là, il y a eu 30 architectes qui l’ont fait. On a fait une règle du jeu et on est arrivé à faire ces espacements et faire rentrer la lumière et le soleil, et avoir des arbres à l’intérieur.

Les îlots ouverts ne sont pas forcément ouverts à tout le monde. Il peut y avoir des grilles. La cour peut être partagée par quatre immeubles. On descend les enfants. Et les interstices entre les immeubles qui font passer la lumière, sont agréables.

Et puis, je n’aimais pas trop l’esthétique du mitoyen qui est réussi dans beaucoup de villes, mais que je pense qu’on ne sait plus faire vraiment.

Coller des immeubles, s’ils ont la même facture, au bout d’un moment, c’est comme une barre. Et dans ma génération, on a quand même cette impression que les barres sont souvent ennuyeuses et la lumière ne passe pas.

Quelquefois, nous aussi, nous faisons des immeubles en longueur. J’essaie alors de baisser, pour aller à l’endroit où la lumière rentre. Mais j’ai plutôt construit par plots, comme on dit, c’est-à-dire des bâtiments entre lesquels la vue passe, le soleil passe et où l’on circule.

L.C : Aujourd’hui, on parle de mixité mais l’îlot ouvert avec Massena, c’était déjà ça ?

Christian de Portzamparc : Disons qu’on a une mixité limitée. Il y a des bureaux, il y a des étudiants, il y a des commerces au rez-de-chaussée. Et puis, il y a des habitants, qui peuvent venir d’un peu partout. Alors quand on dit mixité, souvent on penche aussi du côté mixité sociale, pour dire : il y a des pauvres et les riches.

Ce qui est toujours assez difficile. Cela ne dépend pas si facilement de l’urbaniste, ni même du maire. Il a la trouille. Il voit arriver des électeurs qui ne seront pas ses électeurs. C’est une des grosses difficultés.

L.C : Là, c’est la mixité d’usages mais on construit encore récemment sans forcément penser mixité d’usages.

Christian de Portzamparc : Oui, mais c’est une conscience que l’on a. Et je pense que les membres du club Agora, justement sont concernés par l’acte de construire. Et en ce moment, je pense qu’ils sont prudents parce que l’économie n’est pas bonne. Peut-être est-ce le moment pour eux de réfléchir et de prendre certains risques ? Parce que cela tient à peu de choses.

Quand on voit ce travail qu’on a fait sur Massy, Alain Taravella, Directeur général d’Altarea Cogedim, était inquiet. Toute l’économie n’était pas évidente. Ça change tellement vite et on se demande quand on va livrer une surface énorme, si cela va marcher ? Et ça a marché très bien. 

Et au fond, l’économie évolue assez vite. S’il y a un an de retard, vous vous rattraperez. Je pense que sur ce grand train de la banlieue, il y a un trésor de terrains nouveaux, disponibles, bien desservis pour la mobilité.

Quelques réalisations de Christian de Portzamparc

L.C :  Pouvez-vous nous présenter un autre grand projet urbanistique en cours à Grenoble, que vous appelez Grenoble Presqu’île ?

Christian de Portzamparc : Alors on a commencé à travailler à Grenoble, sur la Chartreuse, en fait, avec Thierry Damez. Et puis le nouveau maire, Éric Piolle, trouvait que ça faisait beaucoup d’engagements urbains sans doute. Juste avant, il y avait ce projet sur la Presqu’île, qui était initié par Claude Vasconi. Et quand il est mort, Michel Destot, ancien maire et Geneviève Fioraso, ancienne députée, m’ont demandé de reprendre le projet et j’ai trouvé que c’était beaucoup d’avoir deux grands quartiers.

Mais avec la Presqu’île, je me suis vite aperçu que c’était un endroit essentiel et passionnant pour notre pays. Il y a là 15 000 chercheurs, des prix Nobel. Il se fait là des inventions fantastiques, autrefois pour l’atome, aujourd’hui pour les nanotechnologies et beaucoup de matériaux scientifiques.

Alors ce quartier scientifique s’étend sur des hectares, des centaines de bâtiments. Et un camp militaire quand même très triste, entouré de barbelés. C’est comme deux villes qui ne se parlent pas : le centre de Grenoble, immense et la Presqu’île très circonscrite par l’Isère et le Drac, comme un monde à part. 

Donc la mixité est plus nécessaire que jamais. 

J’ai commencé sur une grande avenue qui existe depuis très longtemps, qui va vers le Vercors, l’avenue des Martyrs où il y a plusieurs grandes institutions et lycées qui vont être adjoints sur leur côté par d’autres équipements. Peu à peu, il y aura une possibilité de partir de la recherche pure vers des lieux d’éducation et de connaissances. Il y aura aussi des logements.

L.C : Et vous créez des places aussi…

Christian de Portzamparc : Alors on crée une grande place à l’entrée de l’avenue des Martyrs qui est ovale, parce qu’elle reçoit plusieurs grandes circulations, dont le tramway. Elle est un peu comme une porte d’entrée de la ville. Et puis, à l’autre bout, il y a une place carrée qui est la place des Martyrs. Il y a un monument qui existe déjà, qui commémore l’activité des martyrs.

Comme c’est gris et triste, c’est assez plat ce qui existe, nous avons pensé que l’on pourrait faire une densité assez forte : donc il y a des tours moyennes et des tours hautes sous la forme de plots. Donc pas mal d’appartements qui ont des loggias ou des balcons. On n’a pas voulu imposer un matériau, donc ça peut être varié.

L’idée est que ça fait un truc très vivant et fort, en face du gris et du plat du quartier scientifique. Donc il y a une sorte de vie, cette opposition et la grande avenue avec le métro au milieu et l’herbe et les montagnes au fond. Et bien il y a une certaine beauté.

Donc voyez toutes ces villes et ce sera vrai pour tout le Grand Paris. C’est qu’à chaque fois, vous avez un site assez particulier et vous ne voyez pas la même chose partout. Là, on voit les montagnes et ça guide beaucoup l’idée de l’urbaniste. Et puis le fait que ce soit des tours, c’est important parce qu’on voit entre deux tours. On continue à voir les montagnes alors qu’avec des barres, on ne les verrait pas.

Presqu'île Grenoble
Presqu’île Grenoble

L.C :  On parle renouvellement urbain et ville de demain. Il reste beaucoup d’interrogations autour des grands centres tertiaires aujourd’hui, évidemment les quartiers d’affaires et la Défense à Paris. Vous y avez les Tours Sisters en cours. Un mot sur ce projet ?

Christian de Portzamparc : C’est un immeuble en deux parties. L’une est du bureau moderne avec beaucoup de qualités, de convivialité. Et l’autre partie, c’est un hôtel. C’est le programme de sociétés dont une partie des cadres est en province et revient pour des périodes de trois jours chaque mois. Il y a une volonté de pouvoir proposer de l’habitat au cœur du centre d’affaires et entre les deux, elles sont reliées par un amphi qui fait piscine et restaurant.

Donc on aura un restaurant à 100 mètres de haut qui est assez grand. Un lieu de rendez-vous juste à côté de la Grande Arche.

Quelques réalisations de Christian de Portzamparc

L.C : Mais voilà, la Défense, c’est vraiment pour le coup le modèle du tout tertiaire, très minéral et excentré, voire coupé de la ville. Aujourd’hui, il est bien en difficulté, ce modèle, avec le télétravail, à l’heure de la biophilie, de la mixité urbaine. Quel avenir voyez-vous à ces quartiers ? 

Christian de Portzamparc : Je pense que l’on peut les changer. C’est Groupama qui a demandé à cinq architectes des idées. À l’origine, c’était pour relancer un désir de la Défense, combattre l’inquiétude qui est portée par la désuétude de certains modèles de tours qui ne sont pas si faciles à entretenir, qui coûtent cher et ne plus au répondent plus aux besoins. 

Des bureaux aujourd’hui peuvent être inoccupés. On a l’inquiétude légitime des propriétaires.  

On a demandé à plusieurs architectes de donner une proposition avec l’idée qu’il fallait moderniser et relier les tours et peut être monter plus haut par endroits, pour dire que l’on va tutoyer Dubaï. 

J’ai pensé un peu autre chose qui les a intéressés, qui est de dire qu’il faudrait qu’on réaménage une autre échelle. Et c’est possible, car  l’esplanade fait 130 mètres de large, et on peut installer dedans une avenue parisienne. Vous prenez la rue de Rennes ou l’avenue de l’Opéra, qui a 30 mètres de large, vous l’installez, vous mettez des immeubles et vous avez New York.

Donc vous avez certains quartiers qui ont, à un premier plan, des bâtiments de 25 mètres de haut et derrière, les tours. La combinaison des deux est très belle et l’avenue qui a 25 mètres de haut et 30 mètres de large est formidable. Ce sont des choses qui conviennent au corps humain. On voit le haut, le soleil rentre, on marche. Ce n’est pas compliqué une ville pour marcher. 

En plus, tout d’un coup, on offre plein de terrains. Donc l’argent vient, on peut construire et c’est déjà artificialisé. On est en plein dedans, au lieu de construire à 30 kilomètres dans la campagne agricole.

Projet La Défense - Christian de Portzamparc
Projet La Défense – Christian de Portzamparc

Donc il y a une vertu à se dire que l’on peut faire passer une avenue et on renverse les choses puisque ce n’est plus du bureau. Là, ce sera essentiellement du commerce. Les rez-de-chaussée sont commerciaux. Les promoteurs qui font cela ont un terrain dont le prix est ajusté à l’économie générale d’une grande opération.

Et on récupère toute une vie.

Avec d’autres architectes, on a travaillé à l’idée de voir comment on privilégie des mobilités plus légères, électriques, avec un système de mobilité propre au lieu. Et puis peut-être dans le futur, que des voitures puissent venir.

Alors, ça a eu un succès et un intérêt, mais je sens bien que l’évolution ne va pas dans ce sens-là. Même si on nous a demandé de travailler sur un morceau, proche de la Grande Arche, la tendance est de faire un très grand jardin de toute cette avenue. Un jardin qui ne sera pas forcément vivant à partir de 20 heures. On peut mettre quelques beaux restaurants sur le parc. Mais enfin, c’est un immense parc.

Donc il n’y a pas cette logique économique que possède mon projet.

Personne ne m’a critiqué le projet, mais cette idée du parc est avancée et au fond, ceux qui ne veulent pas construire ont des arguments. Certains ont promis à leurs électeurs qu’il n’y aurait rien, pas de nouveaux logements. Et puis, ils se disent que ça va être compliqué alors que c’est une grande idée pour quelqu’un qui s’en empare.

Cela peut-être l’idée de la Région, du Grand Paris, du gouvernement, du Président de la République parce qu’il faut que ce soit un grand dessein. Et pour le moment, on a tellement de sujets complexes que ce n’est pas estimé comme un grand dessein.

Personne ne dira que ce projet-là va résoudre la violence des banlieues. Mais ça peut résoudre cette idée que la Défense, qui est un immense territoire, serait au fond, le cœur des Hauts-de-Seine et donc, que toute la région en serait transformée.

Propos recueillis par Lionel Cottin, Directeur de la Rédaction d’ANews Workwell.

Christian de Portzamparc
Quelques réalisations de Christian de Portzamparc

Réalisation Architecture & Urbanisme de Christian de Portzamparc

1971-1974 : Le Château d’Eau, Marne-la-Vallée, France / Un signal urbain : un château d’eau.
1975-1979 : Les Hautes-Formes, Paris 13e, France / six bâtiments, 209 logements sociaux. En association avec Georgia Benamo.
1983-1987 : École de danse de l’Opéra de Paris, Nanterre, France / Équipement culturel : École de danse pour 150 élèves, logements étudiants (cinquante chambres de trois lits), réfectoire, bureaux, salles de réunion.
1984-1995 : Cité de la musique, Paris 19e (Prix de l’Équerre d’argent), France / Équipement culturel et public, Conservatoire Erik Satie
1985-1987 : Café Beaubourg, Paris, France / Un grand café au cœur de Paris.
1988 : Musée Antoine Bourdelle, Paris, France / Extension du musée du sculpteur peintre français, Antoine Bourdelle.
1989-1990 : Nexus II, Fukuoka, Japon / Création d’un ensemble immobilier : 4 immeubles, 37 logements.
1991-1995 : Tour de Lille dans l’ensemble Euralille, Lille, France / Tour de bureaux pour le siège du Crédit Lyonnais dans le quartier d’Euralille, au-dessus de la gare Lille-Europe, dans un plan masse dessiné par Rem Koolhaas (OMA).
1990-1995 : Rue et place Nationale, Paris, France / Projet urbain – Programme mixte de logements, de commerces et d’un équipement public. Réhabilitation de 3 immeubles de 608 logements. Destruction d’un immeuble. Construction de 2 immeubles d’habitation et commerces. Construction d’un immeuble comprenant une école d’enseignement artistique, une salle de concert, des ateliers d’artistes.
1991- 2012 : Les « jardins de La Lironde », Port Marianne, Montpellier, France / Projet urbain – Définition des orientations architecturales et urbanistiques de la ZAC “La Lironde“.
1993-1999 : Palais de justice, Grasse, France / Équipement public regroupant le tribunal de Grande Instance, le tribunal de Commerce, le Conseil des Prud’hommes, les juridictions de premier degré. En association avec l’Agence Elizabeth de Portzamparc pour (espaces intérieurs).
1993-2006 : Les Champs libres, Rennes, France / Équipements publics regroupant trois institutions principales : la Bibliothèque municipale, l’Espace des sciences et le Musée de Bretagne, salle de conférence, administration générale, parking. En association avec l’Agence Elizabeth de Portzamparc (muséographie des collections permanentes).
1994-1999 : Extension du Palais des Congrès Porte Maillot53, Paris 17e, France / Extension du Palais des Congrès, création de lieux d’exposition, bureaux, galerie commerciale et salle de conférences.
1995-1999 : Tour LVMH54, New York, États-Unis / Tour de bureaux de 23 étages pour le siège social du groupe LVMH aux États-Unis comprenant deux commerces en rez-de-chaussée et une salle de réception au dernier étage.
1995-2012 : Masséna Seine Rive Gauche, Paris, France / Aménagement urbain du secteur – Elaboration des règles de construction : volumétrie, découpage des îlots, tracé des voies et des jardins publics
1996-1999 : Espace Lumière, Boulogne-Billancourt, France / Immeuble de bureaux destinés aux activités de production audiovisuelle de la première chaîne de télévision française privée, le groupe Canal+. En association avec l’Agence Elizabeth de Portzamparc (architecte d’intérieur).
1996-2003 : La Philharmonie Luxembourg, Grand-Duché du Luxembourg / Équipement culturel accueillant un grand auditorium, une salle de musique de chambre, une salle électroacoustique.
1997-2003 : Ambassade de France en Allemagne, Berlin, Allemagne / Équipement public accueillant la résidence de l’Ambassadeur, les bureaux du Consulat et de la Chancellerie, l’antenne culturelle, des espaces de réception, une cafétéria, un amphithéâtre, des logements et des espaces logistiques, le tout réparti en sept bâtiments. En association avec Elizabeth de Portzamparc pour l’architecture des espaces de réception et Régis Guignard pour l’aménagement paysager.
1998-2010 : Hôpital de la Croix-Rousse, Lyon, France / 15 blocs opératoires, 300 lits, 50 chambres de réanimation, 430 places de parking.
2000-2006 : De Citadel, Almere, Pays-Bas / Logements et centre commercial.
2001-2004 : Siège du journal Le Monde, Paris 19e, France / Restructuration lourde d’un immeuble des années 1970 en bureaux pour le siège du journal Le Monde. En association avec l’Agence Elizabeth de Portzamparc (architecte d’intérieur).
2001-2008 : Tour Granite, Paris-La Défense, Puteaux, France / Tour de bureaux pour la Société Générale devant les tours existantes “Alicante“ et “Chassagne“ construites en 1995.
2001-2009 : Musée Hergé, Louvain-la-Neuve, Belgique / Équipement culturel accueillant le musée consacré à Hergé, salles d’exposition permanente ou temporaire, salle de projection, cafétéria, boutiques, ateliers, réserves et locaux administratifs.
2002-2013 : Cidade das Artes, Rio de Janeiro, Brésil / Équipement culturel : salle philharmonique, salle de musique de chambre, salle d’électro-acoustique, siège de l’Orchestre Symphoni

2005-2013 : Tour One – Manhattan – New York, États-Unis / Logements et hôtel
2011-2013 : Les Arènes, Casablanca, Maroc / Logements, hôtels, bureaux, commerces
2008-2014 : L’Avant-Scène – Trésums, Annecy, France, / Logements et hôtel
2010-2014 : La Fabrique, Bordeaux, France / Immeuble de bureaux
2010-2014 : Beaumartin, Bordeaux, France / Logements, commerces
2002-2015 : Tour Prism, Manhattan – New York, États-Unis / Logements
2008-2016 : Entrepôt Macdonald, Paris, France / Reconversion d’entrepôt en logements sociaux (163) et crèche collective de 60 berceaux sur 3 bâtiments certifiés Habitat et Environnement (H&E).
2010-2017 : Pont de Lumière, Metz, France / Logements
2011-2017 : Paris La Défense Arena, Nanterre, France
2011-2018 : Trigone, Issy-les-Moulineaux, France / Tour de bureaux
2012-2018 : Îlot A9B, quartier Masséna, Paris, France / Bureaux
2012-2019 : Bureaux, commerces, Beyrouth, Liban
2012-2019 : Eria, quartier Arago-Bellini, Puteaux, Paris – La Défense, France / Tour de bureaux
2013-2019 : Îlot Desaix, Lyon, France / Logements, commerces
2013-2019 : Centre culturel de Suzhou, Chine
2013-2019 : Hôtel Hilton Garden Inn, Massy, France / Restaurant, fitness, parking, espace de co-working
2014-2019 : Shangyin Opera House, Shanghai, Chine
2009-2020 : Grand Théâtre de Casablanca, Casablanca, Maroc

Université Sorbonne Nouvelle
2014-2020 : Campus universitaire Sorbonne Nouvelle, Paris, France
2014-2021 : Hafencity, Hambourg, Allemagne / Tour de bureaux, tour de logements
2013-2024 : Tours Sisters, Paris – La Défense, France / Tours de bureaux et ensemble hôtelier
2016-2024 : Palais des Congrès, Paris, France / Multiprogramme : hôtel, commerces, congrès, bureau

Urbanisme
2005-2010 : Riverside Center, Manhattan – New York, États-Unis / Projet urbain et d’architecture sur quatre blocs.
1991- 2012 : Les « jardins de La Lironde », Port Marianne, Montpellier, France / Projet urbain – Définition des orientations architecturales et urbanistiques de la ZAC “La Lironde“.
1995-2012 : Quartier Masséna – Grands Moulins, Seine Rive Gauche, Paris, France / Aménagement urbain du secteur – Elaboration des règles de construction : volumétrie, découpage des îlots, tracé des voies et des jardins publics
2005-2012 : Quartier Tripode, Euronantes, Nantes / Ilot mixte de 12 immeubles distincts avec logements, commerces, hôtel, bureaux
2008-… : Grenoble-Esplanade, Grenoble, France
2009-… : Atelier International du Grand Paris, France
2009-… : ORSA, Établissement public d’aménagement Orly Rungis Seine Amont, France / Stratégie urbaine autour de douze municipalités au sud de Paris.
2009-… : Pôle métropolitain du Bourget, Grand Paris, France / Stratégie urbaine autour de cinq municipalités au nord de Paris.
2009-… : Rue de la Loi (concours), Bruxelles, Belgique / Définition d’une forme urbaine pour restructurer et densifier la rue de la Loi et ses abords.
2010-… : Grand Roissy, Roissy, France / Orientation et développement durable autour de la plate-forme de Roissy-CDG (800 km2)
2010-… : EURALENS, Lens, France / Stratégie territoriale autour de la zone du Louvre-Lens.
2010-… : Quartier Michelet, Paris-La Défense, France / Élaboration d’un master plan et d’un processus de transformation du quartier Michelet à La Défense.
2011-2018 : Atlantis Grand Ouest, Massy, France / Développement urbain avec logement, centre de conférence, cinéma, hôtel, commerces.
2013-2018 : Île artificielle, Qinhuangdao, Chine / Sur la mer de Bohai, 986 000 m2 avec hôtels, logements, installations sportives, services, commerces, bureaux, centre de conférence, port de plaisance, yacht club…
2011-2030 : Grenoble Presqu’île, France / Développement urbain (830 000 m2) avec laboratoires de recherche, logements, commerces, équipements publics, sportifs et culturel, transports…

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