IMMOBILIER - ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

Renégociation de bail, optimisation de charges : exemples de bonnes pratiques

Rexel & Nerium Conseil

Immobilier d’entreprise : Comment bien se faire accompagner dans la renégociation de ses baux, des charges, dans l’audit de son parc immobilier et l’estimation de ses valeurs locatives ? Quels sont les leviers de négociation avec le bailleur ? Comment restructurer et réorganiser une bonne relation entre le locataire et le propriétaire ?

Cas d’usage avec Hugues Farjon, Directeur immobilier, Services Généraux et Achats Indirects de REXEL FRANCE, qui s’est fait accompagner par Rafik Soussi, Directeur associé chez NERIUM CONSEIL, dans la renégociation de ses baux.

Lionel Cottin. Rafik, Nerium est partenaire du club Agora des directeurs immobiliers, mais pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous nous présenter votre entreprise ? 

Rafik Soussi : Nerium est un cabinet de conseil en immobilier commercial et d’entreprise dédié aux utilisateurs. Le cabinet existe maintenant depuis presque 13 ans. Nous accompagnons nos clients sous différentes thématiques : la renégociation de baux, l’audit des parcs immobiliers, l’estimation de valeurs locatives et aussi la mise à disposition de ressources spécialisées.

On a la chance d’avoir des profils différents, donc des analystes, des juristes, qui peuvent répondre à l’ensemble des demandes de nos clients.

Lionel Cottin : Hugues, chez Rexel, vous avez fait appel à Nerium. Pour quel type de mission ? 

Hugues Farjon : Le patrimoine de Rexel, diffus et divers, nécessite de se faire aider, de se faire accompagner par rapport à une renégociation.

Nous avons grosso modo 500 sites en France, 450 locaux commerciaux, des agences. Et nous avons également 9 entrepôts et une dizaine de plateformes administratives.

La particularité est que nous avons énormément de sites avec des loyers annuels de faible ou de moyenne valeur, donc beaucoup de lignes à gérer.

Et nous avions besoin de nous faire accompagner par un professionnel qui puisse screener nos baux, et savoir si nos loyers étaient corrects par rapport à des baux qui ont déjà 25 ans, sur lesquels il y a eu le jeu des indices, sur des entreprises que l’on a rachetées et dans lesquelles on n’avait pas d’historique, qui était sur des contrats anciens et assez lights.

Donc, savoir déjà si on payait le bon loyer et ensuite pouvoir contacter un nombre important de bailleurs, souvent des petites structures, et pouvoir les rencontrer pour une renégociation des différents loyers.

Lionel Cottin : C’était uniquement sur les baux et non les charges… 

Hugues Farjon : Les charges, ce sera certainement dans une deuxième étape mais dans une première étape, on avait besoin de screener nos loyers car nous sommes sur des engagements locatifs légèrement supérieurs à 40 millions d’euros. Les charges, c’est 10 fois moins, donc la priorité était les engagements locatifs.

Lionel Cottin : Rafik, sur l’optimisation des charges, quel est le niveau de vos interventions ou de vos engagements ? 

Rafik Soussi : On intervient également sur la partie audit de charges. On vient vérifier dans un premier temps au sein du bail commercial ce qui a été prévu, à la fois par le bailleur et le preneur. On vient catégoriser les principales charges. On sait tous que les charges sont divisées en trois grandes catégories : des charges de fonctionnement, les taxes et les travaux. C’est vrai que depuis la loi Pinel, nous avons observé un rééquilibrage du bail commercial. 

On constate maintenant, 9 ans après le décret de loi Pinel en 2014, qu’il est plus rare de trouver des anomalies sur la partie charges, d’un point de vue juridique.

Quand on analyse un bail, il y a deux grands axes d’analyse : l’axe juridique et l’axe comptable.

Avec l’aide de nos équipes juridiques et de nos analystes, on fait une vérification sur notamment les quotes-parts qui sont appliquées. Là, on peut encore trouver des anomalies, notamment quand on trouve des immeubles avec plusieurs locataires, où le bailleur peut, parfois involontairement par l’intermédiaire de gestionnaires qui s’occupent justement de la refacturation des charges, mettre à la charge des locataires en place, des locaux vacants. 

Mais globalement, la partie charges reste de mieux en mieux traitée par les bailleurs et de moins en moins d’anomalies sont observées sur nos analyses.

Lionel Cottin :  Hugues, est-ce que vous vous étiez fixé des objectifs en particulier ?

Hugues Farjon : J’avoue être parti avec un léger scepticisme. Non pas que nous gérons, au quotidien, nos loyers de façon exemplaire. Mais c’est vrai que l’on est plutôt sur des locaux sur lesquels les valeurs locatives au mètre carré ne sont pas très élevées, avec beaucoup de sites en province, des zones plutôt B2B, un commerce pro, pas de retail, très peu de pied d’immeuble. Et donc, on était un peu sceptique sur le fait qu’il y ait des poches de négociation.

On ne pensait pas qu’il y avait un nombre aussi important de contrats qui allaient être retraités.

On avait laissé la possibilité à Nerium d’utiliser l’argument de « je me réengage pour une durée ferme de X » pour obtenir des baisses de loyer, en négociant un engagement supérieur à ce que le bail prévoit, et garantir le bailleur sur un engagement ferme, notamment sécuriser ses flux financiers.

Et en fait, cet argument a été très peu utilisé par Nerium. Pour moi, la grande réussite a été de restructurer et réorganiser la relation entre le locataire et le propriétaire. Je ne pensais pas que cela allait se passer aussi bien. Je pensais qu’il y aurait plus de frottements, plus d’étonnements du propriétaire. 

Cela s’est vraiment très bien passé et l’objectif a été dépassé, par rapport au nombre de dossiers traités.

Lionel Cottin :  Combien de dossiers traités ? 

Rafik Soussi : Deux cents dossiers traités.

Lionel Cottin : Pour quel coût ?

Hugues Farjon : Je parle en tant que client ; nous avions négocié un pourcentage des économies récupérées. Donc, en définitive, plus je verse d’honoraires, plus j’ai de loyers économisés, sachant que je suis sur, grosso modo, une année d’économie alors que mon bail va courir encore deux ans, trois ans, cinq ans, dix ans.

Je tiens juste à préciser une chose qui est importante, c’est qu’un des leviers de négociation avec le bailleur et le propriétaire, c’est la notion de franchise de loyer. Pendant deux mois, trois mois, quatre mois, tu ne payes pas le loyer et cela n’a pas d’impact sur ton EBITDA, mais cela a un impact cash. Cela t’évite de décaisser effectivement ces loyers, mais cela n’a pas d’impact direct sur ton EBITDA, contrairement à une baisse de loyer.  

En définitive, cette franchise a été très peu utilisée. Plutôt que d’avoir du one shot – une économie, et ensuite mon loyer annuel classique, là, on bénéficie directement d’une baisse de loyer que l’on va retrouver tout au long de la vie de notre contrat.

Lionel Cottin : Est-ce que vous n’auriez pas pu le faire sans Nerium ? 

Hugues Farjon : Alors nous avons pris le risque de faire appel à Nerium car nous sommes vraiment une toute petite équipe. On a aujourd’hui à peu près, une quarantaine de dossiers de développement à traiter, des nouveaux baux, des transferts, des déménagements, des résiliations, beaucoup de renouvellements, etc. Très clairement, on n’avait pas le temps d’aller screener cette partie du parc. 

J’ai tout de suite dit à Nerium que je conserverai en direct, un certain nombre de très gros sites, avec de très gros loyers annuels parce que j’ai des engagements financiers importants, avec des bailleurs que je connais très bien, principalement, nos entrepôts. 

Nous avons, en accord avec Nerium, sorti de la liste, non pas les plus faciles mais ceux sur lequel les enjeux étaient, soit déjà démarrés ou redondants et les sites sur lesquels on avait une très bonne identification du bailleur, que l’on appelle les investisseurs institutionnels qui sont équipés et avec qui, on peut discuter plus facilement qu’un bailleur d’une petite structure.

Lionel Cottin : Rafik, se rémunérer sur les économies réalisées est-il le seul modèle de financement pour ces missions ? Il y a une part de risque !

Rafik Soussi : C’est une prise de risque mais moins avec la spécificité du cas Rexel, qui est une très belle signature et avec le fait que Hugues nous ait fait confiance en nous donnant un grand nombre de sites.

Plus on a de sites, plus on peut prendre ce risque-là et par conséquent, s’aligner sur les intérêts de notre client et proposer une rémunération au succès. Il arrive parfois que notre rémunération soit un mix entre forfait et succès. 

Globalement, l’idée est de montrer notre engagement auprès de nos clients, sans se substituer à la direction immobilière du client mais au contraire, de les appuyer.

Lionel Cottin : Comment prépare-t-on une telle mission et sur combien de temps se déroule-t-elle ?

Rafik Soussi : La préparation est un enjeu très important dans le cadre d’une négociation. Nous avons eu la chance avec Hugues d’avoir à disposition une base de données avec l’ensemble de ces baux qui étaient revus : on avait ainsi les échéances qui étaient déjà indiquées… On a eu simplement à ajuster les loyers avec les derniers indices. 

Mais cela ne veut pas dire que tous nos clients ont a la même maturité au niveau immobilier. Donc, c’est un travail que l’on peut faire aussi de notre côté. On récupère l’ensemble des baux et on vient les screener.

Il y a nos juristes qui viennent analyser chacun des baux, leurs avenants, les factures de loyer, vérifier l’indexation, si elle est bien appliquée, regarder éventuellement s’il y a des clauses qui nous paraissent farfelues d’un point de vue juridique et s’en servir ensuite, lors de la négociation. C’est une importante étape qui peut, en termes de temps et de délais, varier en fonction du nombre de baux que l’on nous confie. 

Ensuite le temps d’une mission comme celle-ci varie. L’objectif de Rexel était de maximiser les économies. Donc on a pris le parti de lancer les négociations au moment le plus opportun, notamment en se basant sur les échéances. On avait, dans un premier temps, identifié une centaine de sites avec Hugues. Les négociations ont été lancées rapidement et ensuite, c’est tout un travail de suivi de bailleurs qui s’est étalé sur l’année 2021. C’était la première vague que nous avions lancé.

Le rythme et le suivi sont des éléments importants puisqu’on a en face de nous des bailleurs, et comme le disait Hughes, cela peut être des bailleurs privés, individuels qui n’ont pas forcément l’habitude d’avoir des discussions. Donc on se doit de rythmer au quotidien, de relancer. C’est tout en un travail que l’on a fait, pour obtenir des résultats le plus rapidement possible sur cette première année.

Lionel Cottin :  Hugues, quelle a été la durée de la mission ?

Hugues Farjon : Début 2021, on rentrait dans le vif du sujet, les données ayant été collectées. À peu près, mi-2021, jusqu’à fin 2022. Et fin 2022, on a fait le point et on a réinjecté à peu près, une quarantaine de sites qui étaient des sites sur lesquels on avait des interrogations.

J’interroge toujours mes commerciaux pour préparer éventuellement un réengagement de durée. On avait quelques incertitudes sur un certain nombre de sites, qu’on a levé, et on a pu, à nouveau, nourrir la base de Nerium, de ces sites-là.

Lionel Cottin : Comment se prépare la phase de prise de contact ?

Rafik Soussi : Il y a un élément important qui est le contexte du site en particulier et c’est un travail que l’on a fait aussi avec Hugues, avant de lancer la négociation. On a eu la chance et je remercie encore Hugues d’avoir été disponible pour nous, pour nos questions, puisque chaque site a une histoire. Donc, il s’agissait de s’imprégner de l’histoire de chacun de ces sites et ensuite de prendre attache avec le bailleur, de le rassurer que nous étions bien mandatés par le groupe Rexel. 

Il y a de la pédagogie à avoir avec les bailleurs, que ce soient des institutionnels ou des particuliers.

Lionel Cottin :  Est-ce que vous avez travaillé les argumentaires en fonction de la situation des sites ?

Hugues Farjon :  Ce qui est très important, c’est le timing. Effectivement, un bail aujourd’hui c’est 3, 6, 9 en général, voire 12 et donc, quand un propriétaire arrive au bout de la cinquième année, au bout de la septième, huitième année, il peut être mis en stress en étant habitué à un rythme financier.

On sait si les sites sont un petit peu moins stratégiques que d’autres, on les connaît à peu près tous et donc, on sait que l’on est plutôt sur un léger stress sur la relocation. 

On va être honnête, nous n’avons pas personnalisé chacun des sites sur son environnement mais on a plutôt donné les grandes tendances à Nerium, sur des sites sur lesquels il y avait plus ou moins de stress sur le renouvellement, plus ou moins de tension. 

Lionel Cottin :  Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de sortir du bail ?

Hugues Farjon : On va, éventuellement, donner un congé pour se transférer sur un autre site. Certains de nos propriétaires nous envoient des offres de renouvellement ou des demandes de résiliation, mais cela nécessite des indemnités, donc c’est très compliqué. C’est plutôt un petit coup de bluff. Nous n’avons jamais été à la rupture avec les bailleurs. 

Sur la relation locataire-bailleur, j’ai dû avoir quatre propriétaires qui ont été scandalisés, disant avoir été contactés par un cabinet d’avocats. Ils n’avaient pas lu le courrier. Ça fait 2%, finalement, c’est très peu.

Lionel Cottin :  Rafik, quels sont les leviers de négociation ?

Rafik Soussi : Le premier levier, on l’a évoqué rapidement, c’est la qualité de signature de Rexel. C’est un luxe, dans le contexte actuel, de se dire que l’on a une société aussi solide financièrement et c’est un axe de discussion que l’on a avec les bailleurs. Ils sont à l’écoute d’une discussion sur le loyer.

Le deuxième levier, c’est le constat par rapport à la valeur locative de marché. Sur l’ensemble des sites que nous a confié Hugues, ils étaient bien négociés et il n’y en avait aucun qui étaient au-dessus du marché. Au contraire, ils étaient très bien positionnés, voire parfois, même en dessous, donc cet argument, en tout cas pour la mission Rexel, a été compliqué à mettre en avant.

Donc il a fallu mettre en avant d’autres arguments comme la possibilité de réengagement ou en tout cas, de la durée que pouvait proposer le groupe Rexel.

Lionel Cottin : Avec le troisième trimestre 2022, on a quasiment 6% d’augmentation de loyers. Hugues, comment gérer ces hausses de loyer dans le contexte d’inflation actuelle ?

Hugues Farjon : D’abord, il y a un contrat, avec un engagement des deux parties. Parmi cet engagement, il y a effectivement cette règle qui peut être plus ou moins adaptée, qui est que le loyer va augmenter en fonction de tel ou tel indice, versus le même indice d’un an avant, etc. 

Dans nos métiers, on fait des budgets. Et la complexité est d’aller déterminer sur les engagements locatifs que l’on a, quel va être l’impact réel des charges, des indices. Personne n’a de boule de cristal. On travaille avec les plus gros cabinets immobiliers, BNP, CBRE, etc… qui nous aident en fonction de leurs études, à approcher de la vérité. 

Mais vous pouvez pas, en tout cas chez nous, aller voir la direction financière et dire que l’indice va être de 5 et 6 %, parce que, sur nos engagements locatifs, l’impact est trop fort. On a certains de nos baux qui sont capés, c’est-à-dire que la hausse ne peut pas dépasser 2 à 3% annuels, parfois 5 à 6% triennal. Parfois, on a des loyers fixes. On a un entrepôt sur lequel on a 1% par an d’augmentation. Donc quand on est à -2, ce qui n’arrive jamais, c’est une bonne nouvelle pour le propriétaire. Quand les indices montent, malheureusement, c’est une mauvaise nouvelle pour l’investisseur. 

La contrepartie, c’est que nous vendons du matériel électrique, des solutions pour la performance énergétique et que nous avons nous-mêmes refacturé à nos clients l’inflation, ce qui est normal, et que cette inflation, nous a permis aussi d’afficher une croissance solide avec une partie de croissance bien sûr organique, et une partie de refacturation d’inflation. Donc on ne peut pas gagner sur tous les tableaux. 

Ce qui me plaisait, quand l’indice du coût de construction montait, c’est que mes clients finaux, qui sont des entreprises de construction, travaillaient vite, travaillaient beaucoup et vendaient plus cher leurs prestations car le marché était demandeur. Donc, c’était presque vertueux. Cela nous permettait d’avoir une idée sur ce qu’allait être le marché de la construction.

Lorsque les indices, charges énergétiques et fiscalité, augmentent en même temps, j’ai peur que les conséquences soient lourdes pour des locataires.

Lionel Cottin : Y-a-t-il des leviers sur cette hausse parfois quasi automatique ?

Rafik Soussi : Oui, il existe des leviers en effet. Il y a un constat simple : la plupart des charges sont indexées sur l’inflation et aussi un loyer qui est indexé sur l’inflation. Donc, cela fait beaucoup d’inflation répercutée sur le locataire. Déjà, c’est un argument que l’on met en avant auprès des propriétaires quand on fait un constat.

Alors est-ce qu’il est suivi d’effets ? Naturellement, il y a des bailleurs qui ne viennent pas indexer certains loyers. On l’a observé dans le cadre de nos négociations. Ensuite, il y a des mécanismes que l’on met en place.

Pour la mission Rexel, on a privilégié les baisses de loyer pour aller plus loin que l’effet inflation. Mais en effet, on peut discuter avec un bailleur pour geler pendant un temps, le mécanisme d’indexation ou supprimer purement et simplement cette clause jusqu’à la fin de bail. Cela peut fonctionner. 

Lionel Cottin : À combien les gains obtenus se montent-ils et sont-ils satisfaisants ? 

Hugues Farjon : Ils m’ont satisfait. En premier lieu, le travail étant sous-traité par des professionnels et on dégage du temps pour faire autre chose. 

On est entre 40 et 50 dossiers qui ont fonctionné, sur des re-signatures et entre 100 et 300000 euros d’économie par mois.

Chaque cas est particulier et on a encore quelques dossiers que l’on surveille.

Lionel Cottin : Sur l’aspect qualitatif de la mission, des contentieux ?

Hugues Farjon :  Très peu de bailleurs ont manifesté un mécontentement. Aucun courrier d’avocat de mise en demeure d’arrêter la mission ou de rupture.

C’est sympa de travailler avec l’équipe de Nerium qui est hyper réactive et répond sous une heure à nos mails. 

On leur demande parfois de traiter l’avenant, c’est-à-dire de rédiger le contrat. C’est un petit forfait en plus. Ils traitent le juridique et en définitive, on t’envoie sur ta boîte mail un dossier que tu as vérifié, qui est bouclé avec tes différentes annexes, l’avenant au bail qui est assez simple puisque l’on fait référence à un bail plus complet, des échéances qui sont souvent très proches.

La plupart des baux sur lesquels on a retravaillé ont des prises d’effet immédiat voire même un peu rétroactives, ce qui est toujours très intéressant. 

Lionel Cottin : Rafik, avez-vous eu des déceptions dans la mission ?

Rafik Soussi : Non, sincèrement, c’était une mission à succès.

Je vais revenir sur l’appréhension évoquée par Hugues. On en avait aussi parce qu’on savait la qualité de Rexel et on connaissait aussi la maîtrise d’Hugues sur ces sujets. Les baux sont travaillés et les bailleurs de Rexel ne sont pas faciles lors des négociations. 

On peut accompagner des clients qui travaillent très peu leurs baux. Là, ce n’était pas le cas. Donc ça a été challengeant pour nous et un succès.

Pour qu’une mission soit un succès, il faut un réel engagement des deux parties et en l’occurrence, Hugues a été réactif et je le remercie. Il a été aussi à l’écoute de nos demandes. Quand on avait une interrogation sur un site ou un autre, il était présent. 

L’autre paramètre qui est important, c’est sa réactivité quand on lui soumettait une proposition obtenue de la part d’un bailleur. 

Hugues Farjon : Il y a eu aussi des moments où Nerium est allé négocier des baisses de loyer et où, après interrogation des exploitants, nous avons été malheureusement contraints de dire non parce que l’on n’avait pas une visibilité suffisamment longue sur notre désir de réengagement.

On ne va pas à tout prix aller re-signer un contrat parce que l’on a une baisse de loyer. On va signer un contrat parce que cet emplacement et cette location est stratégique dans notre roadmap. 

Et puis, on a aussi un petit degré de latence chez nous pour les signatures et on est parfois relancés. Mais il faut rapidement répondre au bailleur.

Lionel Cottin : Rafik, est-ce possible de mener ce genre de mission quand on est une PME, une jeune entreprise ou moins connu et solide que Rexel ?

Rafik Soussi : Tout est possible. Ce qui est très important, c’est de rester dans le dialogue avec ses bailleurs. On a des entreprises que l’on accompagne qui ont, soit des projets, soit des difficultés et qui oublient que le bailleur est aussi un partenaire. Et elles oublient de leur parler. Elles ont des projets donc budgétairement, elles sont limites et elles foncent droit dans leur projet, sans pour autant en discuter en amont.

On leur conseille, au contraire, de discuter rapidement avec eux, notamment si ce sont des travaux, pour voir dans quelle mesure, les bailleurs peuvent les prendre pour partie à leur charge.

Il y a un autre élément important aussi, c’est d’honorer son contrat en payant son loyer. C’est beaucoup plus compliqué d’aller discuter quand on ne paye plus ses loyers. Car la relation est dégradée avec les bailleurs. On conseille, au contraire, d’honorer son contrat et de faire appel éventuellement à un expert pour les aider à renégocier leur baux.

Lionel Cottin : Est-ce qu’il y a des missions où vous n’obtenez pas de gain ?

Rafik Soussi : Cela peut arriver, pour plusieurs raisons. On a parlé beaucoup du contexte locataire mais il ne faut pas oublier qu’il y a un contexte aussi du bailleur. C’est ce que nous faisons aussi pour le compte de nos clients, c’est-à-dire que l’on soulève le contexte bailleur.

Le bailleur peut être un privé, quelqu’un qui a un seul site, et on parle alors de sa rente. Il s’est lui-même endetté sur ce site et il est dans l’incapacité de revoir son loyer à la baisse. Ça, c’est un élément que l’on ne peut pas occulter malheureusement, et dont on fait part à nos clients.

Lionel Cottin : Hugues, comment voyez-vous la suite ? Est-ce qu’il peut y avoir d’autres missions ?

Hugues Farjon : On réfléchit à deux sujets. Le premier sujet, c’est que l’on a des filiales aujourd’hui qui ont moins de sites, qui sont beaucoup moins structurées, avec moins d’enjeux mais qui peuvent être aussi un volet intéressant sur un nouveau portefeuille à confier à Nerium.

Le deuxième axe, c’est dans le cadre de certains dossiers où l’on sent qu’il y a un dialogue bâti, mais sur lesquels on a du mal à avoir une baisse de loyer. Donc, c’est transformer la négociation, l’avantage locataire, par exemple en travaux d’optimisation énergétique.

Expliquer au propriétaire que si son site remplit une condition rapide qui est plus de 1000 m² en solo ou faisant partie d’un ensemble de plus de 1000 mètres carrés, il a des obligations et il faut que quelqu’un puisse lui rappeler de façon très pédagogique, l’obligation qu’il a d’emmener son bâtiment sur un -40% en 2030.

C’est un sujet qui nous intéresse car c’est notre ADN. Mais baisser les charges énergétiques BCT coût d’exploitation, c’est ultra important. Cela commence à prendre des proportions qui sont effectivement très fortes.

On peut parler des charges et je pense que l’on va être très vigilant. J’appelle tous nos membres locataires à bien étudier leur volet charges parce que certains bailleurs vont avoir du CAPEX, de l’investissement sur des parties communes, sur des économies d’énergie, etc…

Et ils vont refacturer une partie des travaux au locataire et le locataire devrait bénéficier de baisses de charges d’exploitation. Mais quand ces baisses vont-elles arriver ? Et dans quelle proportion par rapport au CAPEX qui a été mis ? Donc, attention à vos charges par rapport aux travaux d’optimisation mis en place par les propriétaires.

Rafik Soussi : Nous conseillons au preneur qu’il vérifie absolument les avenants qu’il peut recevoir car, au-delà du loyer, toutes les clauses relatives aux charges dans le bail sont importantes.

Lionel Cottin : Bail flexible, bureau opéré, espace de coworking… Comment regardez-vous ces nouvelles offres sur le marché ?

Hugues Farjon : Je pense qu’elles peuvent être principalement destinées à des gens qui opèrent des locaux tertiaires et qui, avec le télétravail, vont réduire leur loyer et aller affecter les ressources sur ce genre de site. 

Rafik Soussi : C’est une tendance actuelle de parler du bail flexible et chez Nerium, on pense que le bail 3, 6, 9 est révolu depuis très longtemps. On se retrouve dans un paradoxe immobilier où l’on a des bailleurs qui veulent absolument de la durée, de l’engagement ferme, et de l’autre, des locataires qui veulent au contraire de la flexibilité. 

Cela peut être lié à des modes de travail, comme le télétravail, mais aussi, par le contexte économique. On a de plus en plus de clients qui nous disent que de la fermeté n’est plus possible.

Donc, on travaille constamment, en échange avec les bailleurs, pour essayer de construire conjointement avec eux des solutions qui puissent convenir à la fois au locataire ou au preneur. Il ne faut pas se leurrer sur l’intérêt d’un bailleur. C’est de pérenniser son locataire et donc de l’écouter et de trouver des solutions avec lui. 

Propos recueillis par Lionel Cottin, Directeur de la rédaction d’ANews Workwell – Agora Medias.

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