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Aller droit au but dans son action

9️⃣ 🇫🇷 Footballeur ⚽ Entraîneur  🏆 Ligue des champions/Ballon d’or 📺 Consultant ❤️ Association Neuf de Cœur : Jean-Pierre Papin est l’invitée d’honneur de notre Diner Vip organisé avec Infor. 

Lors de ce dîner VIP d’Agora managers Groupe, Jean-Pierre Papin, figure emblématique du football français et ancien Ballon d’Or, s’est joint à Jérôme Ternois, VP of Sales chez Infor, pour échanger autour d’un thème inspirant, « Aller droit au but » dans lequel sont évoqués une philosophie d’action et de décision qui transcende le sport ou l’entreprise : clarté des objectifs, innovation, adaptabilité et efficacité. Une conversation qui met en lumière les parallèles fascinants entre les exigences du sport de haut niveau et celles du monde de l’entreprise où la quête de performance devient un langage universel.

Interview

Jérôme Papin : Quel est l’ADN d’Infor ?

Jérôme Ternois : Nous sommes une société d’édition de logiciels, donc on intervient pour aider les clients à faire toutes leurs opérations de back office, c’est-à-dire la gestion de production, la gestion des achats, la gestion des stocks jusqu’à la gestion des ventes. Et nous intervenons dans des domaines très particuliers que sont l’agroalimentaire, le monde du luxe et de la mode, la cosmétique et le monde de l’industrie manufacturière. On est spécialisé sur des secteurs d’activité très précis.

Nous faisons partie des Big Four, les quatre grandes sociétés mondiales qui interviennent dans le domaine des logiciels de gestion d’entreprise en entreprise. Nous sommes basés à New York et on intervient sur tous les secteurs d’activité et les géographies internationales.

Comment Infor place-t-il l’innovation au cœur de ses activités ?

Jérôme Ternois : Chez Infor, nous mettons l’innovation au centre de nos priorités pour répondre efficacement aux besoins de nos clients. Dans un environnement de plus en plus complexe, ils doivent gérer une multitude d’innovations, notamment en matière de gestion des données. Notre rôle est de les aider à exploiter pleinement les avancées technologiques, tout en leur permettant de détecter, au sein de ce volume considérable de données, les signaux faibles essentiels à une prise de décision éclairée.

C’est dans cette optique que nous avons adopté très tôt une stratégie tournée vers le cloud SaaS. Ce choix permet à nos clients de bénéficier directement des dernières innovations, tout en simplifiant la gestion de données et la gestion d’analytics. Aujourd’hui, notre modèle est conçu pour maximiser la valeur qu’ils peuvent tirer de ces innovations.

Jean-Pierre, comment l’analyse des données a-t-elle transformé ton approche en tant qu’entraîneur de l’équipe réserve de l’Olympique de Marseille ?

Jean-Pierre Papin : Aujourd’hui, tout peut être analysé, contrairement à mon époque. Les joueurs sont équipés de GPS, ce qui nous donne accès à une quantité impressionnante de données pour optimiser leur performance. Rien n’est laissé au hasard. Parfois même, les données prennent le pas sur ce que l’on observe directement sur le terrain. Grâce au GPS, on sait instantanément si un joueur a parcouru dix ou quinze mètres, s’il a sauté ou accéléré. Chaque détail est mesuré en temps réel.

Mais tu gardes quand même ton instinct ?

Jean-Pierre Papin : Il faut garder son instinct et certaines choses que l’on faisait avant. Mais, par exemple sur des séances de vitesse, à l’époque, on chronométrait l’ensemble du groupe sur un tracé d’un point A à un point B où il fallait aller le plus vite possible. Maintenant, on travaille en groupes de niveaux. C’est-à-dire qu’un groupe va faire 100 mètres, un autre 80, le troisième 60 pour avoir les mêmes data selon les niveaux physiques de chacun. 

Peut-on faire un parallèle avec Infor ? 

Jérôme Ternois : Ce que Jean-Pierre a souligné est essentiel : la véritable valeur ajoutée réside dans les outils qui permettent d’analyser les données et de les rendre accessibles aux utilisateurs pour les aider à prendre des décisions éclairées. Par exemple, nous avons collaboré avec le Borussia Dortmund pour analyser les performances des joueurs, notamment leurs déplacements. Ces données ont permis aux entraîneurs de prendre des décisions stratégiques, comme remplacer un joueur fatigué.

L’innovation, qu’elle soit en entreprise ou sur le terrain, est donc un moteur essentiel !

Jérôme Ternois : Absolument ! Cependant, il est crucial de ne pas négliger le facteur humain. Notre mission, pour mieux servir nos clients, est d’être toujours plus évolutif et adaptable. Par exemple, nous avons investi dans les technologies cloud et développé des solutions de connectivité qui permettent à nos clients de partager leurs données avec le monde extérieur et d’interagir avec une multitude d’informations.

Prenons le cas d’un fabricant de glaces : pour lui, connaître les prévisions météo est essentiel. Savoir à l’avance s’il fera chaud ou froid lui permet d’anticiper la demande et d’ajuster sa production. Nous avons donc conçu des API capables d’aller chercher ces informations, de les croiser avec d’autres données, et de fournir des analyses claires et cohérentes.

L’objectif est simple : offrir aux utilisateurs des outils qui leur permettent de prendre des décisions éclairées et d’agir rapidement pour répondre aux besoins du marché. L’innovation technologique devient un puissant levier pour renforcer la prise de décision humaine et accélérer la réactivité face aux opportunités et aux défis.

L’adaptabilité, c’est savoir s’ajuster à chaque situation. Comment gères-tu la flexibilité sur le terrain, Jean-Pierre, et par rapport au marché, Jérôme ?

Jean-Pierre Papin : La flexibilité, oui, mais elle a ses limites. En tant qu’attaquant, on a quand même un poste et des champs d’action qui sont très limités. Bien sûr, on peut toujours dépasser son champ d’action personnel ; on peut venir donner un coup de main en défense ; on peut avoir des obligations sur un coup de pied arrêté. Mais après, mon champ d’action de numéro neuf était surtout devant les buts parce que c’est là où j’étais le meilleur.

Jérôme Ternois : De notre côté, la flexibilité est une nécessité, car le marché évolue constamment et de plus en plus vite. Nos clients doivent parfois se déployer rapidement sur une zone géographique donnée, et, peu de temps après, se retirer en raison de changements géopolitiques ou d’évolutions économiques imprévues.

Pour répondre à ces besoins, nous avons conçu des solutions qui permettent aux entreprises de s’adapter rapidement, sans avoir à investir dans des infrastructures lourdes. Par exemple, avec un simple PC et une connexion, nos clients peuvent accéder à leur système, peu importe où ils se trouvent.

Qu’ils s’agissent de facteurs internes, comme la capacité de production, ou de facteurs externes, comme les fluctuations du marché, nos outils permettent de combiner ces données pour prendre des décisions éclairées. Cela aide nos clients à maximiser leur rentabilité et leur efficacité.

En effet, en cas de situation critique, nos solutions permettent de réagir rapidement : réduire la production, alerter les fournisseurs, et ajuster la chaîne d’approvisionnement en temps réel. Grâce à nos prévisions de marché, nos clients peuvent anticiper les besoins et éviter des ruptures coûteuses dans leur chaîne de valeur.

Avec plus de 30 ans d’expérience dans le développement de logiciels d’entreprise et la volonté de se concentrer sur les secteurs que l’on connaissait très bien, nous avons acquis une expertise approfondie dans des secteurs clés. Cette spécialisation, enrichie par les retours de nos clients, nous a permis de créer des solutions pertinentes, évolutives, et parfaitement adaptées aux tendances actuelles, tout en tirant parti des dernières technologies.

L’adaptabilité, c’est aussi être capable de modifier son jeu par rapport à son adversaire, comme tu as pu le faire en finale de la Coupe de France 89, avec Patrick Battiston, défenseur central mythique de l’équipe de France. 

Jean-Pierre Papin : Alors sincèrement, quand on est en match, on n’a pas le temps de penser à nos points forts ou aux points faibles de la personne en face, même si on la connaît, même si on a été coéquipiers en équipe de France. Quand on se retrouve face à un tel joueur que Patrick Battiston, tu sais qu’à tout moment, il est lui-aussi capable de changer pour te gêner.

Ce jour là, c’est arrivé comme ça. J’ai récupéré le ballon et je suis parti à gauche puis à droite, et il n’arrive à réagir à la situation. J’avais décidé d’aller le plus vite possible au but. Je savais que si j’allais dans ses pieds, c’était compliqué parce que, l’ayant côtoyé, c’est quelqu’un qui est relativement dur sur l’homme, qui est grand, costaud et que, pour le gêner, il fallait l’éviter.

Donc je ne me suis pas pas posé de question. Je ne suis juste pas allé dans ses pattes pour me donner le plus de champ possible. 

L’adaptabilité, c’est aussi avec ses coéquipiers. Chris Waddle disait récemment que c’est avec toi qu’il avait pris le plus grand plaisir à jouer parce qu’il sentait les moments où il fallait te donner ballon.

Jean-Pierre Papin : Cela s’appelle la complicité et la complémentarité entre joueurs. Et pour cela, je pense d’abord qu’il faut bien s’aimer, qu’il faut être copains. Avec Chris, je savais que le ballon m’arriverait dans les pieds quand je faisais un appel. Avec Alain Giresse, on avait mis un code au point ; à chaque fois que je venais face à lui, je la voulais dans le dos. Il savait que je faisais appel, contre-appel. Après, c’est facile de jouer avec de tels joueurs qui savent jouer court et long comme Michel Platini. 

L’adaptabilté pour Infor, c’est également pour le commercial de convaincre le client. 

Tout à fait, et dans un temps long. C’est super important de préparer en amont. Et nous avons un ensemble de personnes qui travaillent autour des projets de nos clients. Ce sont les développeurs qui mettent en œuvre et qui développent un certain logiciel. On travaille aussi avec des consultants qui vont paramétrer le système pour le pré-configurer et qui répond à 60 % environ des besoins de nos clients.

Comme ça, ils ont déjà 60 % du logiciel qui est déjà pré-câblé, renseigné pour pouvoir se concentrer sur les 40 % qui restent et être très efficaces pour raccourcir la durée de mise en place des logiciels de gestion d’entreprise. Bien souvent, cela prend beaucoup de temps et on essaie de raccourcir au maximum ce tunnel pour apporter vite un logiciel qui fonctionne dans les premiers mois, pouvoir ensuite l’adapter rapidement et le faire fonctionner très vite.

Dans notre métier, il est essentiel d’accompagner nos clients en leur montrant que de légers ajustements dans leurs processus peuvent faire une grande différence. Et qu’en modifiant légèrement leur process et en adoptant ce que nous considérons, avec nos 30 années d’expérience, comme les meilleures pratiques, ils pourront gagner en efficacité dans leur propre activité.

C’est précisément cette valeur ajoutée que nous apportons. Cela demande de former les équipes commerciales et d’impliquer plusieurs parties prenantes. C’est cette approche subtile et différenciante qui nous permet de nous démarquer de la concurrence et de contribuer à notre succès.

L’adaptabilité, c’est encore de savoir s’intégrer à une nouvelle équipe, comme lorsque tu es arrivé au Milan AC ?

Jean-Pierre Papin : Quand je suis arrivé au Milan, j’étais encore très marqué par le style de jeu que je pratiquais à l’OM, brut de décoffrage. J’ai donc dû adapter mon jeu pour m’intégrer à leur système. Par exemple, j’ai dû mettre de côté mes appels en profondeur, qui étaient ma spécialité, car le coach me demandait de jouer dos au but, une facette du jeu que je ne maîtrisais pas à l’époque.

J’ai appris à gérer cette nouvelle manière de jouer : anticiper le défenseur qui arrivait dans mon dos, protéger le ballon, et le remettre proprement à un coéquipier avant de repartir vers l’avant. Cela m’a demandé de réviser complètement mon style de jeu. Au lieu de plonger immédiatement en profondeur, je devais d’abord me rendre disponible en venant chercher le ballon dans les pieds. Ce fut un vrai apprentissage, et je ne l’ai pas maîtrisé immédiatement.

Plus tard, à Bordeaux, sous la direction de Rolland Courbis, j’ai encore dû évoluer. Il voyait en cette nouvelle version de Jean-Pierre Papin un atout pour son projet de jeu. Il a passé énormément de temps à travailler avec moi, pour affiner encore ce « nouveau logiciel ». Une fois de plus, j’ai dû m’adapter, cette fois en fonction des joueurs qui m’entouraient et des exigences de l’équipe.

C’est une leçon qui résonne aussi dans votre domaine ? 

Jérôme Ternois : C’est intéressant parce que nous avons une approche de composables ERP, c’est-dire que l’on a un logiciel dans lequel on peut prendre et assembler des briques et composer, comme un jeu de Lego, et répondre aux besoins spécifiques du client pour être opérationnel rapidement, s’ajuster en permanence et apporter de la valeur plus vite.

Jean-Pierre, quand on te remet le Ballon d’Or, quelle est la première chose qui te vient à l’esprit ?

Jean-Pierre Papin : La première chose, c’est de le dédier à mon ami Alain Casanova, qui était gardien remplaçant à l’OM. J’ai marqué des buts incroyables mais je sais que je n’aurais jamais atteint ce niveau sans lui. Tous les jours, pendant des années, il s’est fait bombarder à l’entraînement pendant 45 minutes, parfois une heure. Cette routine a forgé quelque chose de spécial entre nous : une amitié profonde et un défi constant. Lui voulait m’empêcher de marquer, et moi, je voulais absolument trouver le chemin des filets. Ce duel quotidien nous a poussés à nous dépasser, à progresser ensemble.

Pour moi, ce Ballon d’Or, c’est aussi une récompense pour cet effort partagé. Et cela me ramène à une vérité essentielle : à un moment donné, l’humain doit primer. Les outils, les méthodes, les systèmes, tout cela a ses limites si on n’y intègre pas des valeurs humaines. Un logiciel, aussi performant soit-il, ne mesurera jamais ton envie, ta motivation ou que tu dois courir plus que les autres. Il peut analyser, afficher des données, mais pour avancer et transcender ces données, il faut que l’humain prenne le relais.

L’humain, Jérôme ?

Je suis tout à fait d’accord : il ne faut pas se priver de la technologie et des nombreux avantages qu’elle nous apporte. Le facteur humain et la prise de décision resteront toujours essentiels. Mais ces décisions gagnent en pertinence et en rapidité lorsqu’elles s’appuient sur des données claires, bien présentées, et immédiatement exploitables.

Comme le dit Jean-Pierre, le facteur humain reste central. Nos entreprises, comme nos équipes, sont avant tout composées d’hommes et de femmes. Un projet réussit quand chacun travaille en harmonie : quand les développeurs comprennent précisément les besoins du client, et que ces besoins s’alignent avec ce que les commerciaux ont promis. C’est cette compréhension mutuelle, cette aventure humaine, qui fait la différence.

Jean-Pierre Papin : Quand je suis arrivé il y a deux ans à Marseille, je voyais les données comme quelque chose d’un peu obsolète. Je ne m’y intéressais pas vraiment. Mais aujourd’hui, je ne commence plus une matinée d’entraînement sans demander au préparateur physique les données des joueurs : combien ont-ils couru et comment ? Qui a bien récupéré ? Qui montre des signes de fatigue ? Ces données révèlent tout. Elles te disent si un joueur est au sommet de sa forme ou s’il est en difficulté, et cela te permet d’adapter l’entraînement en conséquence.

Propos recueillis par Jérôme Papin, Agora Managers Groupe.

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