IMMOBILIER - ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

Innovations métiers : Déménagement et transfert d’entreprise. Quelles prestations demain ?

Un an après la pandémie, l’immobilier d’entreprise a accéléré ses réflexions sur la transformation des immeubles et répondre aux nouvelles pratiques de télétravail, de mobilité et d’optimisation des surfaces. Par ricochet, les acteurs du déménagement et du transfert d’entreprise ont dû eux-aussi faire évoluer leurs offres et leur process. 

Retex de Jérôme JAMAN, Président fondateur de DMAX, sur les évolutions de ce métier (nouvelle mobilité, extension du périmètre d’activité…), et sur les innovations mises en œuvre notamment en économie circulaire et en RSE.

Jérôme JAMAN, un mot pour nous présenter DMAX.

Jérôme JAMAN : DMAX est une société que j’ai créée en 2006, spécialisée dans le déménagement d’entreprise, dans le stockage, la logistique, un peu de déménagement de particuliers. Aujourd’hui, nous faisons 32 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 400 salariés et nous sommes présents presque partout en France avec 16 agences. Et nous continuons à mailler le territoire en ouvrant de nouvelles agences au fur et à mesure.

Comment le métier a-t-il été impacté par la pandémie ?

Jérôme JAMAN : Nous avons fait partie des professions qui ont eu l’obligation d’arrêter de travailler pendant 7 à 8 semaines en dehors des prestations de transport de dernier kilomètre ou les livraisons de masques.

Nous avons repensé notre façon de travailler pour l’après crise et nous nous sommes préparés au tsunami des réaménagements accélérés par le flex office, bureaux partagés et l’avènement du télétravail avec des surfaces trop grandes et des bâtiments à délester ou à rendre.

Ce qui fait que notre métier de déménageur d’entreprises et même de particuliers est devenu un grand métier de mobilité. Et à travers cette mobilité, on a la gestion mobilière où on nous demande de gérer le mobilier mais aussi les allers et venues suivant les demandes du moment, suivant la politique du moment.

Par exemple, nos clients qui libèrent des surfaces de bureaux se sont rendus compte qu’il valait mieux laisser à un transporteur déménageurs logisticiens, la gestion de son mobilier à la demande.

Un métier de mobilité du mobilier en quelque sorte. Mais avec un travail hybride et du flex, cela fait moins de volume mais plus de mouvements. Qu’en est-il alors du stockage ?  

Jérôme JAMAN : En fait, il y a une problématique souvent comptable aussi. Nos clients amortissent un parc mobilier sur 5 à 7 ans. Et tant qu’il n’est pas sorti des immobilisations, tant qu’ils n’ont pas la certitude de pouvoir le réutiliser sur un autre site, ils nous le confient. Donc, nous réalisons des demandes de rapatriement ou de sortie de stock grâce à une logistique de traçabilité où chaque mobilier est repéré soit par des Flashcodes, QR Codes ou RFID et avec un logiciel de gestion et de consultations à distance.

Vous avez donc une activité de garde-meubles qui s’accroît. 

Jérôme JAMAN : Oui de plus en plus. C’est un phénomène qui est lié aux futurs J.O. mais aussi à la nouvelle façon de consommer, avec cette fameuse logistique du dernier kilomètre où tout le monde achète par internet et se fait livrer au pied de sa porte.

On a repoussé tous les stockeurs de plus en plus loin des centres villes Et toutes ces sociétés du dernier kilomètre ont besoin de point relais pour livrer. Ce qui fait qu’il n’y a plus d’espace, plus rien pour le stockage et tous les fabricants d’objets encombrants, de mobilier ont désormais un vrai besoin de manutention et de déménageurs. Donc on a vraiment évolué sur du majordome de mobilier.

Est-ce que l’on vous a demandé des livraisons chez les collaborateurs ?

Jérôme JAMAN : Cela a commencé bien avant la pandémie avec la RSE et les personnes en situation de handicap qui ont un mobilier spécifique. Mais effectivement, certaines sociétés nous demandent des prestations de distribution générale pour des gens en télétravail.

Vous lancez une nouvelle offre de petits travaux. Pourquoi cette extension de périmètre ? 

Jérôme JAMAN : Ce sont des petits travaux qui sont vraiment liés à la prestation de déménagement. Un déménageur n’a pas le droit de faire des trous dans les murs ou de visser ou dévisser du mobilier pour des questions d’assurance. Mais lorsqu’on arrive par exemple sur un site où l’on nous demande de déménager une cafétéria dont les meubles sont fixés au mur. Il faut bien les démonter et très souvent le client n’a pas prévu le menuisier ou autre corps d’état. Donc maintenant, on réalise ces prestations clé en main.

Vous êtes très actifs en matière d’empreinte environnementale. Par conviction, demande des clients, contraintes réglementaires ?

Jérôme JAMAN : C’était une conviction dès la création de Dmax en 2006 où l’on était déjà sur la réflexion du réemploi plutôt qu’avoir que du consommable. Aujourd’hui, avec toutes ces surfaces de bureaux qui se libèrent, nous avons de plus en plus de mobiliers de bureau à reprendre. Maintenant, cela fait plusieurs années que l’on a créé la marque Ecodesk et dont le rôle est de dire que nous sommes le seul point d’entrée de nos clients pour savoir quelle est l’après-vie du mobilier.

 On a trois axes majeurs : le premier, c’est la valorisation financière – on vous le rachète parce qu’il a une vraie valeur et peut intéresser quelqu’un.

La deuxième chose, c’est le Free-desk, c’est la donation. On le donne à des associations, à des sociétés en création qui ont besoin du petit coup de pouce au démarrage. On a une vitrine de ces mobiliers qui sont en très bon état et qui vont intéresser aussi des administrations. On équipe ainsi le commissariat à côté de chez nous. 

Et la dernière chose, c’est la valorisation des matériaux et l’on s’appuie essentiellement sur l’écoorganisme Valdelia et sur d’autres structures pour valoriser ces matériaux.

Et tout ceci nous a amené vers un métier de home staging appliqué au mobilier ; soit du desk staging : par exemple raccourcir des meubles qui sont trop grands afin de les adapter à une demande d’un particulier.

Recyclage, réemploi, économie circulaire, vous êtes aussi sur un nouvel emballage, la DBox ?

Jérôme JAMAN : Quand on pense déménagement, on pense carton dont la durée de vie est un seul déménagement. Quel dommage, même si le carton est recyclé derrière. On est donc parti du constat qu’il fallait un emballage assez résistant et réutilisables un maximum de fois. On a donc créé la DBox. C’est un carton mécanisable, sans adhésif pour moins de consommable qui a l’avantage de se fermer et de s’ouvrir très rapidement. Et il est sécurisable avec un plomb pour vous assurer qu’il n’a pas été ouvert.

Il résiste aux éclaboussures et donc aux intempéries. Il a des poignets pour l’aspect pratique et on l’a fait contrôler pour qu’il soit utilisable un minimum de 40 fois. Et on peut aller jusqu’à 200, 300, 500 fois si on le veut ; cela dépend de quelle manière vous le transportez évidemment. Et en fin de déménagement, nous venons récupérer ces boxs.

 Et sur la partie métier propre et économie circulaire, nous sommes en cours de développement de nouveaux emballages en matériaux recyclés qui seront réutilisables, qui augmentent la protection d’une manière significative et qui seront presque ludiques à utiliser.

Toujours en RSE, on va parler de flotte de véhicules et évidemment de la réduction de votre empreinte environnementale.

Jérôme JAMAN : Dès la création de Dmax, nous avions mis en place une charte environnementale dans laquelle on avait le respect des normes anti-pollution du moment. Nos véhicules sont renouvelés systématiquement pour respecter ces normes. Et nous avons mis des véhicules électriques et au gaz en free floating pour nos collaborateurs.

Ils sont en libre-service avec évidemment des agendas en ligne et chaque commercial ou chef de chantier peut réserver son véhicule.

Eh bien ! au final, on a 3 à 4 commerciaux pour 2 véhicules.

C’est valable pour vos petits véhicules mais quid de vos gros camions ? 

Jérôme JAMAN : Là, on est devant un vrai problème. Nous avons essayé il y a déjà dix ans d’avoir des véhicules vertueux dans notre flotte. Mais à l’époque, un camion à gaz coûtait au minimum deux fois et demi le prix d’un camion normal. Je me souviens d’avoir proposé à des clients prestigieux d’utiliser ces véhicules vertueux et que chacun fasse sa part pour le coût mais cela ne passait pas.

Et sur l’électrique, l’offre n’est pas encore conséquente sur de gros véhicules. Les constructeurs ne suivent pas. Il y a trop de demandes et une attente de 18 à 24 mois. Là, on est un peu dans un goulot d’étranglement.

Et sur les ZFE, nous déménageurs, nous avons des dérogations et nous pouvons encore entrer parce que nous ne sommes pas des transporteurs réguliers, entre guillemets.

Et la hausse du coût des carburants, est-ce difficile pour vous ?

Jérôme JAMAN : Sur les prix évidemment que c’est difficile mais pas tant que ça puisque notre métier est un métier de proximité. Les entreprises quand elles déménagent, c’est toujours dans un secteur assez proche. Donc nous ne faisons pas énormément de kilomètres. 

Vous avez créé des structures d’insertion, de formation et vous faites du mécénat sportif… Pourquoi toutes ces actions ?

Jérôme JAMAN : On a la chance d’être un métier accessible à beaucoup de monde. Puis on est très sensible à l’idée de redonner envie aux gens de s’insérer dans la société. Il y a toujours une bonne ambiance et un côté équipe dans notre métier. C’est pour cela que naturellement, on s’est mis dans du sponsoring sportif, rugby, football mais aussi dans les sports féminins puisqu’on a été partenaire longtemps du handball féminin Paris 92.

Et nous avons du mécénat avec de petits clubs régionaux qui peuvent nous apporter des futurs collaborateurs, qui découvrent notre métier au travers de ces partenariats.

Enfin, la structure d’insertion à Toulouse est une structure interne où nous formons en moyenne 18 collaborateurs par an sur deux métiers du déménagement : la manutention et la conduite des véhicules légers et des poids lourds. 

Finissons sur la digitalisation. Tout est digitalisé chez vous sauf la lettre de voiture ?

Jérôme JAMAN : La lettre de voiture est le document que nos clients signent à la fin pour dire que la prestation a été bien faite. Cette signature en blockchain est en cours de finalisation. Tout notre process est digitalisé ; de la visite technique, l’édition du devis à la remise de l’offre, jusqu’à la planification. Tout est en ligne et cela nous nous permet de savoir en temps réel nos disponibilités, où sont les véhicules, les déménageurs, nos commerciaux afin de pouvoir s’adapter à une demande urgente.

Et pour le stockage, nous aurons bientôt dans les entrepôts, la géolocalisation en temps réel pour repérer un objet quel qu’il soit, ce qui nous fera gagner un temps énorme. 

Propos recueillis par Lionel Cottin, Directeur de la rédaction ANews Workwell – Agora Médias

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