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Une perspective novatrice sur la gestion des risques et la collaboration au sein des équipes

Dans un monde professionnel en constante évolution, l’adoption de pratiques innovantes en gestion des risques, en stratégie de collaboration et dans l’analyse de la donnée est essentielle.

Et pour parler de ce passionnant sujet et tirer des leçons du monde du sport pour optimiser la performance de votre entreprise, nous avons eu le plaisir de recevoir Henri Leconte, ex-champion de tennis (vainqueur de la Coupe Davis, vainqueur en double & finaliste en simple à Roland-Garros…), aujourd’hui Associé de HL&CO Performance et Damien Lambert, Customer Success Lead chez Pigment, une entreprise spécialisée dans l’établissement de budgets de prévision et de plans agiles pour les entreprises.

Julie Guénard : Henri, vous accompagnez des entreprises au quotidien. Quelle est votre vision de la planification des finances qui a pour but d’assurer la pérennité d’une entreprise ? Est-ce que planifier dans le tennis, c’est primordial pour être prêt le jour J ?

Henri Leconte : La planification est importante. Il faut toujours voir le risque positif et négatif. On essaie toujours de rester sur le risque positif, mais il y a toujours une remise en question. Donc pour une gestion financière d’une société ou d’une carrière sportive, la planification est importante. Encore plus aujourd’hui.

On sait très bien qu’on utilise les data pour être encore plus performant. Donc les risques, je peux bien vous en parler parce que j’avais un jeu à haut risque. Je prenais toutes les chances de mon côté et j’y allais vraiment mais en fin de compte, je maîtrisais plus ou moins ce que je faisais.

Dans le monde de l’entreprise et dans le sport, on est obligé à un moment de pouvoir vraiment se structurer pour pouvoir aller de l’avant et calculer un certain risque. Et ce qui est important, c’est d’avoir une équipe capable de vous aider à aller dans la meilleure direction possible et c’est d’écouter aussi tout l’entourage que l’on a autour de soi.

Julie Guénard : Damien, Pigment joue un rôle crucial pour de grandes entreprises en rassemblant les personnes, les données et les processus dans une plateforme intuitive et intégrée, en aidant les équipes à élaborer des stratégies fiables pour stimuler la croissance et préparer l’avenir. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus sur vos solutions ?

Damien Lambert : On est une plateforme collaborative. Vous pouvez y accéder sans avoir besoin d’installer le logiciel. Vous pouvez simplement utiliser votre navigateur, ce qui permet de déployer très rapidement l’outil chez nos clients. Notre mission avant tout, c’est de rassembler les processus, les collaborateurs et les données au sein d’un même environnement.

Le bénéfice pour nos clients, c’est avant tout de pouvoir centraliser et créer des synergies entre toutes ces données, construire des rapports, construire des hypothèses, simuler et donc finalement, itérer sur ces données pour obtenir des résultats et prendre des décisions rapides en évitant ces fameux risques pour lequels on est ensemble.

J.G : Quand on parle de planification, c’est aussi limiter les risques. Comment gérez-vous ce sujet dans le sport, Henri ?

Henri Leconte : Dans le monde du sport aujourd’hui, on a cette chance d’avoir aussi une plateforme comme Pigment, qui peut être vraiment utilisée dans n’importe quel domaine, parce qu’on peut planifier. On peut dire : on va essayer ça. Est-ce que ça fonctionne ? Est-ce que ça, ça va être encore plus performant ? C’est quand même quelque chose d’exceptionnel.

Nous, on ne l’avait pas dans les années 80. On n’avait rien, même pas de smartphone. Aujourd’hui, on utilise de plus en plus les données et c’est ça qui est intéressant.

Dans le sport, on en a utilisé au début dans le monde automobile, dans la Formule 1, dans le ski parce que c’était une trajectoire toujours la même, tandis que pour nous, dans le tennis, c’était quelque chose d’innovant : savoir combien on avait frappé de coups droits, combien d’aces, etc. Au début, c’était une société qui prenait toutes ces données pour pouvoir après faire le bilan le match.

Mais la prise de risque que l’on doit mettre en place et que l’on peut limiter, elle est importante aujourd’hui et c’est ça qui est intéressant. Votre logiciel est intéressant parce qu’on n’a pas besoin de faire quelque chose d’exceptionnel. C’est assez simple, on rentre les données et vous travaillez avec les différentes personnes pour leur faire comprendre rapidement comment cela fonctionne. Et c’est ça qui est bien.

J.G : La planification et l’analyse de la data sont très présentes au sens de Pigment. Comment cela fonctionne-t-il ?

Damien Lambert : On a énormément de données. Auparavant, comme le dit Henri, vous étiez obligés finalement d’envoyer ces données à une entreprise spécialisée. Sauf que cette donnée va être interprétée à travers cette entreprise et finalement, on n’a plus tellement la main dessus.

Et nos clients aujourd’hui cherchent à maîtriser parfaitement cette donnée, être capable de la définir, l’utiliser pour en extraire la substance qui va apporter de la valeur. Pigment va permettre de la corréler.

J.G : Henri, comment les athlètes abordent-ils le sujet de la data ?

Henri Leconte : Au départ, cela a été compliqué de pouvoir l’accepter parce qu’on s’est dit qu’on allait dépendre d’une machine. Mais en fin de compte, la machine, qui la construit ? C’est l’humain. 

Alors dans certains sports, comme la F1 ou le ski, ça a été vite accepté. Mais dans d’autres, on s’est dit qu’on allait perdre le naturel, la spontanéité, le choix de pouvoir décider. 

Mais grâce à toutes ces datas, ça nous permet aussi de pouvoir énormément progresser, par exemple sur le corps humain, sur certains efforts, comment les travailler.

Moi par exemple, qui a eu trois hernies discales, si j’avais pu savoir comment je fonctionnais et qu’on avait eu toutes ces datas, on aurait travaillé mes carences. Et c’est ça aujourd’hui qui est exceptionnel.

J.G : Damien, dans la collaboration d’équipes, quelles sont les principales menaces auxquelles elles peuvent faire face dans leur environnement actuel ?

Damien Lambert : Je pense que la principale menace, c’est l’environnement qui va extrêmement vite. Il va beaucoup plus vite que la capacité à s’adapter pour les entreprises. Et c’est aussi l’une de nos missions que de pouvoir être très flexible et s’adapter extrêmement vite au changement pour pouvoir prendre des bonnes décisions. C’est également d’être proactif.

Typiquement, Pigment va éviter les hernies discales de l’entreprise en analysant cette donnée, en essayant de résoudre et d’identifier des signaux et des problèmes avant qu’ils n’arrivent. Donc, devant ces menaces, dans un environnement qui change, dans ces incertitudes, comment arriver à mesurer et planifier pour éviter les risques futurs.

J.G : Henri, est-ce que vous avez eu des expériences spécifiques sur la gestion de risques ?

Henri Leconte : La gestion du risque, c’est aussi la gestion des émotions. Parce que le risque, ça fait peur. C’est comme certains mots qui te mettent en alerte ou te font régresser. Donc, c’est gérer les émotions.

Le sport, c’est exactement la même chose qu’une entreprise. On a tout un staff, toute une équipe et on a parfois un leader qui a une certaine tension parce qu’on est en approche de résultats et en fin de compte, il transmet un peu ses émotions à son équipe. Donc, il faut qu’une personne travaille avec lui pour lui suggérer d’autres choses et alléger ses émotions et cette pression-là.

Si j’avais pu gérer mes émotions quand je jouais, j’aurais été encore plus performant. Donc c’est la même chose. Le plus gros problème dans le monde du business comme dans le sport, c’est d’accepter cette pression-là et de croire que l’on est protégé, que tout va bien malgré la pression. Et c’est là où tu fais patatrac et que tu te retrouves dos au mur avec une situation qui devient très compliquée.

J.G : Damien, est-ce que vous pensez que l’innovation dans la gestion des risques nécessite une approche spécifique, une adaptation selon le type de secteurs ?

Damien Lambert : Oui, puisque les risques sont différents et spécifiques et on va les traiter en fonction. On va construire quelque chose qui correspond à l’entreprise et à son secteur d’activité.

Et là, ça rejoint un peu aussi ce que disait Henri, au fond, derrière, il y a un humain. Pigment n’est pas une solution qui arrive et qui va résoudre tous les problèmes derrière. Au contraire, on va vraiment exploiter, maximiser l’impact des processus qui ont été construits par les humains.

Et ce sont des humains qui vont construire ces processus sur Pigment. Donc ça, c’est vraiment clé. Vu qu’il y a de l’humain, il y a des spécificités. Chaque personne va réagir différemment et va construire aussi quelque chose qui lui correspond, qui lui ressemble, qui correspond à son entreprise et qui correspond à son secteur d’activité.

Et c’est là où c’est très intéressant d’avoir une plateforme ouverte, contrairement à tout ce qui pouvait exister sur le marché pendant très longtemps, où on avait des outils extrêmement structurés, très très peu flexibles, et où finalement, l’entreprise devait s’adapter à l’outil et non l’inverse.

J.G : Est-ce qu’il y a un langage spécifique au niveau de la plateforme ?

Damien Lambert : Non. C’est vraiment là-aussi dans notre ADN. Notre produit est aussi simple que de parler à quelqu’un. Finalement, c’est vraiment pareil que si je m’adresse à un collaborateur pour lui demander un rapport. C’est du langage naturel, donc pas besoin d’apprendre un code spécifique ou l’informatique. Tout le monde peut le faire.

De plus, notre approche est très ludique et on ne passe pas beaucoup de temps en théorie, à apprendre un code ou lire une notice. 

C’est comme on pourrait le faire au tennis où l’on va faire taper quelques balles au client pour qu’il puisse comprendre et commencer à ressentir des émotions. Avec nous, il va comprendre la puissance de l’outil, comment cela fonctionne, quels sont les outputs de ce qu’il est en train de faire.

Ça lui permet de comprendre très rapidement comment on utilise la plateforme. Et là, ça apporte beaucoup de valeur très vite.

J.G : Henri, concernant la gestion d’équipe et la collaboration, avez-vous des éléments clés qui vous ont amené à votre victoire en double à Roland Garros avec Yannick Noah ?

Henri Leconte : Les éléments clés ? Elles sont importantes. D’abord, il y avait deux personnalités différentes. La forte personnalité de Yannick. J’étais un peu le petit frère, donc j’écoutais. Il avait plus d’expérience, il avait gagné Roland-Garros, donc il m’a porté vers le haut. Mais après aussi, il a pu s’appuyer sur mes forces, sur ma folie, sur les moments où il y avait de la pression et où je lâchais les coups parce que la pression n’était pas la même pour moi. 

Mais aussi, j’allais le voir pour qu’il me rassure dans les moments aussi importants. 

Le double, c’est un binôme. Quand on sent que l’autre commence à perdre un peu pied, on lui dit : « T’inquiète pas, tout va bien, tu es en forme, tu es solide, t’es là ». Donc tu l’encourages et tu vas le réconforter sur ses points forts, et jamais lui faire remarquer ses points faibles parce que là, c’est sûr, le gars, il se met sous la table. Donc on lui dit : C’est pas grave, ça peut arriver, on va aborder le problème d’une autre façon ». 

Donc c’est vraiment une écoute, une entente, un respect.

J.G : Damien, quelle est l’importance de la phase initiale de compréhension des besoins du client par rapport à la personnalisation ?

Damien Lambert : Elle est essentielle parce que c’est comme la construction des fondations quand on construit une maison. Donc notre objectif est vraiment de pouvoir écouter, comprendre les enjeux et les besoins du client. C’est aussi là où l’on va créer ce binôme. C’est là où l’on va créer cette relation.

Donc c’est essentiel et on investit énormément de temps à ce moment-là pour nous assurer que finalement, derrière, tout va bien se passer et que le client va vraiment être satisfait.

J.G : Comment assurez-vous que chaque étape du processus soit ludique pour vos clients ?

Damien Lambert : En fait, on a déjà deux missions. Une première qui est de livrer beaucoup de valeurs aux clients très rapidement. Ensuite, la deuxième, c’est de les former de manière ludique avec beaucoup de pratique où finalement, on va utiliser un peu de gamification. 

Et c’est là où les analogies avec le sport, avec le monde du jeu est très intéressant parce que finalement les clients vont obtenir des récompenses à chaque étape de leur apprentissage et ça va les inciter vraiment à s’accrocher, à continuer à comprendre. Et en fait, ils vont apprendre sans s’en rendre compte, en passant un bon moment.

J.G : Comment exploitez-vous la data pour en extraire de la valeur ?

Damien Lambert : En fait, on va utiliser les principaux axes dimensionnants des entreprises pour pouvoir analyser la donnée à travers plusieurs regards. On va fusionner et croiser ces données internes ou externes à l’entreprise, pour identifier des tendances, identifier des risques mais également des opportunités que l’on va pouvoir saisir.

J.G : En quoi une perspective novatrice sur la gestion des risques dans le tennis pourrait-elle influencer la prise de décision stratégique ?

Henri Leconte : La préparation et l’innovation sont importantes. On le voit avec des joueurs tels que Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic qui ont mis le tennis dans une autre dimension.

Moi, j’ai réussi parce que j’avais Yannick. Il était plus fort et je voulais le battre et donc je le copiais. Après, on doit aller dans une autre dimension, aller chercher encore quelque chose de plus performant. Parce que si on copie le même entraînement, ça va être bien. On va être un peu plus performant parce que c’est quelque chose d’innovant pour nous. Mais après, si on veut le dépasser, il faut mouiller le maillot, il faut aller travailler. Il faut aller encore analyser ce qu’il fait de mieux.

On va dire : il est plus souple. Moi, je suis plus raide. Donc je dois devenir plus souple, plus tonique, avoir plus de densité. Et là, je vais avoir une vision du jeu qui va être totalement différente. C’est tout cela qui fait avancer les choses. En fin de compte, dans le monde du business, c’est pareil.

J.G : Pour terminer, en quoi la co-construction est-elle considérée comme un moyen de mieux anticiper les besoins du client, de comprendre leurs impacts et d’atteindre leurs objectifs ?

Damien Lambert : Personne n’est mieux placé que le client pour savoir quels sont ses besoins. Donc c’est pour cela qu’on le met vraiment au cœur du déploiement de notre plateforme. Et on va avoir une approche très personnalisée du client puisqu’en fait, on va prendre en compte toutes ces caractéristiques pour pouvoir lui restituer la meilleure façon pour lui de grandir, de gagner et même, de dépasser les attentes initiales.

Interview de Julie Guénard, General Manager de l’Agora des Directeurs Financiers, de l’Agora des DRH et de l’Agora des Directeurs Juridiques.

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