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Hypercroissance : retour d’expérience du CFO de Doctolib

Retour d’expérience du CFO de Doctolib dans l’Agora des Directeurs Financiers : une plongée dans l’hypercroissance et les défis financiers

Pierre Vergnes, Directeur financier de Doctolib, dévoile les coulisses de la stratégie financière de l’entreprise, sa gestion de l’hypercroissance et les défis auxquels il fait face.


Il partage ainsi des détails fascinants sur la trajectoire exceptionnelle de la licorne française et sur la manière dont son service est devenu un pilier dans le domaine de la santé en Europe. Doctolib, connu de tous pour sa plateforme de prise de rendez-vous médicaux, a également joué un rôle clé lors de la pandémie, mais selon Pierre Vergnes, son rôle va bien au-delà.

« Depuis le début, nous accompagnons les soignants à travers des logiciels innovants qui facilitent la gestion des patients, des consultations et des finances », explique-t-il. Avec plus d’un million de praticiens utilisant leurs outils, et 90 millions de comptes patients dans quatre pays, Doctolib impacte profondément le système de santé.


L’hypercroissance : entre opportunités et défis

L’un des sujets phares de cet échange était l’hypercroissance de Doctolib. Vergnes revient sur cette notion avec pragmatisme : « L’hypercroissance, ce n’est pas seulement une question de chiffre d’affaires ou de croissance annuelle à 40 %. C’est une croissance qui vous déséquilibre, qui va plus vite que vous ne pouvez l’anticiper. »

Ainsi, Doctolib double ses effectifs chaque année, ce qui engendre des défis logistiques considérables. « Pour nous, hyper croissance, ça se traduit aussi par beaucoup d’anecdotes » confie-t-il : « Par exemple, j’ai dû réserver des bureaux quatre ans à l’avance dans un bassin d’emploi difficile. Si nous ne l’avions pas fait, nous n’aurions pas eu d’espace pour croître ».

Et parmi les anecdotes marquantes, Pierre Vergnes raconte comment lors de la première annonce présidentielle sur l’obligation vaccinale, le site de Doctolib s’est effondré sous la charge. « La troisième fois, nous étions prêts. Ce jour-là, Doctolib a eu plus de trafic que les GAFA en France. C’est ça, l’hypercroissance : tout arrive d’un coup », se souvient-il.


Un parcours singulier vers la finance de l’hypercroissance

Avant de rejoindre Doctolib, Pierre Vergnes a occupé des postes dans des banques et cabinets de conseil, mais l’univers des start-ups lui était nouveau. « J’ai toujours eu envie de faire de l’entrepreneuriat et c’est ce que m’a offert Doctolib. Alors je venais d’un monde où la finance était centrale, tout le monde avait une éducation très forte en finance et où un « non » suffisait à stopper un projet », explique-t-il. Mais chez Doctolib, tout est différent. « La finance n’est pas l’intérêt premier de la société. La priorité, c’est le business. Il faut savoir être humble et adapter ses process en conséquence. »

Vergnes admet que la culture start-up, marquée par des équipes très jeunes et éloignées des standards financiers habituels, a nécessité une adaptation. « Je devais expliquer des concepts de base comme les stock-options, ce qui demande beaucoup de pédagogie », raconte-t-il.

«Et il faut accepter que des savoir-faire financiers, classiques, benchmark, etc, ne sont pas toujours adaptés non plus ce type de société ». L’un des défis financier a résidé notamment dans la gestion du budget et du planning, la croissance rapide de l’entreprise rendant difficile la planification budgétaire à long terme avec des prévisions rapidement obsolètes.

Cette vitesse de croissance perturbe les processus financiers classiques, notamment le contrôle de gestion, nécessitant une réinvention des méthodes de travail. Il souligne que les approches financières traditionnelles ne sont pas toujours adaptées à une entreprise en forte croissance, où de petits ajustements peuvent entraîner des changements majeurs de direction.


Un conseil au CFO

« Dans le périmètre financier strict, il n’y a pas grand chose qui va mettre au défi un CFO expérimenté, qui aurait quinze ans dans une ETI.
La très grosse différence, je pense, c’est la rapidité. Ça va très vite, il faut suivre tout le monde. Et aussi, il y a cette ambition sur le business qui est vraiment extrêmement prégnante ».

La rentabilité à l’horizon 2025

Interrogé sur la rentabilité de Doctolib, Pierre Vergnes reste confiant. « Nous avons toujours repoussé la rentabilité pour favoriser l’expansion et les investissements à l’international. Mais les fondamentaux sont solides, et nous prévoyons d’être rentables d’ici avril 2025 », annonce-t-il.


Des défis futurs, un marché en mutation

En conclusion, Pierre Vergnes évoque les défis futurs de Doctolib. « Le secteur de la santé, même s’il est porteur pour nous, est en crise, même dans des pays développés. Nous devons aller vite pour soutenir ce système. En tant que société technologique, nous explorons des solutions LLM, axées sur le langage, car le diagnostic médical repose principalement sur la communication entre soignants et patients », précise-t-il.

« On imagine un futur où le praticien n’a pas besoin de toucher son ordinateur et aussi, où il a finalement un assistant qui vient vérifier les antécédents, toute la consultation retranscrite, mais pas juste retranscrite au sens transcript du terme, mais y compris avec les aspects médicaux capturés et mis au bon endroit comme une aide au diagnostic.

L’avenir s’annonce donc tout aussi dynamique pour Doctolib, avec près de 1000 personnes en R&D, 200 en data, des innovations à venir notamment en IA qui devraient encore renforcer sa position de leader dans le secteur de la santé numérique.

Propos recueillis par Sylvie NHANSANA, CFO & Partner de SERENA, et membre du Comité de Pilotage de l’Agora des Directeurs Financiers.

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