L’immobilier inclusif : handicap, mixité, diversité ?
Orange & PlanningStrat-Station
Le terme inclusion, mis désormais à toutes les sauces, est désormais de plus en plus utilisé pour promouvoir des projets immobiliers et des projets liés à l’environnement de travail dit “inclusif”.
Alors que recoupe cette notion ? En quoi un projet immobilier peut-il être qualifié d’inclusif ? Quel intérêt d’ailleurs et quelle particularité pour avoir un immeuble inclusif ? Comment l’immobilier peut-il contribuer aux démarches « inclusion » de son entreprise » ?
Pour répondre à ces questions essentielles, Frédéricke Sauvageot, Directrice de la QVT du Domaine Immobilier et des Espaces de travail chez ORANGE et Chantal Garnier, Analyste Futur du travail à PlanningStrat-Station nous font un retour d’expérience sur leur engagement en matière d’inclusion à travers divers cas d’usage et notamment celui du Groupe Orange.
Chantal Garnier, consultante chez PlanningStrat-Station, fait de la veille stratégique, de la gestion de connaissances, de l’analyse sur le futur du travail des environnements de travail et communique régulièrement à travers sa newsletter Innovation & Future Of Work.
Elle intervient également sur des conférences et d’autres types de support à la demande des entreprises notamment sur les espaces de travail innovants, sur la partie hard de l’environnement de travail.
Frédéricke Sauvageot, Directrice de la qualité de vie au travail du domaine immobilier et des espaces de travail chez Orange, rattachée à la DRH groupe, s’intéresse particulièrement à l’évolution sociétale et à la mutation du monde du travail, notamment sur les nouveaux environnements de travail et les tendances en termes d’innovation managériale, en termes d’innovation technique servicielle mais aussi en termes d’accompagnement RH. Et évidemment, sur l’évolution de la coque et de l’immobilier du bâtiment en lui-même, un lieu de travail qui devient une réelle ressource.
Lionel Cottin : Pouvez-vous nous définir cette notion d’immobilier inclusif ?
Frédéricke Sauvageot : C’est concevoir un bâtiment, des espaces, des solutions, des outils, des services qui soient accessibles et utilisables à la fois par des personnes en situation de handicap – moteur, visuel, neuro-atypique – mais aussi par le plus grand nombre. C’est concevoir un environnement pour tous et pour chacun et c’est vraiment travailler sur cette facilité d’accès, de fluidité, de moins d’efforts physiques pour l’ensemble des collaborateurs… même hypersensibles ou introverties qui parfois, ont besoin de trouver l’espace qui va permettre d’abaisser leur charge mentale…
C’est un vrai sujet de justice sociale et d’équité au moment où l’on parle d’hybridation dans un monde du travail qui est en plein évolution, où il y a des mutations à la fois en distanciel mais aussi en physique où l’on développe l’environnement dynamique…
L’inclusion doit être pensée by design et commence dès le schéma directeur immobilier…
Chantal Garnier : L’immobilier inclusif, cela vient du secteur résidentiel parce qu’en fait, l’immobilier inclusif, ce sont les logements sociaux par exemple, les logements intermédiaires ou même les résidences senior.
Appliqué à l’entreprise, c’est savoir accueillir les collaborateurs les plus fragiles selon différents critères : le plus évident est la condition physique avec les handicapés mais aussi les conditions psychologiques.
On parle beaucoup de neurodiversité, de neuro-atypisme (dyspraxie, dyslexie, TDAH – trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité – autisme). On parle aussi de stress, de burnout. Comment on va l’intégrer dans une entreprise. Et puis, évidemment, l’âge, le genre.
Et de nouveau critères apparaissent comme le statut des freelances. De plus en plus d’entreprises les utilisent et ils sont plus précaires, plus fragiles que les salariés. Donc, comment les intégrer ?
Pareil pour le lieu d’habitation. Comment l’immobilier va-t-il s’adapter à ces gens partis en région, au travail hybride ? Egalement, si l’on n’est pas en présentiel, on peut avoir une différence, une fragilité aussi par rapport aux autres. Donc, comment l’entreprise va-t-elle intégrer tout cela ?
Puis, j’ai une deuxième acception. Un immobilier inclusif par définition n’est pas exclusif. C’est un peu une lapalissade mais cela veut dire potentiellement qu’il est capable d’ouverture et d’accueillir au-delà des collaborateurs : du grand public au sens très large, des voisins, riverains mais aussi des gens qui sont intéressés pour profiter des espaces de l’entreprise, qu’ils soient fragiles ou non…
Un des Cahiers de tendances de Bouygues Construction a par exemple calculé que le taux d’utilisation d’un immeuble de bureau sur l’année est de 33 %, si on enlève le mois d’août, les week-ends, la nuit. On pourrait même enlever aujourd’hui, le vendredi…
L’immobilier inclusif est multi-usages, multi-usagers…
A suivre, les cas d’usage :
Par Frédéricke Sauvageot : l’inclusion dans le groupe Orange – Le séminaire Handi Cap’ Immo. Prise en compte de l’inclusion en amont du projet immobilier, l’accessibilité PMR, l’accompagnement de situations humaines sensibles, le programme Neuroteam dédié à la prise en compte de la neurodiversité en entreprise.
Par Chantal Garnier : L’inclusif by design ; les cas de Métal 57 par BNP Paribas Real Estate, la Google Campfire, le coworking chez Lazare, Morland Mixité Capitale, le Corpoworking de Mobivia.
Propos recueillis par Lionel Cottin, Directeur de la rédaction d’ANews Workwell – Agora Medias.