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Loi PACTE, entreprises à mission? comment conjuguer éthique et capitalisme ?

Alors qu’une majorité de Français considèrent qu’une entreprise doit être utile pour la société dans son ensemble, avant même ses clients, ses collaborateurs et ses actionnaires, certaines d’entre-elles s’engagent désormais à restaurer le rôle créateur de l’entreprise dans la construction du progrès collectif et du bien commun.

Votée le 22 mai 2019, la loi PACTE relative à la croissance et à la transformation des entreprises pose également un nouveau cadre juridique pour l’entreprise dans le droit français. Elle introduit notamment la notion de « société à mission », modèle d’entreprise qui oriente le pouvoir de transformation des entreprises pour résoudre les enjeux sociaux et environnementaux du XXIe siècle ; ce, en liant capacité d’innovation et écoute active envers les parties prenantes.

Parmi les acteurs de ce changement de paradigme, Emery Jacquillat, Président de la Camif et de la Communauté des Entreprises à Mission.

Alors qu’est-ce que la Loi Pacte ? Comment devient-on une entreprise à mission ? Quel intérêt pour un actionnaire à ce que son entreprise devienne à mission ? Quelle changements dans l’entreprise ? Quelle dynamique aujourd’hui ?

Découvrez-le avec Emery Jacquillat qui a reçu le Grand Prix de la Personnalité de l’Année, remis lors du GRAND PRIX ESSEC Business School 2022 du COMMERCE RESPONSABLE.

loi-pacte-entreprise à mission
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Du matelas à l’entreprise à mission

Extrait de l’interview d’Emery Jacquillat

J’ai démarré mon entreprise à 24 ans, en 1995. J’ai commencé à vendre des matelas par internet assez tôt et puis, mon parcours d’entrepreneur a pris un tournant particulier en 2008 – 2009 quand j’ai décidé de quitter Paris pour aller m’installer à Niort avec ma famille et mon entreprise pour relancer la Camif.

La Camif, c’était une coopérative qui avait été créée en 1947 par des instituteurs qui se sont regroupés après guerre pour se rééquiper et qui s’est développée avec un modèle de vente par correspondance et puis qui a connu des difficultés au point de faire faillite en 2008.

J’étais convaincu qu’une grande marque surtout quand elle a des valeurs fortes, qu’elle bénéficie d’un attachement très singulier de la part de ses clients, ça ne meurt jamais. Alors, dans un élan entrepreneurial, j’ai décidé d’aller réinventer le modèle Camif et c’est ce qui nous a mis sur le chemin de comprendre très vite que la seule chance de réussir dans le projet, c’était de mettre un modèle d’impact positif pour le territoire, à Niort :

On a recréé des emplois, on a ouvert un centre de relation client, un centre logistique. Aujourd’hui on a près de 200 emplois à Niort et on a misé sur une proposition de valeur très différente, sur le made in France, la qualité, le durable à un moment donné où personne ne parlait de made in France.

Et puis, après, on a fait le chemin de l’entreprise à mission quelques années plus tard, à partir de 2013, avec la rencontre de chercheurs qui, pendant la crise financière de 2008, avaient théorisé sur la société à objet social étendu, convaincus que l’entreprise ne peut pas se limiter à être une boîte à partager des profits mais qu’elle a un vrai rôle, une vraie utilité dans la société et que l’on a un peu oublié tout ça. Ce qui a conduit à quelques dérives du capitalisme.

Alors, leurs travaux m’ont pas mal parlé et on a levé des fonds auprès d’un des tout premiers fonds d’impact qui s’appelle Citizen Capital et on a fait ce chemin avec eux : faire le cas d’école de ces travaux de chercheurs et les mettre en application.

Cela a pris deux ans et demi pour formuler notre raison d’être, notre mission et nous transformer finalement en entreprise à mission avec l’inscription statutaire en 2017 – de notre mission, de nos objectifs de mission et la création d’un comité de mission.

Et en 2018, force est de constater que ce travail, ce chemin, a vraiment accéléré la transformation du modèle Camif. Alors on a décidé avec quelques-uns, dont les chercheurs, de créer cette association qui est la Communauté des entreprises à mission pour offrir un cadre de partage aux dirigeants qui souhaiteraient rendre leurs entreprises plus contributives…

Interview réalisée par Julie GUÉNARD, General Manager de l’Agora des directeurs financiers et des directeurs achats et Frédéric KURT, Co-président de l’Agora des Directeurs Financiers.

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