GRANDS TÉMOINS

Charles Edouard Bouée : Les nouveaux Titans économiques & politiques !

Comprendre les révolutions économiques, technologiques et politiques, avec Charles Edouard Bouée, Associé cofondateur d’Alpha Intelligence Capital, auteur de “L’ère des nouveaux Titans : Le capitalisme en apesanteur” (Grasset, 2020).

“Après nous le déluge”… c’est en substance ce que nous explique Charles Edouard Bouée en référence à la Titanomachie, épisode de la mythologie grecque racontant la lutte entre les Titans, première génération de dieux menés par Cronos, face à Zeus allié aux Hécatonchires et aux Cyclopes.

Invité des Agora DSI/CIO et Assistantes de dirigeants, il évoque la crise du capitaliste, le nécessaire démantèlement et/ou réglementation des GAFA, le danger des titans géopolitiques, le besoin d’un nouveau narratif de sortie de crise… et quelles solutions pour la France.

Julien Merali : “Charles Edouard Bouée, vous êtes Associé cofondateur d’Alpha Intelligence Capital, fonds international de capital qui a pour vocation d’investir dans des sociétés d’intelligence artificielle, de machine Learning qui développent des technologies de pointe. Vous avez été CIO de Roland Berger (Cabinet de conseil de direction générale d’envergure internationale, d’origine européenne) et vous comptez plus de 20 ans d’expérience dans le conseil.

Expert chevronné dans la définition de stratégies

Vous êtes devenu un expert chevronné dans la définition de stratégies et de projets de réorganisation à grande échelle. Vous êtes spécialisé dans l’innovation disruptive, les nouvelles technologies, la transformation numérique et vous avez développé une expertise particulière en matière d’intelligence artificielle.

Vous avez vécu et travaillé dans cinq pays différents : la France le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne, la Chine et vous êtes auteur de plusieurs ouvrages sur le management moderne et la chine publiés en plusieurs langues. Votre ouvrage l’intelligence artificielle, la chute de l’Empire romain a été publié par Grasset en 2017 et vous venez de faire paraître donc votre dernier livre que vous allez nous présenter “L’ère des nouveaux titans”.

Julien Merali : Charles Edouard Bouée, comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre? J’imagine avant la période que l’on traverse.

Charles Edouard Bouée : Nous sommes fin 2017, la chute de l’empire romain a été publié en mars et je commence à voir qu’il se passe des choses ; on a le Brexit, on a eu Donald Trump qui a été élu il n’y a pas très longtemps, on voit que les acteurs technologiques explosent et je commence à regarder en me disant : il se passe quelque chose. Et au début, le titre c’était autour des nouveaux monstres et puis en regardant l’on voit que les titans est beaucoup plus efficace pour le sujet.

Le titre de mon livre était au départ “Les nouveaux monstres”.

Julien Merali : Et pourquoi avoir choisi ce terme Titan ?

Charles Edouard Bouée : Parce qu’en fait, quand vous reprenez l’histoire, la période des titans est une période qui était supposée être un âge d’or et qui a donné lieu à un déluge, à l’arrivée de Zeus et à l’ère des dieux. Donc, c’était ça la thèse ! Grasset avait commandité le livre début 2018, j’étais en retard, il me manquait la partie déluge et il est arrivé la Covid et donc, j’ai repris l’écriture.

Charles Edouard Bouée with French President Emmanuel Macron, Paris
Charles Edouard Bouée with French President Emmanuel Macron, Paris

Julien Merali : Dans votre livre, vous parlez de capitalisme en apesanteur, est-ce que vous pouvez nous définir ce terme ?

Charles Edouard Bouée : La gravité du capitalisme ce sont deux choses :  les taux, vous prêtez ou vous dépensez et ça c’est le principe de la cigale et de la fourmi. Je vous donne 100 euros aujourd’hui que j’investis et vous me rendrez 110 euros dans un an ou dans deux ans. Aujourd’hui les taux d’intérêt sont descendus à zéro, voire négatifs comme la Chine cette semaine.

Et ce qui fait la vélocité du capitalisme, c’est cette contrainte de temps, la valeur du temps, c’est le taux d’intérêt. Aujourd’hui première chose ; le taux d’intérêt étant très bas, la valeur du temps est complètement différente. Donc on est sur le fait que 100 euros aujourd’hui valent autant que 100 euros dans mille ans, avec un taux d’intérêt à zéro et donc la valeur du temps est nul et donc ça permet d’accélérer les processus. C’est un premier élément. Cela nous a mis dans une sorte apesanteur.

La gravité du capitalisme : ce sont les taux négatifs et les fake news !

Le deuxième élément du capitalisme dans sa gravité, quand on investit dans les entreprises dans lesquelles nous sommes, on regarde les faits. On regarde ce que les consommateurs aiment, ont regardé. Est-ce que la terre est plate ou est-ce qu’elle est ronde ?

Avec les Fake news, avec les réseaux sociaux, avec la nouvelle façon de regarder les faits, vous avez aujourd’hui 60 millions de personnes qui pensent que la terre est plate. 60 millions, c’est là un groupe de consommateurs qui pensent que la terre est plate. Vous avez des gens qui pensent que les vaccins à tort ou à raison sont dangereux, que la 5G va apporter des effets négatifs sur notre corps…  Donc le capitalisme d’aujourd’hui n’a ni les taux d’intérêt élevés pour donner de la gravité au temps, ni d’effets communément avérés et donc ces deux éléments mettent notre capitalisme en état d’apesanteur.

Charles Edouard Bouée au World Economic Forum
Charles Edouard Bouée au World Economic Forum

Julien Merali : Dans votre analyse, est-ce que cet état d’apesanteur est viable et peut continuer longtemps ?

Charles Edouard Bouée : Alors ce que je rappelle dans le livre, c’est qu’en fait, on pense que nous sommes dans une ère technologique et que c’est formidable.

La réalité, c’est que ce n’est pas le cas ! Nous sommes depuis la crise de 2008 dans une ère d’abondance de liquidités. Ces liquidités et ces taux d’intérêt ont fait que la technologie s’est accélérée.

On a donc créé ces titans technologiques qui normalement auraient dû créer un âge d’or.  La réalité, c’est que oui, ils ont créé un âge d’or. Ils ont permis à nous tous d’acheter plus facilement, de se faire livrer, de voir des vidéos, de jouer…

La réalité, c’est qu’en fait, au-delà de ça, ils ont commencé à attaquer nos modèles économiques, des modèles économiques traditionnels et le nombre de ces titans technologiques ne fait que de grandir. L’individu normal, vous, moi, en tout cas moi en particulier, voyant cette abondance de titans technologiques qui attaquent nos emplois, qui attaquent notre façon de vivre, a commencé à prendre peur. Et ça, c’est dans les dix dernières années.

Cette peur a engendré par incantations ou par vote, des titans géopolitiques que nous avons aujourd’hui à travers le monde. Qu’ils aient été élus ou qu’ils aient pris le pouvoir dans certains pays. Aujourd’hui, vous êtes dans un monde qui est avec des taux d’intérêt bas, une iniquité abondante qui va s’accélérer après la Covid et avec des titans géopolitiques et technologiques qui ne vont que grandir en nombre.

Charles Edouard Bouée avec le titan Mark Zuckerberg, Facebook
Charles Edouard Bouée avec le titan Mark Zuckerberg, Facebook

Du stress, de la peur, de la pression

Julien Merali : Alors justement, qu’est-ce que ce terme de titan géopolitique ou de titan politique ?

Charles Edouard Bouée : Le titan dans la Titanomachie, est un être qui contrôle un espace, une géographie, la terre, l’air, la mer… Il peut contrôler l’amour, la guerre ou d’autres éléments. Et chacun de ces titans a un espace de prédilection et des forces. Les titans technologiques opèrent dans le search, la recherche ou dans les réseaux sociaux ou pour acheter comme Amazon. Et les titans géopolitiques opèrent sur des territoires nationaux, dans les pays dans lesquels ils opèrent. Nous sommes dans un monde de Titans.

Julien Merali : Et ces titans technologiques ont donné du pouvoir à ces titans politiques !

Charles Edouard Bouée : Les titans technologiques ont permis, avec les réseaux sociaux avec les tweets, à des titans géopolitiques d’utiliser leurs outils technologiques ; on l’a vu avec Cambridge Analytica et d’autres influences qui ont été faites sur les votants. Et en même temps, ils ont donné du stress, de la peur, de la pression.

On se demande : quels emplois pour nos enfants ? Est-ce que j’aurai un emploi demain ?  Qu’est-ce que je fais avec mon épargne puisqu’elle ne rapporte plus rien ? Est-ce qu’épargner, ça vaut toujours ? Est-ce que je dépense ? Et donc dans cet univers-là, les gens prenant peur, ils vont être beaucoup plus ouverts à écouter le populisme ou le titan géopolitique qui lui-même à son outil technologique pour communiquer.

C-E.B with French Economics Minister Bruno Le Maire, WEF Davos
C-E.B with French Economics Minister Bruno Le Maire, WEF Davos

Julien Merali : Pourquoi vous ne donnez pas de solutions dans votre livre ? Est-ce volontaire ?

Charles Edouard Bouée : Je souhaite dans tous mes livres que le lecteur se forge une opinion sur ce qu’il se passe et expliquer le mécanisme qui a commencé en 2008 et qui fait qu’aujourd’hui, nous avons cette abondance de titans et que le phénomène va s’accélérer.

La covid nous a révélé un monde virtuel et nous a réduit – à part nous deux – en des 1 et des 0 transformés dans le net. Donc nous ne sommes plus dans des relations humaines mais des relations virtualisées.

On a vu que la consommation d’opiacés, de jeux et de mondes virtuels a augmenté d’une manière dramatique ces 12 derniers mois.

On a vécu aussi le revenu universel.  Pendant la crise du Covid, des Américains moyens ont gagné plus que s’ils travaillaient. C’est un peu différent en France.

On a aussi vu la liberté de se déplacer, de fonctionner.

On a testé pendant derniers mois, un monde révélé sous la houlette de nos amis titans.

Livres-Charles-Edouard-Bouée

La Covid a été une révélation du monde dans lequel nous vivions

Julien Merali : Mais où trouver des réponses ?

Charles Edouard Bouée : Alors il y a des réponses dans le livre qui sont assez explicites : la première, c’est que si nous ne faisons rien et ce qui s’est passé avec la Covid, ce sera un déluge. La Covid a été une révélation du monde dans lequel nous vivions.

On a eu la chance d’avoir les titans technologiques qui nous ont servis. Sans eux, nous ne serions pas là en train de faire ce Teams. Sans eux, nous n’aurions pas pu commander à distance. Sans eux, nous n’aurions pas pu échanger avec nos voisins et travailler ou même commander et regarder des films. Ce qu’ils nous ont révélé aussi, c’est que l’être humain était relativement fragile et qu’il y avait un écart significatif entre ceux qui avaient et ce qui n’avaient pas, ceux qui pouvaient et ceux qui ne pouvaient pas, ceux qui décidaient et ceux qui ne décidaient pas.

Cela nous amène naturellement vers un univers où l’être humain étant potentiellement dépassé, dominé par ces titans, on a un risque de violence – on l’a vu aux États-Unis, on l’a vu un peu en France avec les gilets jaunes.
On est en train d’avancer tout doucement vers un monde où si on continue comme ça à avoir d’un côté, la technologie, de l’autre, l’humain, on a un vrai risque de violences physiques.

Julien Merali : Alors justement, quel est l’impact du COVID sur ces titans ? Ça va les renforcer ?

Charles Edouard Bouée : Le covid a eu trois impacts :  le premier, c’est qu’il a accéléré la digitalisation de l’économie. On a été obligé de commander, on a été obligé de passer au digital ; certaines personnes qui ne croyaient pas au télétravail ont dû passer au télétravail.

La deuxième chose : on a déclenché une abondance de liquidités et on a poussé les taux d’intérêt vers le bas. Tous ces mécanismes qui avaient commencé en 2008 vont s’amplifier et s’accélérer. Donc, ça va nourrir la Titanomachie.

Et enfin, comme on est dans des mécanismes de taux d’intérêt négatifs, la valorisation de ces titans technologiques a explosé et va continuer à exploser et donc ils seront plus en plus puissants, de plus en plus prégnants.

Julien Merali : Est-ce qu’on n’est pas à l’aube d’une guerre civile ?

Charles Edouard Bouée : Si l’on regarde la Titanomachie, il y aura un déluge dans une forme à définir et il y aura besoin d’un nouveau monde.

Ce nouveau monde ne sera pas une réforme du capitalisme qui existe depuis 2 000 ans, donc il ne sera réformé.

Par contre, on a tous collectivement besoin de travailler sur un narratif de sortie, un narratif pour les humains, sinon on va aller vers une violence physique puisque comme le dit Isaac Asimov, la violence est le dernier refuge de l’incompétence. Je ne dis pas que nous sommes tous incompétents mais nous sommes en train d’être dépassés par l’abondance de technologie.

Nous ne savons pas quoi faire, où investir, quoi étudier, comment se positionner, que faire pour nos enfants, nos parents, et donc on va se mettre en position d’incompétence petit à petit et donc naturellement, le risque, c’est la violence et donc il faut trouver très vite des solutions.

Julien Merali : Est-ce que les lois antitrust sont applicables à l’économie du numérique ?

Charles Edouard Bouée : Tout à fait! Les lois antitrust ont fait un travail formidable par le passé. Elles ont démantelé AT&T, elles ont attaqué les Microsoft… Là, en ce moment, on attaque les GAFA, ces géants technologiques. Je vois deux problèmes ; c’est très bien de faire ça mais si on attaque le passé.  Et deuxièmement, le nombre de titans technologiques étant en augmentation exponentielle, le travail de la commission va être exponentielle. Donc le vrai sujet, ce n’est pas s’occuper des titans du passé, même s’il faut le faire, c’est de comment on régule et on travaille avec les titans du présent et du futur.

Julien Merali : Pensez-vous que l’on doit aller sur un démantèlement ? Et est-ce possible ?

Charles Edouard Bouée : Le démantèlement des titans est un sujet intéressant mais c’est un sujet du passé. Il faut les réglementer, il faut éviter les abus. Le vrai sujet pour moi, c’est ce que j’ai écrit dans le livre, c’est comment on construit le futur. Et ce n’est pas en démantelant le passé que l’on construit le futur.

Julien Merali :  Je vais passer aux questions des internautes des clubs des Assistantes de dirigeants et des DSI qui sont avec nous…
Quelles issues pour le monde moderne à court et moyen terme ?

Alors la bonne nouvelle quelque part, c’est que l’on a ouvert les vannes des taux d’intérêt négatifs, à zéro et qu’il est très probable que cela va continuer. Parce qu’en fait, personne aujourd’hui n’a intérêt à remonter les taux.
Le principe économique de macro économie traditionnelle, c’est de dire :     ” je baisse les taux pour libérer l’économie, l’économie se remet en route, l’inflation repart “. L’inflation dépasse les 2%, je remonte les taux d’intérêt. La réalité c’est que nous sommes depuis maintenant 50 ans dans une pression technologique déflationniste.

Et les mécanismes que j’ai décrit ne vont que mettre une pression déflationniste sur les prix. Il est vraisemblable que les prix à la consommation ne vont pas augmenter et que les taux d’intérêt vont rester bas. Les États n’ont aucun intérêt à monter les taux parce qu’aujourd’hui ils empruntent à taux négatif et donc ils vous empruntent 538 millions et ils vous rendront 500 millions dans dix ans.
Un très bon deal !

Les géants technologiques n’ont aucun intérêt à ce que les taux d’intérêt remontent puisqu’aujourd’hui, on peut financer un projet pour aller sur Mars, même si on ne sait pas aujourd’hui si les gens peuvent vivre sur Mars.

Donc vous êtes dans un univers où les taux d’intérêt vont rester bas et le système va continuer à s’alimenter. La vraie question c’est ; qu’est-ce qu’on fait avec cet argent ? Est-ce qu’on l’utilise pour faire du revenu universel qui est une solution évoquée et ça c’est du court terme et c’est une gestion de la transformation.

Est-ce qu’on l’utilise pour transformer notre société pour rendre la France plus verte, pour rendre la France technologiquement plus en avant, pour moderniser notre État et ça, on a une fenêtre de tir de dix ans que l’on peut utiliser.

Participant-Choose-France-Summit-Versailles

Julien Merali :  Je repose ma question sur les taux négatifs : dans 50 ans, est-ce que c’est quelque chose qui pourra continuer sans exploser à un moment donné d’un point de vue économique ?

Charles Edouard Bouée : Pour que ça explose, il faut que le système perdre confiance. Aujourd’hui l’ensemble du système est basé sur la confiance. Nous n’avons plus d’étalon or, donc on ne peut pas dire que la masse monétaire est corrélée à une masse physique. Donc il n’y a aucune limite à la masse monétaire et les taux d’intérêt négatifs, c’est extrêmement paradoxal.

Je pense que personne dans ce “Teams” ne peut comprendre le sujet.

Je vous conseille et c’est ce que j’ai fait il y a un an exactement dans un avion, sur un Paris-Shanghai, j’ai pris une feuille excel et j’ai fait le calcul de ce qui était la taille des taux d’intérêt négatifs.

Je vous donne un exemple qui est aussi dans le livre : si vous êtes sur un profil d’investissement classique et que vous êtes à taux d’intérêt zéro, la somme de l’argent que vous me donnez que je vous rend, c’est l’argent que vous avez gagné.

Si vous êtes sur de l’intérêt à 10%, vous allez me dire: “monsieur Bouée, vous êtes gentil, je vous prête 100 euros, si vous ne me rendez pas à 130, 140 euros dans quelques années, ce n’est pas possible”. Moi je vais dire : “non, il me faut beaucoup plus d’argent” et donc en fait vous allez être prêt à me donner moins d’argent. Vous allez me donner 40 euros pour pouvoir faire mon projet. Quand les taux d’intérêt deviennent négatifs, ce n’est pas 40 euros que ça vaut, c’est 400 euros ! C’est-à-dire que les 100 euros que je vous rendrai dans 1 000 ans valent 400 euros aujourd’hui.

Alors si le truc est accentué – je suis encore plus fou – je ne vous demande pas 100 euros mais 1 000 euros. Mais 1 000 euro vaudra 1 800 euros et les 1 000 euros à taux d’intérêt normaux, à 10 % dans l’ancien monde, valent moins quelque chose. Donc vous n’allez jamais me donner 1 000 euros.

Donc il y a 10 ou 20 ans, je vous aurais demandé un milliard d’euros pour aller sur la lune ou sur mars, vous m’aurez dit : “monsieur Bouée, vous êtes très sympathique mais retournez dans votre cave !”

Aujourd’hui, vous allez me dire : je ne vous donne pas 1 milliard, je vous en donne 2. Donc c’est ça, les taux d’intérêt négatifs : un changement total de paradigme, une traversée du miroir qui fait que ça va changer les comportements. Et cela a déjà changé les comportements. On le voit sur le Nasdaq !

Julien Merali : Et quelle est la part du secteur public et du secteur privé dans la quête de solutions ?

Charles Edouard Bouée : On a des titans technologiques et des titans géopolitiques, donc la solution elle est à la fois autour de l’entreprise et des États.

En fait, le phénomène a commencé en 2008 ou 2009, suite de la crise financière. On a voulu se protéger d’une crise à la 1929 et cela nous a mis dans une autre situation qui n’est pas une situation qui est mauvaise mais dans une situation de Titanomachie.

On ne pourra la résoudre que si on travaille à la fois sur nos titans géopolitiques et sur l’État et rassurer nos concitoyens sur le monde de demain, pour leurs enfants, pour eux, pour leur retraite. Et qu’en même temps, on a traité des titans technologiques parce que s’ils sont tous étrangers au territoire européen, c’est très compliqué de les gérer : parce qu’en fait, ils sont potentiellement plus alliés de titans géopolitiques américain ou chinois que d’un titan géopolitiques français et européens.

Julien Merali : Et selon vous quelle est la place aujourd’hui de l’Europe, de la France au milieu de ces titans américain et chinois ?

Charles Edouard Bouée : Je l’avais écrit dans le livre précédent et dans Confucius et les automates l’avenir de l’homme dans la civilisation des machines où l’éditeur Olivier Nora voulait un chapitre sur la France. Le livre a été publié en 2014.

Pour gagner la bataille du futur, il faut travailler sur ses forces. Et les forces françaises, c’est le domaine mathématiques et physique, mathématiques appliquées. On est très fort et on voit bien que dans les grandes boîtes informatiques, dans des grands groupes technologiques, il y a beaucoup de français.

La santé où on a eu un avantage compétitif qu’on a perdu et surtout tout ce qui est le loisir puisque dans le monde de demain avec du revenu universel ou d’autres formes de revenus, les gens auront besoin de temps pour le loisir et du loisirs réel. Donc nous avons, la France, trois atouts ; potentiels mathématiques et technologique, intelligence artificielle, potentiel sur la santé, potentiel sur être le lieu où les gens vont prendre du plaisir à manger, vivre et avoir un engagement physique.

Julien Merali : Merci Charles Edouard Bouée pour ses réponses et cette présentation du livre « L’ère des nouveaux Titans, le capitalisme en apesanteur.

Propos recueillis par Julien Merali : General Manager IT – Agora Managers
26 novembre 2020, Agora DSI & CIO – Agora des Assistante de direction

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