MOBILITÉ - FLOTTE AUTO

Covid-19 : Quels impacts observés dans un logiciel de gestion de flotte ?

Quels sont les apports d’un logiciel de gestion de flotte en temps de pandémie et de télétravail ? Quels enseignements et quelles leçons peut-on en tirer pour l’avenir ? Comment un logiciel d’agrégation de données accompagne à la fois le gestionnaire de flotte et le directeur financier ? Comment GAC Technology accompagne ses clients dans la renégociation de leurs avenants ?… Avec l’expertise de Matthieu ECHALIER, Directeur Associé de GAC TECHNOLOGY et le retour d’expérience de Christophe WARIN, Responsable Gestion de Parc véhicules de BOUYGUES CONSTRUCTION.

Interview réalisée par Christophe Bourroux, journaliste – Agora des Responsables de Flottes Automobiles

Christophe Bourroux : Quel est l’apport d’un logiciel de gestion de flotte face à la crise ? Et quels sont les premiers bilans et impacts des confinements sur la flotte et sa gestion ? 

Matthieu ECHALIER, un rappel de GAC TECHNOLOGY ?

C’est une société éditrice de logiciels d’agrégation de données et de création tableau de bord de monitoring – des fonctionnalités de commandes de véhicules notamment – logiciel qui a vocation à aider à accompagner le gestionnaire, le directeur financier, le responsable RSE, à obtenir les informations qu’ils cherchent en temps, en heure et de la meilleure façon possible.

Constat sur le premier confinement:

GAC TECHNOLOGY

  • Accompagnement dans la renégociation de la prolongation en masse des avenants.
  • Accompagnement dans la prise en main pour les gestionnaire des outils de monitoring (prises de carburant, péages, horaires de connexion des collaborateurs…).
  • Chute de -67% de la consommation d’essence d’avril versus février. Même tendance dans les graphiques de maintenance, d’infractions…

BOUYGUES CONSTRUCTION

Même constat chez Bouygues qui était déjà en mode Saas depuis janvier en raison d’une cyberattaque. -80% de prise de carburant de février à avril et chute brutale des infractions mais une remontée spectaculaire en juillet.

Constat sur le deuxième confinement :

GAC TECHNOLOGY

Matthieu ECHALIER :  Situation stable, que ce soit sur les commandes, les sinistres, les maintenances, la consommation, le litrage consommé – on est 25 millions de litres consommés mensuellement grosso modo sur des mois nominaux, en janvier et en février par exemple – et on est donc descendu à 12 millions en avril. Depuis le mois de juillet, on est revenu à 25 millions. Les infractions sont revenues au niveau de janvier-février. Les commandes sont revenues sur les moyennes de janvier-février et on ne voit pas d’inflexion. Même si on n’a qu’un mois de recul, on ne voit pas d’inflexion.

Christophe Bourroux : Est-ce que vous pensez que cette cet épisode va verdir la flotte, la rendre plus écolo ?

Matthieu ECHALIER : Je vais être un peu trivial mais cet épisode nous a donné un petit coup de pied au cul dans quelque chose qui était déjà en mouvement. Au sein de l’ARFA (Agora Responsable Flotte Auto), il y a souvent ces échanges, notamment de faire évoluer nos car policy et on a constaté des prises d’actions.

On a suivi le nombre d’introductions de véhicules « verts » dans une car policy tous les mois versus le nombre d’introductions de véhicules dits à énergie fossile. En 2019, la moyenne des véhicules dits propres était de 12% en moyenne. En 2020, ce quota est monté à 26 % à l’hiver pour monter au mois d’octobre à 47 %.

C’est une vraie révolution qui est tangible, acquise et qui se traduit par nos chiffres. On a une courbe qui est juste magnifique. Ce ne sont pas des paroles d’acheteurs, ce sont des choses que l’on constate dans les car policy de nos clients. On a mis dans ce que l’on considère vert, l’électrique et tous les hybrides et en face, on a mis les diesels et les essences.

Christophe WARIN : En 2019, on n’avait qu’un véhicule électrique de disponible pour une solution de crédit mobilité. En 2020, dans la car policy, nous avons introduit des véhicules hybrides rechargeables et des véhicules électriques. Non seulement nos collaborateurs nous remercient mais ils se posent aussi la question sur le réel besoin d’un gros véhicule en semaine, notamment en ville. On est passé du mode de l’intention à l’achat et nos PHEV (Plug-in Hybrid Electric Vehicle) sont livrés.

C’est une demande de la gouvernance qui veut verdir le parc et diminuer l’empreinte carbone à l’horizon 2030. Et c’est une demande de nos collaborateurs auprès des RH d’avoir des véhicules utilitaires électriques.

Christophe Bourroux : En quoi l’apport de votre outil face à la crise a-t-il été judicieux ou pas ?

Matthieu ECHALIER : Déjà il indique l’empreinte carbone demandée par les gestionnaires et n’oublions pas que l’année 2020 a été l’année d’activation du WLTP (Worldwide Harmonized Light Vehicles Test Procedure). Cela a été un tracas juste phénoménal pour chacun d’entre nous pour calculer la TVS (taxe sur les véhicules de sociétés), ou ce qui change en fonction des galeries, en fonction de la peinture du véhicule… Vous imaginez ! Et on a bien vu l’Etat repousser la mesure pendant 18 mois.

Donc ce genre de service était complètement indispensable pour couvrir ce genre de nouvelles normes. On a introduit des petits indicateurs sur les empreintes carbone et on est en train de finir la conception d’un module de gestion de vélos. On a eu des demandes sur des extensions de suivi de co2 sur des poids lourds. On a eu un très gros et très beau chantier de modules de covoiturage pour inciter des collaborateurs dans l’administration publique. Mais beaucoup de nos clients sont également demandeurs et beaucoup raisonnent sur un parc partagé.

Christophe Bourroux : Covoiturage, même avec la Covid ?

Matthieu ECHALIER : Nous ce que l’on voit, c’est quelques acteurs qui font gonfler leur parc de covoiturés et qui diminue du coup le parc à louer. Les parcs globaux diminuent. Après, au niveau de l’usage, cela démarre doucement. Vous savez très bien que chacun d’entre nous préfère posséder son véhicule.
Pour aller dans véhicule partagé, il faut qu’il y ait une incitation forte, il faut qu’il y ait une obligation, il faut qu’il y ait des retraits de véhicules qui soient à louer.
Donc le retour d’expérience que j’ai pu avoir avec un de mes grands comptes, c’est un programme de change management, c’est un accompagnement des conducteurs sur plusieurs années.
Donc le logiciel permet des fonctionnalités : on permet à nos conducteurs qui émettent le souhait de prendre un véhicule partagé, de repérer ce qui dans la base de données, de quelqu’un qui fait le même trajet à la même heure et on lui propose à ce moment-là de covoiturer. Voyez, c’est de l’incitation au covoiturage.
Si à la fin, il n’y a personne qui fait le trajet demandé, à ce moment-là, on l’envoie sur un véhicule partagé. Donc on donne les moyens. Après, le logiciel ne fera jamais tout. Il faut que l’humain bascule, qu’il soit incité.

Christophe Bourroux : Christophe WARIN, en quoi l’apport de l’outil GAC vous a-t-il été utile face à la crise ?

Christophe WARIN : Nous avons eu un grosse campagne de prolongation de véhicules.

Le parc Bouygues représentent à peu près dix mille véhicules, alors comprenez, lorsqu’on doit faire dix mille modifications de contrats c’est très difficile si je dois le faire la main.

Du coup, pendant cette période, on a pu analyser un kilométrage à un instant T qui nous a permis de pouvoir avoir un état de parc propre et demander auprès de loueurs des modifications de contrat.

Donc on a pu faire cette opération et grâce au logiciel, on n’a pratiquement rien fait. Le fichier d’export est parti chez GAC et GAC l’a intégré directement dans notre base de données sans que l’on fasse quoi que ce soit.

Donc oui, ça nous a aidés et ça nous aide au quotidien avec les collaborateurs, pour leur suivi de livraison, pour leur passage de commandes parce que même pendant de confinement, les collaborateurs voulaient savoir quand est-ce que leur véhicules allaient arriver. Donc on a pu les accompagner. Et il y avait quand même des infractions donc on était toujours sur le pied de guerre.

L’outil nous a vraiment aidés à continuer notre travail qui est de la gestion de parc au quotidien auprès de nos clients internes.

Christophe Bourroux : Matthieu ECHALIER, de ce que vous avez appris de cette période, avez-vous changé des choses dans votre logiciel ?

Matthieu ECHALIER : Il y a eu des belles évolutions sur l’appli mobile pour être toujours au plus près du conducteur.  Il y a tout un pan qu’on est en train de développer pour que nos clients puissent se projeter, que ce soit en matière de transition énergétique ou en matière de sinistralité.

En fait, les gens se sont posés et ça tombe bien parce que nous, on avait amorcé ce projet de pouvoir vous donner des chiffres, de pouvoir vous donner des conseils, de pouvoir vous donner des axes de référence, de pouvoir se comparer.

Vous le savez, mais on a 300 000 véhicules gérés dans notre base de données et un peu plus de 200 clients. Donc on est en train de développer tout un tas de modules qui vont permettre à chacun de nos clients d’analyser et comprendre son parc de la façon la plus fine sur les use case de la sinistralité et de la transition énergétique.

Deuxième module, me comparer. Me comparer par rapport à des parcs de même taille, de même secteur d’activité, des parcs de même typologie de marque.

Donc je vais pouvoir me comparer sur des durées, sur des sinistralités, sur des actions suite à un accompagnement.

Et puis identifier ! il y a tout l’identification pour la transition énergétique. Quels sont les véhicules qui peuvent switcher de mode?

Enfin c’est la prédiction ! C’est encore quelques années de travail mais on commence à avoir des petits modules. L’intelligence artificielle nous aide à prédire, à aider nos clients, à prédire par exemple les évolutions fiscales, l’évolution sur les prix carburant et donc l’impact sur le budget.

Ce sont des sujets que l’on a ouvert, qui sont loin d’être simples parce qu’ils sont au coeur d’une multitude de paramètres mais on a constitué une équipe autour de la data.

Christophe Bourroux : L’entretien sur de l’électrique, c’est 10 – 15 %  en moins que sur un véhicule thermique. Est-ce que ça vous pouvez prédire que l’on va faire des économie ? 

Matthieu ECHALIER : C’est la puissance de l’intelligence artificielle qui va détecter et travailler sur les données de nos clients mais également des données qu’on achète à l’extérieur, des données publiques que l’on consolide… L’ensemble de ces données vont nous permettre de voir quel parc est en avance par rapport aux autres, selon un déploiement d’un véhicule ou selon au contraire un autre qui est en retard, quelle est l’incidence sur sa sinistralité, sur sa transition énergétique.

Christophe Bourroux : Christophe WARIN, quel est l’état de votre parc ? Les véhicules roulent-ils ? Comment se passe leur entretien ? 

Christophe WARIN : Les véhicules ont toujours continué à circuler, à part sur le premier confinement. Sur le deuxième confinement, on ne voit pas du tout de différence grâce aux distributeurs et aux constructeurs qui sont restés ouverts. Nous avons simplement accompagné nos collaborateurs sur la nécessité de l’entretien du véhicule (révision, pneu, essui-glaces, huile, contrôle technique…). Je touche du bois mais aujourd’hui, je n’ai pas eu de casse moteur ou de problèmes de freins parce qu’il n’y avait eu de révision.

Christophe Bourroux : Est-ce que la non utilisation de voiture à amené les responsables de flotte à repenser d’autres modes de transport ?

Matthieu ECHALIER : On a eu quelques demandes éparses ou anecdotiques sur le crédit mobilité. Le fameux module vélo vient de plusieurs de nos clients qui ont des vélos.

Après je vais tout à fait honnête, ce sont des petits gadgets. Bien sûr, il faut avoir ces alternatives, il faut qu’un logiciel puisse répondre. Mais grosso modo, 90% d’entre nous ont besoin de véhicules selon différents modes : on peut les partager etc. Ils peuvent avoir des énergies différentes… Mais nous, en tant qu’éditeur de logiciels, le service que l’on nous demande, c’est de vous aider à gérer 200, 3000 ou 10 000 véhicules, les commandes, les livraisons, les entretiens, d’avoir du monitoring, d’avoir du reporting.

Christophe Bourroux : Quels enseignements retenez-vous de cette crise en tant que professionnel ?

Matthieu ECHALIER : C’est cette rapidité d’adaptation de la semaine du 17 mars ! Tout le monde a basculé dans un mode qu’on ne connaissait pas, dans un nouveau mode de travail et ça s’est bien passé !

Et quand je vois qu’au mois d’octobre, on a autant de production de véhicules à énergies fossiles que de véhicules verts dans les Car PO moi j’applaudis. Je dis ; « ça y est on a gagné une partie de la bataille »

Christophe WARIN : Je rejoins Matthieu sur ce qu’il vient de dire. Ce confinement nous a permis de réfléchir à l’après, sur la loi LOM (Orientation des mobilités) qui arrive début 2022.

On a pu prendre un peu de recul pour se demander ce que l’on doit faire, pour verdir notre parc. Ça nous a permis d’avoir des expertises, des expériences de chacun, de se réunir en atelier pour avancer et pour être prêt à pouvoir apporter à nos collaborateurs une solution verte.

Donc c’était une très bonne chose !

Christophe Bourroux : Quelles sont les questions qui reviennent assez souvent et quels conseils donneriez-vous ?  

Matthieu ECHALIER : Les gens ont compris que le logiciel n’était pas qu’une boîte pour faire plaisir au gestionnaire, parce qu’il avait demandé son logiciel depuis trois ans et qu’il mette Excel à la poubelle.

Les gens ont compris que des outils comme les nôtres pouvaient consolidés bon nombre de données et pouvaient au final avoir un bon retour sur investissement.  C’est-à-dire que l’on peut faire ses analyses d’empreinte carbone qui évoluent ou d’analyse de Car Policy qui évolue dans le temps…

Je conseille aux membres de l’ARFA de s’équiper de ces logiciels, le nôtre ou celui de nos concurrents. Je crois que la preuve vient d’en être faite. Ce n’est pas juste pour faire plaisir à un gestionnaire !

Christophe Bourroux : Est-ce que le parc va devenir vert très vite ou cela va prendre plusieurs années ?

Matthieu ECHALIER : Je pense que l’on a eu un bon coup d’accélérateur grâce à ce super virus qui nous aura fait du bien de ce point de vue-là, en plus d’avoir éclairci nos ciels.

Mais depuis treize ans que je traîne mes basques dans ce secteur-là, je constate qu’il y a une sacrée inertie et un problème d’énergie. Ça va quand même continuer à prendre du temps.

Christophe Bourroux : Et chez Bouygues ?

Christophe WARIN : Ça s’est accéléré mais cela va quand même prendre du temps. Ce qui est plus compliqué à gérer, ce n’est pas le véhicule mais les infrastructures et les recharges. La question est où je charge ? Même si l’Etat annonce 100 000 bornes supplémentaires fin 2021, on attend de voir. Aujourd’hui, on voit que Total a reporté la gestion des bornes Autolib sur Paris. On attend plus de réponses des opérateurs.

Christophe Bourroux : Et qu’en est-il de la gestion des hybrides ? On sait que l’on a une autonomie et du coup on ne recharge pas. On consomme donc plus, on pollue plus.

Christophe WARIN : On a déjà commencé à identifier une population de collaborateurs qui peuvent en bénéficier. Ce sont des véhicules d’une gamme assez importante, franco-français oblige, des véhicules qui peuvent être assez cher, donc on va toucher une population dite premium et après on va les accompagner.

On regarde leur loi de roulage et on leur fait signer une charte pour qu’il puisse rouler cinq jours sur sept en 100% électrique et en laissant le week-end en thermique pour qu’ils puissent aller à leur maison de campagne ou aller voir la famille en région.

Christophe Bourroux : Donc c’est un engagement de la part des collaborateurs ?

Christophe WARIN : Exactement. Vous savez que l’on a une filiale Bouygues Energies & Services qui monte des bornes et on a donc avancé sur notre site principal à Saint- Quentin. On va poser 200 bornes avant le 31 décembre de cette année.

Donc, on avance mais cela va prendre un peu de temps pour que toutes les catégories de véhicules puisse avoir un hybride rechargeable.

Renault a commencé par le bas, Peugeot a commencé par le haut, à un moment donné, il faut que l’on puisse avoir une catégorie de véhicules pour chacun.

Merci messieurs.

Visio RETEX de l’ARFA sur la COVID 19 : Quels impacts observés dans un logiciel de gestion de flotte

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